Dans une tribune au vitriol, Thierno Bocoum, ancien parlementaire et président du mouvement AGIR, s’en est pris frontalement au Premier ministre, qu’il accuse d’arrogance, de confusion des rôles et d’incapacité à faire face aux véritables attentes des Sénégalais.
Intitulée « De la parole forte à l’action faible : le piège de l’arrogance au pouvoir », la déclaration de Thierno Bocoum est une charge directe contre ce qu’il décrit comme une gouvernance populiste, marquée par le brouillage volontaire des repères démocratiques.
« Le Premier ministre entretient une confusion constante entre des concepts pourtant fondamentaux : le peuple et les partisans, la justice et la clameur populaire, la responsabilité gouvernementale et le militantisme politique », fustige Thierno Bocoum. Il accuse le chef du gouvernement de privilégier le clash à la pédagogie, la diversion à l’action, et le pugilat verbal à la rigueur républicaine, dans un style de gouvernance qui, selon lui, frôle le populisme dangereux.
« Privé d’actes tangibles pour accompagner ses discours enflammés, il s’enferme dans la diversion. Il allume des contrefeux pour fuir les vraies responsabilités », déplore-t-il, estimant que le Premier ministre donne l’impression de conduire un « mandat présidentiel par procuration », sans vision claire ni capacité d’écoute. Sur les questions économiques, Thierno Bocoum rejette la tendance du gouvernement à se glorifier des baisses de prix liées aux fluctuations internationales, tout en occultant les hausses à venir. Il appelle à une lecture structurelle et responsable de l’économie, plutôt qu’à une communication opportuniste.
Mais c’est sur le terrain de la justice et de la liberté d’expression que le ton devient le plus grave. L’ancien député s’indigne du traitement des critiques dans l’espace public et dénonce un « double discours flagrant », entre répression des voix dissidentes et amnistie pour certains auteurs d’actes violents : « Ce qui est inacceptable, c’est de brandir les limites de la liberté d’expression pour faire taire les critiques, tout en orchestrant — par le biais de sa majorité parlementaire — l’amnistie d’auteurs de violences ».
En conclusion, Thierno Bocoum prévient : les slogans et les éléments de langage ne suffiront pas à masquer les « carences manifestes en matière de gouvernance ». Un message qui résonne comme un avertissement, à l’heure où le climat politique reste tendu et les attentes populaires toujours vives.