Thione Seck, Taib Socé, Lamine Diack, les déceptions de l’année 2015

Thione Seck, Taib Socé, Lamine Diack, les déceptions de l’année 2015

En cette année 2015, le monde de la justice s’est écroulé sûr de la tête de trois célébrités jadis aimées, adulées et respectées de tous. Thione Seck, Taib Socé, Lamine Diack, tous ont eu maille à partir avec Dame justice. Si les deux premiers ont été arrêtés et envoyés en prison, le dernier n’a pas fini de surprendre son monde au regard des révélations contenues dans son PV d’audition, en France où il est poursuivi pour corruption passive et blanchiment aggravé. Retour sur trois affaires judiciaires qui méritent d’être qualifiées de déceptions de l’année 2015.

Blanchiment d’argent : Thione Seck, le disque d’or??

Le train de vie de son fils, Wally, avait fini par semer le doute dans les esprits. Pas directement ou nécessairement en lien avec les préoccupations d’un fils qui fait régulièrement les choux gras de la presse à scandale, l’interpellation du père sera perçue comme la confirmation de ce qui ne se murmurait plus entre quatre murs, mais dans les grands palabres dakarois. Mais en attendant son procès, Thione Seck est et reste présumé innocent des faits qui lui ont valu une arrestation et un emprisonnement.

Des podiums dakarois à la prison de Rebeuss

Convoqué dans la matinée du 28 mai 2015, l’icône de la musique sénégalaise ne sortira pas libre de ce face-à-face avec les enquêteurs qui le soupçonnent de blanchiment d’argent. Le leader du Raam Daan sera finalement retenu à la Section de recherches de la gendarmerie de la caserne Samba Diéri Diallo de Colobane, à Dakar. Mis en cause dans une affaire de faux billets de banque qui l’enverra à la citadelle du silence. « Papa Thione » comme l’appellent les intimes, aura surpris son monde. Voir déçu son entourage qui le protège et crie à l’innocence, malgré tout. La publication, dans la presse, du procès-verbal de son audition, ne fera qu’aggraver les soupçons de blanchiment qui pèsent sur un artiste adulé, un père de famille aimé et respecté, jusqu’alors perçu telle une référence dans le monde sénégalais de la musique. Au lendemain de son emprisonnement, tout un mythe s’est effondré. Le chanteur et moralisateur est renvoyé à ses propres chansons, en attendant qu’il soit blanchi ou reconnu coupable par la justice sénégalaise. Mais Thione Seck n’est pas la seule déception de l’année 2015. Une autre célébrité, dont la voix déchire les ondes de la radio à Dakar, confirmera le dicton selon lequel les cordonniers, de tous les temps, sont les plus mal chaussés.

Taïb Socé, prêcheur à la radio, imam chez les détenus

Oustaz Taib Socé, le prêcheur et islamologue qui officie sur la radio Futurs Médias (Rfm), retourne à Rebeuss, la célèbre prison dakaroise qui l’avait accueilli en son sein, quelques mois auparavant. Poursuivi pour une affaire d’escroquerie sur de l’or, qui lui avait valu une arrestation en 2011, par la Division des investigations criminelles (Dic). Placé sous mandat de dépôt, Taib avait dans un premier temps bénéficié d’une liberté provisoire, relaxé par le Tribunal correctionnel de Dakar en première instance, alors que ses coïnculpés, Cheikh Tidiane Diakhaté et Moussa Touré écopaient de 5 ans dont 2 ans assortis du sursis suite à leur condamnation le 25 juillet 2012.

Socé, un procès qui vaut tout l’or de Dubaï…

Un homme « affairé », Taib n’est pas tiré d’affaire, dans l’affaire qui l’oppose à un homme d’affaires dubaïote. Lors de l’audience du lundi 31 août 2015, il est placé sous mandat de dépôt. Condamné à 5 ans dont 3 ans ferme. Reconnu coupable d’association de malfaiteurs et d’escroquerie, par la Cour d’appel de Dakar, qui a rendu son délibéré dans l’affaire de l’escroquerie portant sur de l’or. Trois mois plus tard, le 30 août 2015, à sa grande déception, la Cour d’appel de Dakar rejette la demande de liberté provisoire formulée par ses conseils. Si Thione Seck et Taib Socé croupissent en prison, une autre célébrité, Lamine Diack n’a pas encore été édifié sur son sort. L’octogénaire risque gros dans cette affaire de corruption impliquant des athlètes russes sujets au dopage.

Lamine Diack, du sommet de la gloire aux tréfonds de la déchéance

D’abord cité dans un réseau de corruption créé en 2011, Lamine Diack, ancien président de la fédération internationale d’athlétisme (IAAF), a été mis en examen en France en novembre 2015 pour corruption passive et blanchiment aggravé. Âgé de 82 ans, le vieil homme est suspecté d’avoir remis en espèces, en plusieurs fois, la somme de 140 000 euros à Gabriel Dollé, le médecin qui était en charge de la lutte antidopage à l’IAAF jusqu’à fin 2014. Dans la ligne de mire du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, Diack embarque dans cette affaire de corruption, ses fils Khalil et Papa Massata, ex-conseiller marketing de l’IAAF, le médecin Gabriel Dollé, l’ancien président de la fédération russe et trésorier de l’IAAF Valentin Balaknichev et l’entraîneur Alexey Melnikov.

Course contre Wade : Diack, dans le couloir de la mort… sociale à Dakar

Mais jusqu’ici, l’affaire Diack n’avait pas d’incidence majeure sur la vie politique sénégalaise dont il aura été une figure marquante : député de l’Assemblée nationale de 1978 à 1993, maire de Dakar de 1978 à 1980. Membre du comité national olympique du Sénégal de 1974 à 2002, l’ex-président de l’IAAF démissionnaire du CIO depuis le 11 novembre 2015, finira par confirmer les soupçons qui pèsent sur sa personne. Le coup de grâce lui sera porté dans un article signé du journal Le Monde le 18 décembre 2015, lorsque le canard français poste sur son site internet puis dans le journal papier, une publication dans laquelle il met en cause directement le président Macky Sall dont la campagne électorale 2012 aurait été financée par l’ex-patron de l’Iaaf. 

Une bombe à fragmentations, qui fait mouche dans la presse internationale et bouscule l’État sénégalais à son plus haut niveau. Au point que le journal français en soit amené à publier une mise au point, pour « disculper » le président sénégalais que Diack n’a pas mis en cause, directement.

Diack, des soupçons qui persistent

Or, si Lamine Diack a déclaré n’avoir pas mentionné le nom du président Macky Sall et réfuté tout financement de sa campagne par les fonds russes, le mystère persiste et la suspicion grandissante au sein d’une classe politique sénégalaise, loin d’être convaincue de la « vacuité » de ces accusations réfutées quelques heures seulement après leur publication. D’ailleurs, le coordonnateur de la principale formation politique de l’opposition (Pds), à savoir Oumar Sarr, est présentement dans les liens de la détention, pour avoir saisi au rebond la balle tirée par Diack depuis l’hexagone. 

À un an de la tenue de l’élection présidentielle conformément aux promesses de campagne de Macky Sall, cette affaire Diack qui remet en question le financement des partis politiques au Sénégal, risque de faire d’autres victimes au cas où des noms seraient dévoilés. Les noms des principaux bénéficiaires des fonds russes de Diack…

seneweb 

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