ME MOUSSA SARR, AVOCAT : « JUSQU’À PREUVE DU CONTRAIRE, CES RÉSULTATS PROVISOIRES SONT FONDÉS »

Dans cet entretien accordé à emedia.sn, Me Moussa Sarr, avocat au barreau de Dakar valide les résultats provisoires de l’élection présidentielle publiés par la commission nationale de recensement des votes. Selon l’avocat, la non-signature du procès-verbal par la représentante de la « coalition Idy 2019 » n’entache en rien lesdits résultats.


Comment analysez-vous les résultats provisoires publiés, ce jeudi, par la Commission nationale de recensement des votes qui donnent gagnant le président sortant au premier tour ?

Je prends acte des résultats. Nous sommes dans une élection et c’est le peuple souverain qui a décidé. Le peuple sénégalais est sorti en masse pour aller voter. Et depuis plusieurs années, c’est le taux de participation le plus élevé. Ce qui démontre l’intérêt de la population sur la chose politique et de la confiance prise par les populations. La commission nationale de recensement a examiné tous les procès-verbaux qui lui sont parvenus. Pour moi, jusqu’ à preuve du contraire, ces résultats provisoires sont fondés. Dans notre système électoral où tous les représentants des candidats sont membres de la commission nationale de recensement des votes, il n’est pas possible de truquer des résultats. Ce n’est pas possible dans notre système. Maintenant, il peut y avoir quelques petites erreurs qu’on peut corriger.

Les quatre candidats de l’opposition rejettent les résultats provisoires et décident de ne pas faire recours

Nous sommes en matière politique. C’est leur appréciation. Ils sont libres de rejeter les résultats et de ne pas faire recours. C’est une posture politique. Maintenant, dans une élection démocratique, la chose la plus importante, c’est le respect de la volonté du peuple. Et jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas encore vu d’arguments fondés, fiables, incontestables pour dire que le scrutin n’a pas été régulier, même s’il y a eu quelques dysfonctionnements. Ces dysfonctionnements ne sont pas de nature à remettre en cause la sincérité du scrutin.

La représentante de la coalition « Idy2019 » n’a pas signé le procès-verbal de la commission nationale de recensement des votes. Est-ce que juridiquement cela a des conséquences sur les résultats provisoires publiés ?

Cela n’aura aucune conséquence juridique sur les résultats. Elle pouvait signer le procès-verbal avec ou sans réserve. Mais, elle a boycotté le dernier jour des travaux. C’est sa liberté. Cependant, le fait qu’elle n’ait pas signé le procès-verbal ne remet pas en cause la validité des travaux de la commission nationale de recensement des votes. S’agissant des autres représentants de candidats qui ont signé le procès-verbal avec des réserves, le Conseil constitutionnel va examiner les réserves pour voir si elles sont fondées ou pas. Si elles ne sont pas fondées, il va les rejeter. Si elles sont fondées, il va en tenir compte au moment de la proclamation des résultats définitifs.

Quelle politique attendez-vous du président Macky Sall pour ce quinquennat ?

Ce qu’on attend du président de la République après ce vote, c’est de passer au travail. Nous sommes un pays extrêmement pauvre. Il y a plusieurs défis qu’il faut relever. Je pense qu’aujourd’hui, avec la découverte du pétrole et du gaz, nous avons l’opportunité de soulager, de remettre le Sénégal sur les rampes de l’émergence. Si ces ressources sont utilisées à bon escient. Donc, le chef de l’Etat doit créer les conditions pour développer ce pays. Le plus important, c’est de mettre en avant l’intérêt supérieur des sénégalais et ne pas être sur des postures de politique politicienne d’autant plus qu’il fait son dernier mandat. Donc, aujourd’hui, il est libéré des contingences politiciennes. Pour moi, c’est l’occasion pour lui d’entrer définitivement dans l’histoire parce qu’on ne peut pas exercer aucun chantage politique sur lui. Donc, je pense qu’il doit créer les conditions pour sortir par la grande porte.

Et sur le plan judiciaire ?

Sur le plan judiciaire, ce qu’on attend c’est qu’il fasse des réformes. Il y a des réformes qui ne peuvent plus attendre. Aujourd’hui, la création des juges des libertés et de la détention pour limiter les pouvoirs du procureur de la République qui n’aura plus la possibilité, pour un oui ou un non, de mettre quelqu’un en prison est pressante. Il faut qu’on mette davantage de moyens pour permettre à la justice de jouer véritablement son rôle. Egalement, il faut augmenter l’assistance judiciaire pour permettre à tous les sénégalais, quel que soit le lieu où il se trouve, de pouvoir accéder à la justice. En sus, il faut le renforcement de la magistrature pour éviter des errements ou des dérives. Nous attendons toutes ces réformes pour consolider davantage notre justice.

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