Voici le nombre de voyages officiels effectués par Macky Sall depuis son accession au pouvoir

Depuis son accession au pouvoir, en 2012, officiellement, Macky Sall a effectué 165 voyages à l’étranger. Les destinations, les favorites, les objets… Sur les voyages présidentiels, Seneweb vous apprend tout. Sauf sur les coûts. Et ce n’est pas de sa faute.

Vendredi 15 avril 2012, vers 14 heures. Élu Président depuis 22 jours, Macky Sall embarque pour la première fois à bord de la Pointe Sarène, l’avion de commandement, un Airbus A319 acheté sous Wade à la France pour 20 milliards de Cfa.

Le nouveau chef de l’État réserve son premier déplacement officiel à la Gambie voisine. Tout un symbole. Qui s’inscrit dans la volonté du nouveau locataire du Palais de l’avenue Léopold Senghor de régler définitivement le conflit en Casamance en s’alliant à la supposée base arrière des rebelles. À 15 h 10 minutes, l’appareil immatriculé 6V-One atterrit à l’aéroport de Banjul.

Deux jours plus tard, la “Pointe de Sarène” reprend les airs. Direction : la France. Objet du voyage : décrocher un appui financier de la France dans un contexte de tensions de trésorerie post-alternance. Un succès : Macky obtient de son homologue français une enveloppe de 85 milliards de francs Cfa avec en prime quelques accords militaires.

2015, année record

Depuis, l’avion présidentiel sillonne le monde avec son passager prestigieux. Paris, Dubaï, New York, Abuja, Pékin, Davos, Durban… Il est difficile de trouver sur une carte une grande capitale où Macky Sall n’a pas mis les pieds à bord soit de la Pointe de Sarène soit d’un autre avion loué. Si l’étiquette peu flatteur de “Globe-trotter” collait à Wade, Macky Sall s’est inscrit dans la lignée de son prédécesseur. Officiellement, d’avril 2012 à fin avril 2018, le chef de l’État a effectué 165 déplacements à l’étranger, soit un voyage tous les 15 jours.

L’année de tous les records, est 2015. Pour l’An trois de son accession au pouvoir, le chef de l’État a pris les airs à 33 reprises. En 2012, il n’a voyagé que 17 fois, 29 en 2013, 27 en 2014. Après 2015, Macky Sall a ralenti le rythme de ses déplacements hors du Sénégal, affichant 20 sorties au compteur en 2016 et en 2017.

Pour l’année en cours, la dernière de son premier mandat, il est bien parti pour battre tous les records de son septennat. Rien que pour le premier semestre, il a effectué 18 déplacements, soit une moyenne de 3 par mois. S’il maintient cette cadence, il sera à 36. Record absolu pour ses 7 ans au pouvoir.

Macky Sall préfère la France

Au total, officiellement, 76 villes de 62 pays ont accueilli Macky Sall depuis qu’il est président de la République. Sa destination favorite : la France. Où il s’est rendu à 15 reprises. Le Nigeria est le deuxième pays préféré du chef de l’État, le premier en Afrique. Il y est allé 10 fois. Les États-Unis (8 voyages) bouclent le Top 3 des destinations préférées de Macky Sall.

Les motifs des voyages du chef de l’Etat sont aussi divers que variés. Sommets des Nations unies, visites officielles, d’État, de travail ou privées, prestation de serment de chefs d’État, sommet du G20, forums économiques, journées européennes du développement, conférences, célébrations d’indépendance, sommets de la Cedeao, etc. À signaler que les activités liées aux organisations continentales attirent le plus le Président sénégalais : il a effectué 13 sorties pour honorer les sommets de la Cedeao (Abuja, Monrovia, Accra, Yamoussoukro et à Abidjan) et autant pour ceux de l’Union africaine.

Au-delà de cet empilement de destinations, la grande question, le mystère, c’est le coût de ces voyages pour le contribuable sénégalais ? Combien d’heures de vol ? Combien de kilomètres ? Les déplacements de Macky Sall sont-ils plus ou moins chers selon qu’il emprunte la Pointe Sarène ou qu’il loue un avion ? En juillet 2013, pour un périple de cinq jours, le chef de l’État avait pris en location un A320 de Masterjet à 100 000 euros (65 millions de francs Cfa) l’heure.

Les voyages de Macky Sall par continent

Afrique (33 pays) : Namibie, Maroc, Congo, Rdc, Gabon, Mauritanie, Guinée équatoriale, Guinée Bissau, Guinée, Tchad, Algérie, Mali, Nigeria, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Togo, Ethiopie, Ghana, Gambie, Madagascar, Kenya, Burundi, Bénin, Burkina, Cameroun, Cap-Vert, Tunisie, Rwanda, Niger, Égypte, Liberia, Sierra Leone, Eswatini (ex Swaziland)

Europe (14) : France, Pologne, Russie, Irlande, Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Vatican, Portugal, Suisse, Malte, Hollande, Angleterre.
Asie (6) : Japon, Inde, Chine, Corée du Sud, Kazakhstan, Pakistan
Amérique (3) : Usa, Brésil, Canada

Moyen Orient (5) : Turquie, Koweït, Arabie Saoudite, Emirats, Qatar
Océanie (1) : Australie

Opacité totale

Seneweb a contacté le service de communication de la présidence de la République pour connaître le cadrage des voyages du chef de l’État : le nombre de déplacements, leur coût et leur opportunité. Mais depuis le 5 avril 2018, et malgré nos innombrables relances, nous demandes sont restées sans suite.

Dans certains pays, la publication des détails financiers des voyages présidentiels est une norme. Une banalité. Aux États-Unis par exemple, il est connu que l’heure de vol de l’Air force One coûte en moyenne 200 000 dollars (130 millions de francs Cfa) au contribuable américain. Et le Government accountability office (Gao), la Cour des comptes américaine, avait déjà, en 2013, épluché et détaillé, dans un rapport consultable sur son site web, les coûts des voyages d’Obama à Chicago, en Illinois, à Palm Beach et en Floride. Montant de la facture : 3,6 millions de dollars (près de 2 milliards de francs Cfa) dont 3,2 millions de dollars (1,6 milliard de francs Cfa) pour les dépenses d’exploitation de l’Air Force One et 404 300 dollars (environ 215 millions de francs Cfa) pour les indemnités journalières : perdiems, hébergement, repas, etc.

En France, la Cour des comptes veille au grain et joue la carte de la transparence. “Les dépenses de déplacements du président de la République se sont élevées à 17,6 millions d’euros (11,5 milliards de francs Cfa), en augmentation par rapport à 2015 du fait de la nature des voyages effectués cette année”, a révélé l’institution dans son rapport 2016.

Ministre de la Défense à l’époque, actuel ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian avait détaillé le montant des dépenses engagées pour les déplacements en avion du chef de l’État et des membres du gouvernement, le nombre d’heures de vol et leur coût.

Alors, pourquoi au Sénégal, à l’ère de la gestion “sobre et vertueuse”, continue-t-on d’envelopper d’un épais voile de mystère les coûts des voyages présidentiels ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici