Du succès à la chute: Le « gâchis » Aïda Patra

Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelait la lionne de la bande FM. Avec un style dont elle seule détient le secret, Aïda Patra a presque révolutionné le métier d’animation. Mais depuis quelques années, la lionne est déchue de son trône. Les nombreuses frasques auxquelles elle est mêlée ne plaident pas en sa faveur…

Il était une fois Aïda Patra. Naguère adulée, l’animatrice est comme qui dirait tombée de son piédestal. Astou Kane est aujourd’hui abonnée aux pages des faits divers.

Du commerce à l’animation

Animatrice au style enjoliveur voire extravagant, Aïda Patra a fait ses débuts à Soxna FM. Pourtant, elle ne se voyait pas dans ce métier. Après avoir mis un terme à ses études en classe de 4^e, Patra s’essaie dans le commerce par le truchement de sa mère. C’est avec les retombées de la vente de poissons qu’elle s’est fait son propre business. Qui consistait à acheter des jeans et des chemises à Sandaga pour les revendre à la plage de Yarakh. Une activité qui ne lui donnait pas de répit. Elle n’écoutait pas la radio. Mais la première fois qu’elle s’y est prêtée, elle a cédé à l’envie d’appeler le Dj comme ça se fait de nos jours.

La suite va changer le destin de la commerçante. « C’était la première fois que j’écoutais la radio. Parce que j’avoue que je n’avais pas le temps d’écouter de la radio. Car, j’ai passé toute mon enfance à travailler pour ma mère et à l’aider dans toutes ses entreprises. Bizarrement, je suis partie acheter du crédit ce jour-là pour «appeler en direct à la radio». Et je disais des choses rigolos au Dj. Quand j’ai raccroché, Ben Bass Diagne (fondateur de Dunya), paix à son âme, a demandé à ce que l’on me rappelle automatiquement. Et il m’a demandé de passer à son bureau. Quand je suis arrivée à son bureau, il m’a fait subir un test que j’ai réussi haut la main. Il m’a demandé si je voulais vraiment faire de l’animation, j’ai répondu oui. Et c’est parti comme ça. C’est le commencement de ma carrière d’animatrice dans les ondes de la bande Fm ». Ainsi commença son idylle avec l’animation.

Courtisée par la RTS

Sur la 99.9, elle impose son style et ne tarda pas à en récolter les fruits. Ses émissions sont suivies et l’animatrice qui doit son surnom à la chanteuse jamaïcaine Patra au style extravagant jouit d’une bonne notoriété au point de se faire courtiser par la RTS. A l’époque, c’est Daouda Ndiaye qui était le directeur général de la RTS. Selon les dires de Patra, il a envoyé deux journalistes émérites, Paulele Fall et Minielle Barro Sèye pour la démarcher. Elle résiste. C’est après avoir rompu les amarres avec Dunyaa Vision qu’elle a accepté de travailler avec la RTS sur la demande de Boubacar Bâ.

Sur les raisons de son divorce avec le groupe de feu Ben Bass, Aïda Patra qui parle plutôt de « démission » reconnait en outre que c’est « petit malentendu » qui en est la cause. A l’époque, son salaire avait même été bloqué. « Cela avait coïncidé avec la fin du mois et le comptable m’a fait savoir que mon salaire avait été bloqué », avait-elle confié à Pic Hebdo dans son édition de février 2008.

Ensuite, elle sera enrôlée par la RTS où elle présentera une émission à son image. « Patra Show » est née sous l’impulsion de Boubacar Bâ. Un concept bien particulier qui permettra à l’animatrice de se défouler. Et le public a aimé. Mais faute d’innovation, l’émission va finir par lasser les téléspectateurs. C’est semble-t-il, ce que les responsables de la RTS ont compris. Ses heures d’antenne sont revues à la baisse et Astou Kane en tire toutes les conséquences. Pour l’animatrice, l’heure de partir avait sonné. Pourtant, elle continuait de percevoir son salaire. Seulement, la conception qu’elle a du travail ne lui permettait pas d’être payée à rien faire. Entre temps, beaucoup d’autre Patra sont nées pour ne pas dire qu’elle a fait aimer l’animation à plus d’une fille. N’est-ce pas Amina Poté ? Mais la «mémé» n’entend pas dire son dernier mot.

Début de la descente aux enfers

Pour punir deux de ses animatrices, El Hadji Ndiaye fait appel à Patra qui aura la lourde tâche de redorer le blason de « After Work ». Divorcée à deux reprises et mère de deux filles dont l’une fut l’épouse de Pape Cheikh Diallo, Aïda Patra tient une occasion en or de faire décoller de nouveau sa carrière. Mais problème, Nancy Eva avec qui elle devait partager le plateau la récuse catégoriquement. El Hadji Ndiaye tranche et Aida Patra resta seule maîtresse à bord de l’émission « After Work ». Un choix que le patron de la 2STV va vite regretter.

Non seulement elle ne vient pas à l’heure, mais une fois en direct, l’animatrice ne donne pas l’image de quelqu’un qui a pour maître mot la lucidité. De la lumière, elle entre de plain-pied dans la pénombre. Et ça a commencé avec cette affaire de faux billets et de partouze dans une auberge de Ouakam. Patra nie y être impliqué. Mais c’est la frasque de trop pour les responsables de la 2STV qui ont jugé risqué d’avoir à bord un cas aussi encombrant. Elle est poussée à la sortie.

Elle multiplie les sorties pour faire les yeux doux à la TFM qui l’a chassée comme une mal propre. C’est finalement la SENTV de Bougane Guèye Dany qui venait de renvoyer trois de ses animatrices vedettes qui a tendu la perche à Aïda Patra ou qui arendu la pareille à El Hadji Ndiaye. Mais encore une fois, la revoilà qui trempe dans des histoires pas nettes du tout.

En moins d’une semaine, elle se fait choper dans des affaires de drogue. La première, c’est à la Médina où elle a été cueillie en compagnie de disciples de l’héroïne. A Ouakam, l’animatrice sera surprise en train de griller un joint de Yamba quoiqu’elle se soit toujours tirée d’affaire par on ne sait quel subterfuge. En revanche, sa carrière risque d’y prendre un sacré coup. Autrement dit, elle peut dire adieu à la petite lucarne. Et c’est un énorme gâchis vu son talent…