Treize lots d’œufs contaminés ont passé la frontière…

Le ministère de l’Agriculture a annoncé lundi que des œufs au fipronil avaient été découverts sur deux sites français de transformation. Les lots viennent des Pays-Bas, où la crise sanitaire bat son plein depuis juillet.

Le scandale des œufs contaminés, qui touche les pays nordiques depuis le mois de juillet, est-il en train de toucher la France ? Alors qu’Emmanuel Macron recevait les représentants du monde agricole à l’Élysée dans le cadre des états généraux de l’alimentation, le ministère de l’Agriculture a admis lundi soir  que «treize lots d’œufs contaminés» au fipronil en provenance des Pays-Bas avaient été livrés en France, tout en précisant ne pas avoir «à ce jour d’informations de contamination d’œufs en coquille et de viande destinés à la consommation». Mais le consommateur pouvait être potentiellement exposé à cette molécule toxique utilisée comme insecticide vétérinaire : les lots en question ont en effet été découverts au sein de «deux établissements de la Vienne et du Maine-et-Loire» spécialisés dans la fabrication «d’ovoproduits» : des produits dérivés de l’œuf destinés à l’industrie agroalimentaire…

Destruction de millions d’œufs aux Pays-Bas

Considéré comme «modérément toxique» par l’OMS, le fipronil est un anti-parasitaire utilisé pour éradiquer les poux, tiques et autres acariens sur les poules dans les élevages industriels. Mais son utilisation est strictement interdite chez les animaux destinés à la ponte ou à la consommation humaine. Sa découverte dans des élevages a conduit au blocage de 180 exploitations aux Pays-Bas et au rappel massif pour destruction de millions d’œufs dont la coquille présentait des traces de cette substance. La crise s’est ensuite propagée en Allemagne, en Suisse et en Suède, où des millions d’œufs supplémentaires, en provenance des Pays-Bas qui comptent près de 50 millions de poules pondeuses, ont été rappelés et détruits. Pour tenter de rassurer les consommateurs, les éleveurs néerlandais ont déjà abattu plus de 300 000 poules traitées au fipronil. Et les autorités des Pays-Bas ont promis un plan d’aide d’urgence alors que la filière estime déjà ses pertes à «plusieurs millions d’euros».

Analyses en cours

Jusqu’ici, les autorités françaises affirmaient que le pays n’était pas «concerné» par cette crise sanitaire, même si un élevage du Pas-de-Calais a été placé sous surveillance après le signalement de l’utilisation de ce produit par son fournisseur belge. Mais le ministère affirme qu’«aucun œuf issu de cet élevage n’a été mis sur le marché». Ce sont les autorités sanitaires européennes qui ont informé la France ce week-end que treize lots d’œufs au fipronil avaient été livrés dans deux autres élevages. Des investigations ont immédiatement été lancées par les services de contrôles «pour évaluer la situation et bloquer les produits incriminés à des fins d’analyse». Le ministère de l’Agriculture assure que «la présence de fipronil ne constitue pas en soi un risque» et précise que les analyses en cours «permettront de déterminer si le niveau de contamination de ces produits est susceptible de présenter un risque pour la consommation».
Une réunion de crise était en cours ce lundi soir avec tous les acteurs de la filière (collecteurs, transformateurs, distributeurs) pour faire le point sur la situation et «accentuer la surveillance et l’auto-contrôle». Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a aussi saisi l’Anses, l’agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, «pour obtenir un avis sur les risques pour la santé humaine» en cas de consommation d’œufs ou de produits dérivés contaminés au fipronil. Et promet de réévaluer la situation «en temps réel».

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