Seydi Ababcar Sy, le Khalife orthodoxe qui a puisé à la « source» (Portrait).

L’évocation de son nom fait sursauter plus d’un disciple, tant il est adulé. Lui, c’est Seydi Ababacar Sy, le premier Khalif de El Hadj Malick Sy qui a sans doute puisé ses connaissances à la « grande école ».

L’évocation de son nom fait sursauter plus d’un disciple, tant il est adulé. Lui, c’est Seydi Ababacar Sy, le premier Khalif de El Hadj Malick Sy qui a sans doute puisé ses connaissances à la « grande école ».

 

Les débuts du Khalif de Maodo

Né à Saint Louis en 1885, Serigne Ababacar Sy était à son jeune âge sous la tutelle de son père qui lui assura sa formation scientifique et mystique. C’est ainsi qu’il lui apprit l’interprétation du coran, les « hadiths », le droit musulman, la méthodologie juridique et la bibliographie du Prophète (PSL). Il apprend également toutes les branches de la littérature arabe dont la métrique, le grammaire, la rhétorique, la versification et la logique. Il mena ses études avec beaucoup de minuties, ce qui lui a valu d’exceller en maître dans chacune de ces matières à Tivaouane. C’est aussi de son père qu’il reçu l’initiation au ‘Wird’, avant d’entamer son périple à l’intérieur du pays.

Durant cette mission, Seydi Ababacar a séjourné dans les villes alors dites les quatre communes de la France que furent Saint louis, Dakar, Rufisque et Gorée.

C’est à Rufisque qu’il se fixe d’abord sur ordre de son père pour y enseigner le coran, le droit musulman, et les principes de la confrérie. Il entame alors une vie mystique caractérisée de longues retraites en brousses ou dans sa chambre. Ses déplacements le menèrent aussi à Joal, où il réussit à convertir beaucoup de sérères à l’islam.

Des propos de Abdoul Aziz Sy Al Amine, Serigne Babacar Sy l’a confié qu’un jour de jeudi, dans la matinée, il était parti voir son père qui l’avait appelé pour s’entretenir avec lui.

Son père lui aurait dit en ce jour que le sacerdoce du guide spirituel de la Tidjania lui a été déjà confié par ses prédécesseurs, en l’occurrence, Cheikh Ahmed Tijani et El hadj Oumar Foutiyou Tall après la fin de sa mission d’ici bas et lui demanda son avis. Peu perplexe, Serigne Babacar Sy répondit à son père qu’il est en mesure d’assurer ce sacerdoce religieux et moral. Mais, à une seule condition, « assurer le khalifat tout en restant un mystère pour les gens. » Son père lui enjoigne alors d’aller terminer sa ‘zawiya’ qui est à Saint Louis. El Hadj Malick lui informe aussi qu’il a deux livres à terminer, et s’il les achève, il s’en irait en lui laissant la mission.

En 1921, Serigne Babacar se rend à Saint- Louis et entrepris les travaux de la Zawiya. Il y resta jusqu’à l’achèvement des travaux. Après la remise des clés en 1922, Serigne Babacar reçut de son père un autre message. Il l’invita cette fois-ci à se rendre à Tivaouane. El hadj Malick venait de terminer la rédaction de ses deux livres et commençait déjà à sentir la fin de sa mission.

A cette date, Serigne Babacar Sy se rendit à Tivaouane, au chevet de son père. En homme de Dieu, Maodo avait définitivement régler sa succession. Ainsi, au soir du 22 juin 1922, quand El Hadj Malick Sy arriva au terme de sa vie, il était connu de tous que Seydi Ababacar Sy était le successeur.

Seydi Babacar le Khalif

Serigne Babacar syLa particularité du Khalifat de Seydi Ababacar réside dans le fait que pour la première fois dans les annales de l’héritage du tariqa, un fils succède à son père. Un privilège dont n’ont bénéficié jusqu’ici ni les enfants de Cheikhou Oumar Foutiya Tall, ni ceux de Mouhame Ghali, ni même de Seydi Cheikh Ahmed Tidiane, fondateur de la tariqa.

En plus, Seydi Ababacar Sy avait en face de lui, une génération de ‘Mouqadams’ formés à l’école de son père. Ils étaient tous aussi capables les uns des autres d’assurer la pérennité de l’œuvre de son père. C’est d’ailleurs pourquoi cela avait provoqué des réticences au point de pousser certaines personnalités de la ville de le convoquer un jour à la mosquée pour discuter avec lui. Après avoir écouté attentivement ces derniers, il leur répondit :

« Vos suggestions sont trop tardives car sept ans avant la disparition de El Hadj Malick Sy, j’assumais déjà la fonction de khalifat de Mawlaya Abul Abbas, Cheikh Ahmeth Tijani. Et ceci n’est point en rapport avec le fait d’être ou non fils de Moado. Car, même si j’étais le fils de ‘Lamen Faden’, je serais Khalif. C’est là, le décret divin irréversible devant lequel la nature humaine est impuissante ».

La véracité des propos de Seydi Ababacar Sy était attestée de manière éclatante par la venue au Sénégal d’Ahmet Tidiane, petit fils du vénéré Cheikh Tidjani. En effet, celui-ci avait postulé auprès de Seydi Ababacar Sy une autorisation spéciale de l’époque de l’ordre de la Tariqa (Ijaza). Il justifiait cette demande en arguant qu’il était son Calife et que tout aspirant à l’ordre était dans l’obligation de le consulter.

Malgré cela, une certaine tension s’était installée et a persisté jusqu’à ce que Cheikh Sukaurige adressât à Seydi Aboubacar Sy une lettre dont voici le contenu :

«  Je n’ai eu qu’une seule préoccupation depuis la disparition de Seydi El hadj Malick Sy par qui Dieu a vivifié les enseignements de la religion musulmane. C’est également sous sa direction que d’aucuns sont parvenus à mériter la bénédiction divine. Depuis lors, je suis à la recherche par voie mystique de celui qui sera son successeur sur le plan spirituel et temporel pour la direction de la Tidjanya dans la sous région. Tous les fidèles de son entourage peuvent lui succéder, qu’ils soient connus ou inconnus ; qu’ils soient fils ou disciples. Mais mes investigations mystiques ont révélé que son fils ‘préféré’ Ababacar doit le remplacer au Califat car sur ses épaules, reposent les deux missions ésotériques et exotériques. Et je ne pense pas qu’un quelconque fidèle inspiré se démarquera de cette position. Je tiens en outre à vous faire comprendre qu’El Hadj Malick est considéré comme un fils spirituel car je lui ai délivré une autorisation particulière de la pratique du ‘wird’ Tidjani puisqu’il m’avait écrit une lettre dans ce sens pour ma ‘baraqa’, ma bénédiction. Par la suite, j’ai eu le pressentiment qu’Ababacar sera son successeur et par voie de conséquence, je lui ai délivré la même autorisation ainsi qu’à son  frère Mansour sans qu’ils en aient formulé la demande.

Dès lors, Dieu bénira quiconque fait allégeance à Ababacar Sy. Une illumination l’habitera ici-bas et dans l’au delà, il sera aimé du Seigneur et aura le contact permanent avec les autres Saints tant qu’il lui reste obéissant.

A tous les fidèles, cette recommandation s’impose. Restez attachés à Ababacar Sy, soutenait –le, dans sa noble tache car il l’accomplira avec succès, advienne que pourra. Ne soyez pas victimes des suppôts du séparatisme. Après investigations mystiques sur Ababacar et Mansour, je leur ai délivré des autorisations générales et particulières car mon rang dans l’ordre Tidjanya est indéniable puisque je suis initié par Ali at-Tamacin, lui-même initié par Cheikh Ahmed Tidiani en personne.

Quiconque s’oppose à son accession au Califat en subira les conséquences. N’enfreignez pas ces instructions au risque d’encourir une fâcheuse mésaventure ».

Serigne Babacar assura ainsi le Khalifat jusqu’à sa mort le 27 mars 1957.

Source: Tiossane

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici