Tout ce qu’il faut savoir sur les scandales à répétition autour du passeport diplomatique

L’actualité de ces derniers jours est marquée, au Sénégal, par des affaires de trafic présumé de passeports diplomatiques impliquant, d’une part, des membres du groupe « Y en a marre », et d’autre part, deux députés de l’Assemblée nationale. Une situation qui met au goût du jour la polémique autour de ce précieux document de voyage.
Revoilà les passeports diplomatiques ! Le « cas » Kilifeu et Simon, membres du mouvement « Y en a marre », toujours en garde-à-vue à la Division des investigations criminelles (Dic), et celui des deux députés de la majorité présidentielle (Boubacar Biaye et Mamadou Sall) sous le collimateur du Procureur pour avoir été cités dans une sordide affaire de trafic de passeports diplomatiques, sont révélateurs. Au Sénégal, la pagaille règne toujours autour de ces documents de voyage.
Quand l’Espagne sauvait le Sénégal d’un embargo dans l’espace Schengen
Pourtant, lors du Conseil des ministres du 17 avril 2019, le président de la République, Macky Sall, avait décidé de mettre fin à la « pagaille » autour des passeports diplomatiques, en s’attaquant aux modalités d’octroi de ce document de voyage prestigieux dont la délivrance est minée par la fraude et le trafic.
Cela faisait suite à « l’humiliation » subie par le Sénégal au mois de juillet 2018. Date à laquelle notre pays avait échappé à un embargo contre ses passeports diplomatiques dans l’espace Schengen, après une mesure de l’Union européenne visant à imposer un visa aux détenteurs de passeports diplomatiques issus de certains pays. D’après la presse, n’eût été l’Espagne, le Sénégal serait passé à la trappe. Même Paris, partenaire privilégié sur le plan diplomatique, avait voté cette mesure nonobstant les liens étroits avec Dakar. L’objectif de cette mesure était d’identifier les véritables ayants-droit du précieux sésame. Mais la décision avait finalement été suspendue en attendant d’y voir plus clair. Toutes choses qui auraient provoqué l’ire du Président Macky Sall. Ce dernier, en vertu de ses prérogatives, a voulu donc exiger, encore une fois, plus de contrôles en vue de conjurer ce haro presque général sur le précieux sésame.
Ainsi, il fila une « bombe » à Amadou Ba, alors fraîchement nommé ministre des Affaires étrangères, ayant donc la lourde charge de « retirer » ces documents de voyage des mains de hautes autorités de la République, mais aussi de dignitaires religieux. Ce qui ne manquait pas de susciter de vives réactions notamment chez les religieux. Jusque-là, rien de nouveau, à la lumière des derniers scandales autour de ce document relatés dans la presse sénégalaise.
Toutefois, il est à noter qu’au Sénégal, les polémiques autour de la délivrance de ces types de passeport ne datent pas d’aujourd’hui. En effet, l’on se rappelle, en 2011, sous Abdoulaye Wade, des nouvelles faisaient état de la commercialisation de ce document prestigieux à coups de millions de francs Cfa.
La même année, un jeune Sénégalais, voyageant avec un passeport diplomatique, est arrêté à l’aéroport de Casablanca, détenant de la drogue par-devers lui. Fils de parents proches du pouvoir de l’époque, il sera tiré d’affaires.
Dès son accession au pouvoir, en 2012, Macky Sall avait décidé de mettre de l’ordre. « Mais le mal persiste toujours, parce que n’importe qui peut en disposer et à n’importe quelle fin, y compris des non Sénégalais », s’étranglait un interlocuteur de Seneweb.
L’administration Trump contre les « abus » des Sénégalais
En décembre 2017, selon des informations de la presse américaine, l’administration de Donald Trump a déploré les comportements, sur le territoire américain, de certains Sénégalais qui abusent de leur statut de diplomate. A titre d’exemple, les plaintes de cabinets médicaux, de cliniques privées et d’hôpitaux américains contre certains ressortissants sénégalais détenteurs de passeports diplomatiques se sont accumulées dans les services de la police américaine. En effet, après des études menées par les services autorisés, sur instruction du département d’État américain, il est établi que certains proches de ces compatriotes vivant au pays de l’Oncle Sam et détenteurs de passeport diplomatique ne payaient pas les consultations et les soins dont ils bénéficiaient.
Afin de remédier à cette situation, les autorités américaines ont invité leurs homologues sénégalais à être plus attentives et vigilantes dans la délivrance de ces documents prestigieux de voyage.
Qui doit disposer d’un passeport diplomatique ?
À signaler que le passeport diplomatique est un titre de voyage permettant à son titulaire de jouir, à l’étranger, de privilèges exceptionnels inhérents à son statut juridique ou de mesures de courtoisie internationale attachées à son rang. Il est délivré par le ministère des Affaires étrangères pour un an. Il peut toutefois être prorogé.
Normalement, seuls les membres du gouvernement, les membres des institutions comme le Sénat –qui n’existe plus-, l’Assemblée nationale, le Conseil économique, social et environnemental (Cese), les magistrats et les fonctionnaires sénégalais en service dans les organisations internationales doivent en disposer. Mais, au Sénégal, le constat est unanime : ce sésame se distribue comme de petits pains et profite très souvent à des personnes qui n’en ont pas droit.

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