L’OEIL DE YAMODOU – «Deal Wade – Idy»: le Sénégal malade de sa classe politique!

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Prenez un micro, promenez-vous dans les rues de Dakar, entrez dans les maisons, visitez les marchés, faites un tour dans les hameaux les plus reculés du Sénégal. Demandez aux citoyens que vous rencontrez ce qu’ils pensent de la classe politique sénégalaise, ce qu’ils pensent des 250 partis politiques légalisés dans notre pays. Les réponses varieront peu. Ils exprimeront leur aversion, leur dégoût. Et à juste titre. Certes, la politique, par essence, est un engagement noble. Mais, les hommes et les femmes qui y consacrent leur temps, ont opté pour la pente aux immondices. Ils nous ont habitués au scandale, aux insultes dans l’espace public, aux contre valeurs. Ils sont peu à faire du respect de la parole donnée une affaire d’honneur et du bien public une chose sacrée.  L’engagement de servir plutôt que de se servir, d’agir pour l’intérêt général plutôt que de mobiliser son énergie et les ressources publiques pour des intérêts particuliers, partisans ne sont souvent que des propos de campagne qui n’engagent que ceux qui y croient.

Ce matin, nous nous sommes encore réveillé avec la sortie d’un autre protagoniste du « Protocole de Rebeuss », un deal de 21 milliards de francs Cfa, impliquant l’ancien président Abdoulaye Wade et son ancien Premier Ministre, Idrissa Seck. Avant lui, le dimanche dernier, c’est Maître Ousmane Seye, témoin lui aussi qui était entré dans la danse sur les ondes de la Rfm. Cette affaire qui date de l’année 2005 a refait surface au gré de la météo politique. Les témoins du deal sont sortis du bois, piqués par on ne sait quelle mouche pour déballer, mettant en mal une valeur humaine refuge, la confidentialité, que les sages amenaient toujours avec eux à la tombe, parfois au prix de leur vie. Même si nous dénonçons et condamnons vigoureusement ce deal, il est tout aussi inconcevable que des hommes et des femmes qui ont participé et cautionné ce deal se mettent en scène comme ça  comme pour se soustraire d’un scandale qui moralement les implique tous. En effet, quelque soit les élucubrations, les Sénégalais et l’Histoire retiendront toujours que le deal de Rebeuss, s’il est confirmé,  est une entente odieuse, sur le dos du peuple, entre cinq individus : un ancien président de la République, Abdoulaye wade, un ancien Premier Ministre Idrissa Seck,  un colonel, Malick Cissé, un avocat, Maître Ousmane Seye et un notaire, Maître Nafissatou Diop.

 « Protocole de Rebeuss » : les termes du scandale éventrés par les acteurs du deal

Le “Protocole de Rebeuss” revient au devant de la scène. après les révélations de Me Ousmane Sèye, sur la Rfm,  dimanche dernier, selon lesquelles Idrissa Seck avait consenti à verser 21 milliards de Fcfa à Abdoulaye Wade, ce que les partisans d’Idrissa Seck ont nié,  c’est au tour d’un autre témoin actif de ce deal  au sommet de l’Etat de se rappeler à nos cauchemars. Il s’agit du colonel Malick Cissé, pour ne pas le nommer, qui a fait la Une du quotidien Libérationde ce jeudi 14 juillet 2016. Le colonel qualifié de « l’homme de l’ombre de Wade », a indiqué dans le journal qu’il était témoin et acteur de ce « deal ».

« C’était dans la soirée du 22 décembre 2005, à 22 heures, précise-t-il, que tout a été déroulé. Dans les moments de doute, d’interrogation et de débats, le devoir me donne le droit à la parole, se justifie-t-il, pour éclairer l’opinion nationale et internationale sous le contrôle de Maître Abdoulaye Wade, ancien président de la République, au moment des faits et maître de la Real politik. Je voudrais d’abord, poursuit le colonel, préciser que je ne suis ni un mercenaire comme m’a qualifié Yankhoba Diattara  ni l’homme des sales besoins (sic) de Wade ».

Nous reproduisons, in extenso, les propos du colonel Malick Cissé rapportés par le quotidien Libération.

« Pour revenir à cette fameuse nuit du compromis, indique le colonel, je rappelle d’abord que Me Wade était tout malheureux de voir Monsieur Idrissa Seck en prison. Et il ne cessait de nous répéter, à chaque fois qu’il parlait de lui : ‘Je ne comprends pas ce qui lui arrive, mais l’argent et le pouvoir rendent fou ».

Allons à l’essentiel. Après cette fameuse soirée du 22 durant laquelle il y’a eu beaucoup de tractations de part et d’autres – j’y reviendrai peut-être un jour – des instructions ont été données le 29 décembre 2005, pour que le problème financier entre Wade et Idrissa Seck soit réglé d’une autre façon que la prison. Il a été décidé sur nos conseils d’utiliser d’autres stratégies.»
«Je me souviens que lorsque les deux parties sont tombées d’accord sur les modalités de remboursement, Me Ousmane Sèye et Me Nafissatou Diop sont arrivés dans les appartements du Président Wade, plus précisément dans l’anti chambre où il aimait travailler. Ils lui ont présenté deux documents avec des propositions financières. A un moment, le téléphone a sonné et c’était le Président malgache qui était au bout du fil. Wade leur a demandé de sortir de la pièce en attendant qu’il discute avec son homologue. Il en a profité pour faire des copies des documents avant de remettre les originaux à leur place. Je me souviens, Wade m’a dit textuellement : « à malin, malin et demi ».

C’est d’ailleurs un de ces documents qu’il avait brandi lors de sa conférence de presse. Dans un des documents, Idrissa Seck s’est effectivement engagé à rembourser des montants. Me Ousmane Sèye a raison puisqu’il s’est engagé à rembourser, dans un premier temps, 21 milliards de FCfa, payables en trois tranches de 7 milliards de FCfa. Cet argent était principalement destiné à financer la campagne électorale. Me Wade m’a remis copie de ce document. C’est pour vous dire que Idrissa Seck a bel et bien pris des engagements financiers et j’y reviendrai en détails.»

Ainsi a parlé le colonel Malick Cissé un des personnages qui ont « légalisé » le deal au sommet de l’Etat entre un président de la République et son  Premier Ministre….

 

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