Autorisation de l’avortement médicalisé, une légitime demande qui choque!

Depuis quelque temps, le débat sur la légalisation de l’avortement médicalisé sous certaines conditions fait rage. Bien qu’il s’agisse d’une demande légitime, elle choque tout de même certaines consciences.

Depuis quelque temps, le débat sur la légalisation de l’avortement médicalisé sous certaines conditions fait rage. Bien qu’il s’agisse d’une demande légitime, elle choque tout de même certaines consciences.

Le Sénégal est l’un des pays qui ont interdit l’avortement. Malgré qu’il a ratifié le protocole de Maputo de 2004 qui oblige, en son article 14, les Etats-parties d’autoriser l’avortement médicalisé aux femmes et aux filles porteuses de grossesse suite à un viol, à l’inceste, ou à n’importe quelle autre agression sexuelle, lorsque que la santé mentale ou physique de la femme ou de la fille enceinte est en danger ou encore lorsqu’il y a risques  pour la vie de la femme, de la fille enceinte  ou du fœtus, le Sénégal n’a toujours pas adopté cette mesure. De ce fait, le Code pénal considère l’avortement provoqué comme un infanticide grave et prévoit en son article 305 des peines d’emprisonnement allant de 6 mois à 3 ans ou des amendes de 50 000 à 1 million de francs Cfa, contres ses auteurs.

Les conséquences de telles mesures apparaissent désastreuses. Bon nombre de victimes qui font recours à l’avortement clandestin subissent des conséquences dramatiques. En effet, selon le document d’enquête de l’Association des juristes sénégalaises (Ajs), l’avortement clandestin est la cause de 8% à 13% des décès maternels. Et pour cause, il est pratiqué dans de mauvaises conditions d’hygiène et de sécurité. Il est aussi à l’origine de 22% des causes de détention des femmes et de 25% des causes d’infanticide, soit le quart des affaires jugées aux Assises. Suffisant pour Fanta Guèye Ndiaye, présidente de l’Association des juristes sénégalaises (Ajs), ainsi que certains de ses collègues de porter le combat pour légaliser l’avortement médicalisé qu’elles qualifient de légitime.

Pour cela, elles sont aidées par plusieurs associations et organisations pour la promotion et la défense des droits humains, pour obtenir le changement de la loi sur la santé de la reproduction et la réforme du Code pénal afin de permettre l’accès à l’avortement médicalisé aux femmes et aux jeunes filles dans certaines conditions. Dans cette perspective, l’Ajs avait déjà déposé une proposition de loi sur la table du ministre de la Justice. Mais compte tenu de la réaction de bons nombres de citoyens ces derniers temps, tout porte à croire que la population n’est pas prête à accepter une telle loi.

En effet, la population Sénégalaise toute confession confondue peine à accepter cette mesure de peur d’être en contradiction avec ses croyances. Ils estiment qu’autoriser l’avortement serait synonyme de permettre à certaines personnes de commettre des crimes. Pour eux tout être humain a droit à la vie quelque soit les actes qui ont précédé sa procréation. Ainsi, même si la présidente de l’Ajs explique que, la loi ne concerne pas les filles «dévergondées qui assument leur sexualité en faisant ce quelles veulent jusqu’à contracter une grossesse», elle peine toujours à convaincre. D’où l’interrogation: notre pays est-il prêt à franchir le pas ?

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