Youssoupha Bèye : « Le beurre », ce poisson qui m’a bousillé la vie (PROFIL)

Le cas de Youssoupha Bèye a attiré notre attention plus d’une fois. On le voit quotidiennement dans la rue, toujours assis au même endroit, dans la même position, demandant une pièce aux passants. Même s’il a perdu l’usage de ses membres inférieurs, il a sa famille à sa disposition, mais il préfère faire la manche et vivre dans la rue.

En ce matin du jeudi 11 janvier 2018, notre curiosité nous a poussé à l’approcher afin de connaitre l’histoire de Youssoupha Bèye dit Youssoupha Ndoye. Après l’avoir salué et échangé quelques mots avec lui, l’homme d’une quarantaine d’années accepta de se confier à nous. On entendait à peine sa voix : le quadragénaire est malade, sérieusement malade !

Nous l’avons trouvé près de l’une des passerelles de l’autoroute, non loin du Lycée Sergent Malamine Camara. Assi les jambes allongées (à noter qu’il les courbe pour la plupart du temps), il a, à ses côtés, un sac contenant des habits aussi malpropres que ceux qu’il porte. A côté du sac, un pneu qui sert d’armoire à notre interlocuteur.

«J’étais pêcheur et je gagnais bien ma vie. A présent, je me retrouve dans la rue sans l’usage de mes jambes», la triste aventure de Youssoupha Bèye.

Visiblement, cela fait des semaines voire des mois que l’homme n’a pas eu de contact  avec de l’eau pour se baigner. A notre question de savoir pourquoi il est toujours dans la rue, sa réponse se fait attendre. Il  hésite un instant, se montre un peu méfiant, puis finit par se lâcher.

Youssoupha accepte de raconter sa triste histoire et sa pénible vie. L’homme semble psychiquement perturbé et sa mémoire elle aussi ne semble pas répondre parfaitement. Dans sa relation des faits, il n’est pas en mesure de donner la chronologie des événements.

«Je n’ai plus ma carte d’identité mais, je suis né en… 1979. J’étais pêcheur et je gagnais bien ma vie. Si tu vas dans les villages de pêche comme Ngor, Yoff, Kayar et autres, et que tu demandes Youssoupha Ndoye, ils te diront qu’ils me connaissent. Ma maladie, je l’ai contractée en faisant mon travail. Je crois que je suis victime d’un mauvais sort. Un jour j’ai, attrapé un ‘beurre’ et c’est depuis que suis tombé malade. C’est par la suite que j’ai perdu l’usage de mes jambes. J’ai été interné à l’hôpital de Mbao pendant plus d’une année. Je suis aussi parti voir des marabouts», raconte-il sans vouloir (ou ne pas être en mesure) de donner des dates.

«Je m’assieds là et quand il fait chaud, je me déplace pour aller chez mes gars avec qui je passe la nuit aussi».

Le quadragénaire est donc persuadé que c’est le « beurre », ce poisson de « malheur » qui est à l’origine de son sort. Malgré ce qui lui est arrivé, il n’est pas rejeté par sa famille qui a continué à le soutenir. Sa famille est à sa disposition ici même à Dakar. Mais il se retrouve à faire la manche dans les rues. En tout cas il n’a pas l’air d’être en possession de toutes ses facultés.

«Ma famille est à Grand Yoff. Ils m’ont même amené me faire soigner. Des fois, ils viennent me rendre visite ici, c’est d’ailleurs eux qui m’ont donné ça», nous a-t-il expliqué, en soulevant sa chemise pour montrer des vêtements accumulés sur le corps.

Selon une source, Youssoupha  utilise des stupéfiants. Quand nous évoquons ce sujet,  il nie et réfute catégoriquement l’idée.  «Si j’utilisais ces genres de truc, tu les trouverais avec moi. Les gens disent du mal de nous, mais Dieu est grand. Tu sais, le Prophète est le meilleur des hommes mais on disait du mal de lui. Je me fie à Dieu».

Même s’il est sérieusement malade et se déplace difficilement, Youssoupha reste optimiste quant à sa guérison.

«Je crois fermement qu’un jour je vais retrouver l’usage de mes jambes et reprendre mes activités. Comme vous pouvez le constater, c’est très difficile de vivre dans ces conditions. Un marabout m’a dit que je vais remarcher. Inshaa Allah je vais me remettre sur pied et ce sera pour bientôt ».

senenews

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