Chapecoense, du rêve au cauchemar

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«Ce n’est pas un rêve, c’est bien la réalité», écrivait il y a peu le Community Manager de Chapecoense sur le compte Instagram du club. Une finale de Copa Sudamericana (l’équivalent de la Ligue Europa pour le continent sud-américain), la formation de Chapeco, une ville industrielle dans l’état de Santa-Catarina, ne pouvait qu’en rêver jusqu’à présent. Elle n’avait jamais rien gagné au niveau national, alors s’imposer au niveau continental ? Elle était encore en Série D (quatrième division brésilienne) en 2009, alors briller sept ans plus tard sur la scène mondiale ?

Un club sans centre d’entraînement dédié jusqu’en 2013

Quand il est arrivé au club en 2013, l’attaquant Bruno Rangel avait été surpris que ce dernier, pourtant remonté en deuxième division, ne dispose pas de centre d’entraînement, ni même de salle de muscu. Le meilleur buteur de l’histoire de Chapecoense raconte aussi que les joueurs, trop pauvres pour se payer des voitures, devaient se rendre aux entraînements en transports en commun. Des années de vaches maigres dans les divisions inférieures brésiliennes, une banqueroute financière évitée de justesse : l’accession en première division, en 2014, sonne déjà comme un miracle. Repris en main budgétairement, Chapecoense y vivote tranquillement dans le ventre mou, attirant bon an mal an à peine 7000 spectateurs pour ses matches de Championnat, pour une ville de 200 000 habitants.

Rien de très emballant non plus cette saison, avec un entraîneur arrivé en juin (Caio Junior, passé par Botafogo, Gremio et Palmeiras) et un parcours en Copa Sudamericana qui débute sur une défaite face à un club plus modeste encore, Cuiaba (0-1), rattrapée au retour (3-1). Après ? Un conte de fées qui se dessine au fil des matches, l’élimination successive de gros poissons de la compétition (les Argentins d’Independiente notamment) et qui se boucle lors d‘une demi-finale héroïque face au vainqueur de la Libertadores San Lorenzo (1-1, 0-0).

Auteur d’un arrêt réflexe décisif du pied dans les dernières secondes du match, le gardien de but Danilo, impérial tout au long de la campagne qualificative (il avait notamment arrêté quatre penalties), est érigé en héros de cette épopée inattendue. Sur son banc de touche, Caio Junior n’a cessé de prier dans les cinq dernières minutes, «parce que sur un seul ballon, on pouvait tout perdre, tout le travail fait», expliqua-t-il au soir de la qualification. En route pour Medellin, où l’équipe devait disputer la session aller de la première finale de son histoire, son club a finalement été mis K.-O. par un tragique accident aérien au bilan extrêmement lourd. Ce n’est pas un cauchemar, mais bien la réalité.

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