Grand pourfendeur de la transhumance politique avant son accession à la magistrature suprême, le Président Macky Sall titularise les spécialistes du phénomène dans son équipe, cinq ans après son arrivée au pouvoir.
“On pense autrement dans un château que dans une chaumière”, disait un philosophe. Notre président semble incarner cette mentalité, quelques années après son installation au palais présidentiel.
En 2012, alors candidat de la coalition “Macky 2012”, le futur président de la République du Sénégal s’affichait sur Walf tv en ces termes: “Ce qui est déplorable, c’est que des gens attendent jusqu’à ce que certains se battent et gagnent pour venir les bousculer. ?a ce n’est pas exécutable, et nous ne l’accepterons pas”. Il est évident que l’appétit vient en mangeant, mais il est aussi important de ne pas se laisser assouvir par le nectar du pouvoir. Quelques années après avoir obtenu le pouvoir, le Président de la République lors d’une conférence de presse à Kaffrine affirmait: “Les idéologies sont désormais relativisées. Nous n’accueillons pas des responsables politiques à coups de milliards ou avec des postes”. Non ! Insiste-t-il avant de confier: “nous sommes dans une logique politique. Nous cherchons à renforcer notre majorité pour gagner le 1er tour. Le mot d’ordre c’est l’ouverture. Amenez des gens d’où qu’ils viennent avec n’importe quel moyen. Nous allons réduire l’opposition à sa plus simple expression. ?a va continuer”.
Mais quand les hommes ne peuvent pas changer les faits, ils changent les mots. “Ne parlons pas de transhumance qui a une charge très péjorative. Le terme n’est pas acceptable. La liberté d’aller et venir est garantie par la Constitution. On ne peut pas mettre les gens dans un carcan politique. Lorsque vous avez une majorité, il faut chercher à la consolider en allant chercher dans le camp adverse, dans l’opposition. L’opposition est dans son rôle, elle critique et cherche à récupérer des gens dans la majorité. Que quelqu’un quitte un parti où il ne se sent pas à l’aise pour rejoindre un autre, il n’y a rien de plus normal. Pourquoi quand quelqu’un quitte le parti au pouvoir; pour aller dans un parti d’opposition, on ne parle pas de transhumance. Je suis un exemple, j’ai quitté le PDS pour aller créer mon parti dans l’opposition. Mais personne n’a parlé de transhumance”, avait expliqué le chef de l’Etat. Comme un appel du pied, ces propos séduisants avaient poussé plusieurs cadres opposants à atterrir dans la grande famille de la mouvance présidentielle à la recherche de grâce et de privilèges et surtout de protection face à la CREI et à l’OFNAC. Et le dernier en date de la longue liste s’appelle tout simplement Sada Ndiaye.
Mais pour le Pr Moussa Diaw, enseignant-chercheur en Science Politique à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, “la transhumance ne fait que renforcer la méfiance que l’opinion publique a vis-à-vis des politiques. Elle ne fait qu’écorner davantage l’image des hommes politiques au Séné