Faux et usage de faux: Un marabout « soutire » 444 millions à un ancien footballeur international
Le footballeur professionnel, Cherif Ousmane Sarr, réclame 444 millions au marabout Baidy Dieng qui formulait des prières pour lui. Il le poursuit escroquerie et faux et usage de faux.
Dans le procès verbal de l’enquête préliminaire, le plaignant dit avoir connu le mis en cause, grâce à un certain Djiguy Camara entre 2008 et 2009 à Sacré-Cœur 3, dans le cadre d’une rencontre. « Il m’avait été présenté comme étant un grand marabout qui pouvait m’assurer une réussite totale dans toutes mes entreprises et surtout dans le milieu du football où j’exerce. Il m’avait garanti de devenir le meilleur de tous les temps et d’être mondialement reconnu par mes pairs et par tous. C’est ainsi qu’il m’a mis en confiance pour mieux m’accrocher. A force de discuter avec lui, il a fini par me convaincre », a raconté la partie civile.
Qui, poursuivant son propos, ajoute : « Il est subitement devenu quelqu’un sur qui je devais compter pour atteindre mon objectif et j’exécutais systématiquement tout ce qu’il me demandait de faire au point que je lui accordais, sur son insistence tout de même, une procuration sur mes propres comptes bancaires. »
Profitant de l’occasion, Baïdy Dieng s’est mis à retirer, de façon répétée, de l’argent dans ses deux comptes ouverts dans le livre de Ecobank. Ces retraits ont porté sur un montant de 32 millions de nos francs. Par ailleurs, il réussit à lui arracher, dans la foulée, le projet de construire deux maisons dont l’une à Cité Keur Gorgui et l’autre à Mbao pour un montant dépassant les 60 millions.
« Il me faisait croire aussi que cela était mystiquement bénéfique »
« Il me faisait croire aussi que cela était mystiquement bénéfique. Il en est de même pour les fortes sommes d’argent envoyées par Western Union au titre des offrandes, dons, entre autres, avoisinant la somme de 100 millions. A cela, il faut ajouter les montants que je lui remettais physiquement en présence constante de son ami Assane Fall. Au total, Baïdy m’a soutiré 444 millions de francs Cfa, compte non tenu des charges sociales et autres types de dépense que je lui assurais et dont je ne me souviens plus de ce que cela m’a coûté en terme d’argent», a expliqué le plaignant qui indique que le mis en cause, toujours dans le cadre de ses agissements, lui a fait muter ses deux véhicules de marques Ford à son nom et au nom d’une tierce personne. Il aurait d’ailleurs vendu l’un et circule toujours avec l’autre. Et, le pire c’est que le marabout ne répond plus à ses appels.
Interpellé sur les faits, Baïdy Dieng, face aux enquêteurs, a avoué qu’il connaît bien le plaignant. Il a fait sa connaissance entre 2007 et 2008. De fil en aiguille, une relation amicale est née entre eux. Il lui a donné quelques talismans en vue de relancer sa carrière de football qui était fragile car, il n’était pas souvent titularisé.
« C’est à partir de ce moment que nous avions commencé à correspondre jusqu’en novembre 2011, année à laquelle nos relations se sont détériorées. La dernière fois que j’ai communiqué avec lui remonte à janvier 2012 alors qu’il était au Danemark. Effectivement, il me remettait souvent des montants variant entre 50 et 100 mille. Il m’envoyait aussi de l’argent via Western Union et les montants envoyés étaient chiffrés à un million de francs Cfa. Depuis 2009, il m’envoie mensuellement ce montant en contrepartie des prières que je faisais pour lui», a détaillé le mis en cause non sans reconnaître qu’entre 2008 et 2009, il a reçu une procuration pour avoir accès au compte du plaignant ouvert dans le livre d’Ecobank aux Almadies.
« Je suis prêt à tout pour protéger mon image »
«Il avait alimenté ce compte de 25.000 euros soit 16.300.000 francs que j’ai utilisé que pour construire ma maison située à Mbao. Il m’a acheté un véhicule Ford Edge à 28 millions de francs, mais avant le 8 décembre 2010, il m’avait d’abord acheté une Ford Escape 15.500.000 francs que j’ai mise dans la transaction qui m’a permis d’acquérir la Ford Edge. J’ai dit dans une émission que mon patrimoine immobilier pèse un milliard environ », a encore soutenu le non moins opérateur économique qui trouve que si son accusateur prouve qu’il lui doit le montant réclamé, il va lui faire un chèque pour le payer. « Je suis prêt à tout pour protéger mon image », se défend-il. L’affaire est en instruction et on saura ce que l’approfondissement de l’enquête révélera.
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