Les auditions dans le cadre de l’enquête sur l’affaire Petrotim révélée par la chaine BBC ont donc démarré à la Brigade des Affaires Générales (BAG), démembrement de la Police Judiciaire du Sénégal.
Après le passage de Babacar Mbaye Ngaraf, le DG de Petrotim Babacar Faye, il nous revient que d’autres personnes citées dans cette affaire seront entendues. Parmi eux, l’ancien ministre de l’Energie sous Wade (Samuel Sarr) et l’architecte Pierre Goudiaby dit Atépa. Si la date de l’audition de Samuel Sarr reste encore méconnue, il revient à dakarposte qu’Atépa est attendu jeudi prochain à la BAG. Sauf revirement.
S’agissant d’ailleurs de ses deux derniers, Franck Timis avait brisé pour révéler à nos confrères de l’AS ce qui suit:
Rencontre avec Aliou Sall
J’ai rencontré Aliou Sall au début de l’année 2010 en Chine où il était le chef du bureau économique de l’ambassade du Sénégal en Chine. C’est Pierre Goudiaby Atepa qui est un excellent ami qui me l’a présenté. Pierre et moi, ne faisons pas d’affaires, mais nous nous conseillons mutuellement. Je l’ai ensuite introduit auprès de plusieurs personnes en Chine.
Business au Sénégal
J’ai commencé à faire du business au Sénégal en 2010-2011 avec Petroleum Africa. La première fois que j’ai rencontré le Directeur général de Petrosen et le ministre de l’Energie d’alors, Samuel Sarr, c’était en 2009. Samuel Sarr est un homme très intelligent, je l’ai rencontré lors d’une conférence sur le pétrole et il m’a apostrophé : « Pourquoi ne venez-vous pas investir au Sénégal ? ». En matière d’exploration, on peut investir des millions de dollars pour rien. Au cours des dernières décennies, le taux de découverte est de 8%. J’ai dépensé 100 millions de dollars dans l’exploration au Sénégal. Heureusement d’ailleurs qu’on a découvert du gaz, alors qu’au Libéria 300 millions de dollars ont été engloutis et rien n’a été découvert. Donc, c’est un secteur à risque. Alors, lorsque j’ai rencontré la délégation sénégalaise à Londres, personne ne l’a prenait au sérieux. Or moi, je l’ai invitée chez moi. La première fois que je les ai rencontrés, je les ai adorés. Je leur ai offert un diner parce que je respecte les Africains. Ils sont venus dans mon bureau. Le ministre de l’Energie de l’époque, Samuel Sarr, qui faisait la promotion de son pays a tellement insisté que j’ai finalement accepté. J’ai envoyé à Dakar une mission à la tête de laquelle il y avait mon directeur exécutif, Thomson, qui était l’un des meilleurs au monde dans son domaine. La délégation s’est rendue à Dakar pendant une semaine et a eu des séances de travail avec Petrosen. A son retour, ils m’ont dit qu’il y a un potentiel à Sénégal Sud vers les côtes gambiennes. Nous avons alors signé un MOU (Mémorandum of understanding) avec Petrosen. Ils ont estimé le budget à 70 millions de dollars avant même de savoir ce qu’on a découvert. On a formalisé en signant avec le Gouvernement. En quelques semaines, on a signé pour 50 milliards. Entre temps, un ami m’appelle pour me dire que Samuel Sarr a été limogé et remplacé par Karim Wade. Lorsque j’ai eu Samuel qui m’a dit que son successeur est le fils du Président, j’étais très enthousiaste parce que je me suis dit que cela ira vite, puisqu’il doit vouloir faire de bonnes choses pour son pays.