Le Njaxas Baye Fall en vogue chez les jeunes pèlerins à Touba

Le ‘’njaxas’’, tenue emblématique des ‘’baye fall’’, les disciples mourides ayant prêté allégeance à Cheikh Ibra Fall, lui-même disciple de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme, est aujourd’hui largement revisité par les jeunes pèlerins, à l’occasion de la 125e édition du Grand Magal de Touba.

Dans la capitale du mouridisme envahie par de nombreux pèlerins venus des quatre coins du Sénégal et du monde, ils ne passent guère inaperçus. Ces ‘’Baye Fall’’, qui sont pour la plupart des jeunes, ont tenu ainsi à ne pas être en reste pour la commémoration du départ en exil en 1895, au Gabon, de Cheikh Ahmadou Bamba, pour s’être opposé pacifiquement à l’occupation coloniale. Toujours fidèles à leur code vestimentaire, ils se sont habillés en tenue traditionnelle Baye Fall, ces tissus en patchwork dont ils ne se séparent presque jamais.

A la veille de cette grande manifestation religieuse célébrée ce jeudi, ces milliers de jeunes qui ont déjà pris d’assaut cette ville sainte située à quelque 200 km de Dakar, ont ainsi comme qui dirait rivalisé d’ardeur pour troquer les vêtements de grande marque, habituellement prisés, contre le boubou ‘’Baye Fall’’.

Mais ils ont pour cela, ajouté une touche de modernité en repoussant les limites du code vestimentaire du mouvement fondé par Cheikh Ibra Fall, qui se limitait uniquement aux boubous et toges vestimentaires auxquels sont assortis la ceinture autour de la taille ainsi que des bracelets et amulettes.

Chemises, blousons, djellabas, sarouels, costume africain et couvre-chef, sont entre autres les nouvelles tendances chez de nombreux jeunes pèlerins, croisés sur les grandes artères de Touba, rythmées par les déplacements des milliers de pèlerins qui convergent vers la grande mosquée de Touba.

Rencontré au quartier Darou Marnane, situé à quelques encablures de ce grande édifice religieux aux sept minarets, Vieux Diack, la vingtaine, habillé en pantalon chemise ndjaxas explique qu’‘’un mouride doit se reconnaître dès le premier regard, par son accoutrement’’.

‘’C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de porter le +njaxas Baye Fall+, une tenue typiquement mouride pour montrer mon appartenance […]’’, lance ce pèlerin originaire de la ville de Thiès, les deux mains fièrement serrées autour de la ceinture de taille, un accessoire qu’il dit avoir acheté à Touba.

Amy Ciss, qui a elle revêtu une taille basse en patchwork, explique que la tendance actuelle est en grande partie liée à la commercialisation d’un nouveau tissu wax produit au Sénégal.

Il s’agit d’un tissu en coton sur fond noir, patché de quadrilatères en couleurs, épousant fidèlement les motifs ‘’njaxas’’.

Ce tissu, vendu à mille francs le mètre, fait en cette période du Magal, les affaires des vendeurs de tissus, surtout ceux de Touba.

‘’Ici, on rend grâce à Dieu car le wax +njaxas+ se vend comme de petits pains au point que certains d’entre nous sont confrontés à une rupture de stocks’’, confie Nogaye Samb, une vendeuse de tissus rencontrée au marché Touba Darou Marnane.

Elle indique que sa clientèle est en grande partie constituée de jeunes, garçons comme filles. L’engouement pour ce tissu s’explique, selon elle, par son prix accessible. Il y a aussi qu’il s’adapte à tous les styles, ajoute-t-elle.

‘’Avant, pour confectionner une tenue Baye Fall, il nous fallait collecter plusieurs morceaux de tissus et faire preuve d’imagination et de créativité pour les assembler ensuite’’, rappelle quant à lui Lamine Ndiaye, un tailleur de profession.

Habillés en t-shirt et ‘’saroul njaxas’’, Daniel Rodriguez Calvo et Maider Kuadra, deux touristes rencontrés aux abords de la Grande Mosquée, soutiennent que la confection de ce genre de tissu pourrait rendre la tenue Baye Fall plus universelle. Cela pourrait ainsi favoriser l’essor de l’industrie textile nationale, estiment-ils.

Mais pour ces stylistes designers espagnols venus étudier la mode sénégalaise, ‘’cette expansion pour être effective et porter ses fruits, devra toujours refléter l’âme et le symbolique, à l’origine du njaxas’’.

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