video: Aïssata Tall Sall : « Pourquoi je suis candidate à la présidentielle de 2019 »

Candidate déclarée à la présidentielle de 2019, Me Aïssata Tall Sall a officiellement lancé sa campagne de collecte des parrainages ce jeudi. Dans cet entretien accordé à Seneweb, elle donne les raisons qui l’ont poussée à se lancer dans la course pour la succession de Macky Sall (voir aussi la vidéo). La député-maire de Podor s’est prononcé aussi sur la révocation de Khalifa Sall et la répression de la marche de l’opposition.

Osez l’avenir vient de lancer sa campagne de parrainage. Quels sont vos objectifs ?
J’ai convié les militants, partis politiques et mouvements politiques alliés à Osez l’avenir  à venir aujourd’hui (hier, jeudi 6 septembre) pour que nous puissions lancer notre campagne de parrainage en vue de collecter les signatures requises pour porter notre candidature à la magistrature suprême du Sénégal. C’est donc pour moi une séquence politique et une séquence d’explications importante…

Pensez-vous pouvoir réunir le nombre de signatures requis ?
Incha Allah. Je pense  qu’on y arrivera quand je vois la détermination de mes camarades d’aujourd’hui, et quand je vois et j’entends les appels du pied que les Sénégalais nous font pour nous parrainer et porter notre candidature. D’ailleurs, j’ai imparti à l’ensemble de nos délégués départementaux des 14 régions du Sénégal et de la diaspora, de finir la collecte au  maximum le 31 octobre. Et que d’ici à cette date, que nous finissions ce travail pour nous consacrer à un autre travail : l’explication de notre projet de société pour que les gens comprennent que nous sommes un candidat sérieux, qui ambitionnons de travailler pour le Sénégal et changer le destin du Sénégal.

« J’ai reçu énormément de coups, j’en ai donné de temps en temps. J’ai muri à l’épreuve de la politique. »

Pourquoi avez-vous choisi ce moment précis pour être candidate ?
J’ai reçu énormément de coups, j’en ai donné de temps en temps. J’ai muri à l’épreuve de la politique. Cela veut dire que j’ai acquis une certaine expérience sur le terrain politique. Je sais ce que c’est que gérer une collectivité territoriale, gérer un pays. Tout cela je le sais et je le comprends. Je pense donc que je suis outillée et que l’heure est arrivée pour moi, de m’adresser à mes compatriotes, de demander leur confiance pour qu’ensemble nous transformions le Sénégal.

Vous n’êtes donc pas satisfaite du mandat du Président Macky Sall…
Absolument pas. Sinon la chose la plus simple aurait été d’être à ses côtés et de travailler.

Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ?
Les appels n’ont pas manqués dans ce sens-là. Mais pour moi la voie la plus facile ne peut pas être celle de la politique. Souvent en politique la voie la plus difficile est la vraie voie. Je l’emprunte parce que je pense que nous pouvons proposer mieux que ce qui est en train d’être fait aujourd’hui sur le plan économique, sur le plan social, sur le plan de l’épanouissement des Sénégalais, sur le plan culturel.

Tout n’est pas négatif, quand même, dans le bilan de Macky Sall.
Pensez-vous que c’est normal, pendant que nous sommes en train de sauter, d’exulter que nous avons le pétrole, qu’il y ait des gens qui ont  encore les pieds dans les inondations dans toutes les banlieues du Sénégal ? Pensez-vous que c’est normal, pendant que nous sommes en train d’exulter, que nous sommes un pays à 60 années d’indépendance, que la famine menace au Sénégal ? Qu’à Podor, à Matam, dans les zones les plus reculées, qu’on en soit encore à une période de soudure ? Des choses que j’entendais depuis que je suis toute petite et que j’entends toujours. Tout cela, nous devons le changer. C’est la raison pour laquelle nous proposons mieux, nous proposons plus, parce que nous voulons un meilleur Sénégal, un mieux vivre et un meilleur vivre pour les Sénégalais.

« Honnêtement, il y a des choses que Macky Sall a réussies. Il y a d’autres qu’il n’a absolument pas réussies. »

Dites-vous que le bilan de Macky Sall ne comporte aucun point positif ?
Honnêtement, il y a des choses qu’il a faites et qu’il a réussies. Il y a d’autres qu’il n’a absolument pas réussies. Et ces autres choses-là sont à corriger par nous qui avons l’ambition de lui succéder.

Quelles sont ces choses qu’il n’aurait pas réussies ?
J’ai donné  l’exemple de l’agriculture. Le Président  nous a beaucoup parlé de l’autosuffisance alimentaire. Cette autosuffisance alimentaire, la région la plus vouée à  cela, c’est la région du Fleuve. Et c’est là-bas où on crie famine.  Je  pense que de ce point de vue les objectifs n’ont pas  été atteints. Le taux de croissance qu’on est en train de nous chanter, oui il est là. Mais il n’est que chiffre. Il recoupe quelle réalité concrète ? Car dans la banlieue, dans le Sénégal des profondeurs les gens ne mangent pas à leur faim. Accéder aux soins de santé est un problème. Aller à l’école est un autre problème. Je pense véritablement qu’il y a beaucoup de choses à faire et à redresser dans ce Sénégal-là. Nous sommes outillés et déterminés pour cela. Et c’est pour cela que nous sommes candidat.

Il est beaucoup question de l’indépendance ou non de la justice. Vous penchez de quel côté de la balance ?
Moi je suis un acteur de la justice avant même d’être un politique. Je ne dis  pas que je n’ai pas confiance aux acteurs de la Justice. Parmi eux, il y en a qui sont des hommes et des femmes dignes, debout, qui appliquent la loi dans le silence  de leur sacerdoce. A ceux-là, je voue le plus grand respect. Il y en a, cependant, qui s’écartent de la règle et de la  dignité que doit leur conférer leur serment. Ceux-là, il faut les combattre.

Comment jugez-vous la révocation de Khalifa Sall ?
La révocation d’un maire est toujours un acte grave. Parce que c’est la circonstance exceptionnelle dans laquelle le président  de la République ou une autorité ministérielle peut enfreindre le vote et le suffrage universel. Parce que le maire, le Président ne l’élit pas, le ministre ne l’élit pas. Ce sont les populations qui l’élisent. Alors pour qu’on autorise un président de la République, un ministre,  à aller à  l’encontre de cette volonté qu’a exprimée le suffrage, il faut que ce soit dans des circonstances exceptionnelles. Non seulement exceptionnelle, mais gravement exceptionnelle.

« Le Président Macky Sall aurait dû attendre que toute la justice se prononce, pour aller à l’encontre (de la volonté des) Dakarois qui ont investi Khalifa Sall de leur confiance. »

Êtes-vous d’avis que ce n’était pas le cas pour Khalifa Sall ?
J’ai entendu en lisant le décret de monsieur le Président, qu’il se fonde  sur l’article 140, sur les décisions de Justice. Je pense que  l’article 140 ne lui a pas suffi. Si cet article seul lui avait suffi, il aurait révoqué  Khalifa depuis très longtemps. Il a attendu que la  justice se prononce. Mais la justice n’a pas fini de se prononcer. Ce processus est encore en cours. Ses avocats ont fait un pourvoi contre l’arrêt de la Cour d’appel.

La loi sur la Cour suprême dit que lorsqu’il y a un pourvoi en cassation intenté contre une  décision pénale, cette décision  ne s’exécute  pas jusqu’à ce que la Cour se prononce. Donc je pense que monsieur le Président aurait dû attendre que toute la justice se prononce, que les décisions soient définitivement définitives pour pouvoir prendre cet arrêté et aller à l’encontre du suffrage universel tel qu’il  a été exprimé par les Dakarois qui ont investi Khalifa Sall de leur confiance.

Récemment la marche de l’opposition a été sévèrement réprimée. Votre réaction ?
Le droit de manifester, celui de revendiquer, celui même de s’ériger de façon physique contre certaines pratiques est un droit essentiel. C’est fondamental. Il est la quintessence de ce  qu’on peut appeler un régime démocratique. On ne peut quand même pas empêcher toutes les marches au Sénégal surtout par ces temps-là, qui sont des temps de revendication, d’expression démocratique, parce que nous allons  vers une élection essentielle, celle du président de la République. Et dans une démocratie,  cette séquence politique est une séquence majeure. Et on doit laisser, pendant cette séquence-là, toutes les libertés s’exprimer. Donc le ministère de l’Intérieur, même si c’est lui qui est garant du respect de l’ordre public, doit penser que ces temps-là, l’expression démocratique devant être la plus  fondamentale et le plus essentiel, le ministère de l’Intérieur doit laisser les Sénégalais manifester à leur guise, manifester de tout leur content; leur devoir à eux c’est de sauvegarder l’ordre public pendant que les Sénégalais manifestent

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