Médiateur à l’extérieur, oppresseur à l’intérieur: Les deux visages de Macky Sall

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Dès son accession à la magistrature suprême et certainement pour avoir une côte de popularité sur la scène internationale, le Chef de l’Etat Macky Sall  se forge un bâton de pèlerin et la crise Ivoirienne lui donne un point de départ. Le président de la République entreprend aussitôt une médiation pour installer un dialogue entre le Front Populaire Ivoirien (FPI) du Chef de l’Etat déchu Laurent Gbagbo, l’Union des Nouvelles Générations (UNG) de Stéphane Kipré et du Rassemblement des Républicains d’Alassane Ouattara. Il entreprend le mardi 11 décembre 2012  des négociation qui ont duré trois jours au cours desquels il a échangé avec les concernés sur le développement de la vie politique en Côte d’Ivoire. D’aucuns qualifiaient d’ailleurs ces rencontres  de deal entre «Macky Sall, Blé Goudé et Stéphane Kipré». Mais quoi qu’il en soit, l’unique objectif du Président Macky Sall était de fluidifier les relations entre le pouvoir et l’opposition.

Macky SallDeux années plus tard, plus précisément en septembre 2015 survient la crise au Burkina Faso et Macky Sall en véritable sapeur pompier vole au secours du pays de Thomas Sankara. Il conduit au nom de la CEDEAO la médiation pour ramener les uns et les autres à de meilleurs sentiments. Et nombreux sont ceux qui ont salué la promptitude avec laquelle il a agi pour circonscrire le feu qui s’est emparé du pays des Hommes intègres. Ses propositions de dialogue et de réconciliation n’ont pas trouvé d’oreilles attentives mais toujours est-il qu’il a tenté d’arrondir les angles.

Au même moment et paradoxalement d’ailleurs,  le climat politique n’est pas des plus apaisés dans son pays sans qu’un dialogue politique ne soit amorcé. Et pourtant dans l’histoire du Sénégal, le dialogue a été le véritable facteur de la stabilité.

(From LtoR) Prime minister Habib Thiam, Senegalese President Abdou Diouf and Abdoulaye Wade, State minister in charge of African integration, pose for photographers during the official statement, on April 10, 1991, in Dakar. (Photo credit should read FRANCOIS ROJON/AFP/Getty Images)

Au cours de son règne, Abdou Diouf ne ratait aucune occasion d’inviter son principal opposant Me Abdoulaye Wade au dialogue, allant jusqu’à lui proposer des postes dans le gouvernement. L’objectif de cette stratégie politique était d’arriver à maintenir la stabilité dans le pays en mettant en avant le dialogue politique.

Une fois au pouvoir, Me Abdoulaye Wade a emprunté la même voie en appelant à chaque occasion l’opposition sur la table de négociation pour faire des compromis. C’est dans cette logique qu’il avait appelé l’opposition sur la table de négociations après les élections locales de mars 2009 dans le but de décrisper l’atmosphère politique.Abdoulaye Wade, Idrissa Seck

Mais lorsque survient le tour de Macky Sall, l’oppression est devenue la norme pour ne pas dire que toute les portes de la négociation sont fermées. En tout cas, ça en a l’air.

En effet, depuis son accession à la magistrature suprême, le chef de l’Etat Macky Sall impose la force pour faire passer sa volonté. Et cette posture lui a réussi jusqu’ici malgré les multiples dénonciations et manifestations de l’opposition. De la traque des biens mal acquis aux interdictions systématiques de tout rassemblement de l’opposition en passant par le renouvellement du bureau de l’Assemblée Nationale eet aux réformes effectuées dans le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale, les irrégularités ont fini par attiser la tension dans la scène politique. Et ce qui devait arriver arriva.ASSEMBLEE Pour la première fois de son histoire politique, le Sénégal a assisté à une scène de pugilat qui a pour cadre le parlement et mettant aux prises des…députés. Une situation imputable au pouvoir qui ne fait rien pour instaurer un dialogue avec ses opposants. Tout au plus, il les divise sinon il les matte. Et vraisemblablement, on ne semble pas donner la moindre importance aux appels au dialogue des chefs religieux jadis très respectés.

Peut être le Sénégal ne devrait pas rougir de son rang de 25e pays le plus pauvre du monde comme s’en bombe le torse le Premier ministre, mais notre pays devrait refuser de figurer parmi les pays qui font vivre l’enfer à leurs opposants. Et malheureusement, c’est le cas depuis la survenue de la deuxième alternance. L’adage dit bien charité bien ordonnée commence par soi-même et après tout “balaa nga laakh diaay, laakh lekk”. Donc, Mr le président, il n’est pas trop tard pour bien faire.

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