« Biens mal acquis » : retour sur le procès inédit de Teodorin Obiang à Paris

"Biens mal acquis" : retour sur le procès inédit de Teodorin Obiang à Paris

Fin d’un procès inédit à Paris, celui des « biens mal acquis ». Le fils du président équato-guinéen, Teodorin Obiang, risque jusqu’à trois ans de prison. Le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement fin octobre.

Pendant près de 3 semaines, Teodorin Obiang, fils du président équato-guinéen, était jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour la constitution frauduleuse présumée de son patrimoine en France. Ce premier procès, qui se tenait dans le cadre de l’affaire des « biens mal acquis », s’est achevé le 6 juillet. Le jugement est attendu le 27 octobre.

Qui est Teodorin Obiang ?

Teodorin Obiang est le fils aîné du président de Guinée Equatoriale, Teodoro Obiang. Né en 1969, il a dix ans quand son père renverse son oncle, le dictateur loufoque, sanguinaire et rétrograde Francisco Marcias Nguéma. Dans les années 80, il va suivre une partie de sa scolarité en France, en Normandie, avant de rentrer au pays.

Ancien ministre de l’Agriculture et des Forêts, il a été promu en juin dernier vice-président par son père. Ce dernier est le doyen, par la longévité au pouvoir, des chefs d’État africains. Il a été réélu en 2016 avec 93,7%.

Que lui reproche-t-on ?

Teodorin Obiang comparaissait depuis le 19 juin devant le tribunal correctionnel de Paris pour blanchiment d’abus de biens sociaux, détournement de fonds publics, abus de confiance et corruption. L’affaire est connue sous le nom  des « biens mal acquis ».

L’enquête, ouverte après des plaintes des associations Sherpa et Transparency International en 2008, a mis au jour le patrimoine considérable du vice-président : immeuble luxueux et immense sur l’avenue Foch, une des plus huppées de Paris, estimé à 107 millions d’euros ; voitures de luxe et de sport (Porsche, Ferrari, Bentley, Bugatti) ; collections d’œuvres d’art, de bijoux et de vêtements de marque. Au terme de l’instruction, les juges ont estimé que ce patrimoine ne pouvait avoir été financé par les seuls revenus officiels de Teodorin Obiang, mais était issu « des détournements de fonds publics » et de la corruption.

 

 

Que risque-t-il ?

Trois ans de prison, 30 millions d’euros d’amende et la confiscation de biens dépassant largement les 100 millions d’euros – dont l’immeuble de l’avenue Foch – ont été requis, mercredi 5 juillet, par le parquet national financier. Dans son réquisitoire, le représentant du parquet national financier, Jean-Yves Lourgouilloux, a regretté l’absence du prévenu à son procès et a estimé qu’une expertise psychologique « aurait permis d’apprendre beaucoup de choses » sur un prévenu qui est « manifestement » dans la « toute puissance » et a « du mal à accepter la frustration ». Le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement le 27 octobre.

Que dit la défense ?

Me Emmanuel Marsigny, l’avocat de Teodorin Obiang, a dénoncé jeudi, au dernier jour du procès, une « ingérence dans les affaires d’un État souverain ». Savoir si ce que M. Obiang a fait « est légal dans son pays, on s’en moque ! » a-t-il dénoncé. Selon lui, « juger comme si les faits commis dans son pays l’avaient été sur le territoire français constitue immanquablement et incontestablement une ingérence dans les affaires d’un État souverain ». Aux yeux de l’avocat, c’est une « sorte de compétence de juridiction universelle qui est donnée à la justice française », soulignant que « dans son pays », Teodorin Obiang a « le droit » d’être ministre et de passer des contrats. Il a en outre dénoncé une « campagne de diabolisation pendant les débats ».

 

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Quels sont les faits marquants de ce procès ?

Le procès a été marqué par le témoinage de Simon Mann, mercenaire britannique de 69 ans qui a accusé William Bourdon, avocat des parties civiles, d’avoir voulu renverser le régime. Ce dernier a annoncé son intention de déposer plainte pour diffamation et usage de faux. Cette même journée, entrepreneurs et journalistes ont défilé à la barre et évoqué la répression et le régne de la « kleptocratie » et la « corruption » en Guinée équatoriale.

france24.com

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