SERIGNE MOUSTAPHA SY SUR LE KHALIFAT : «On peut te donner le khalifat, sans pour autant que tu sois un …»

Serigne Moustapha Sy s’est gardé de s’attarder sur des détails politiques lors du Gamou. Mais le patron du Parti de l’Unité et du Rassemblement (Pur) n’a pu s’empêcher d’annoncer la participation de sa formation politique à la Présidentielle. Même s’il ne sera pas directement sur le terrain, Serigne Moustapha Sy, qui entend impliquer dans la campagne des proches comme Habib Sy (fils de Serigne Mansour Sy Borom Daaraji) et Cheikh Omar Sy (fils de son homonyme Moustapha Sy Djamil), annonce un changement imminent. Auparavant, Habib Sy a évoqué les difficultés que connaissent le pays et les populations et a invité le guide des Moustarchidines wal Moustarchidatis à intervenir «pour décoder la situation».

Le Parti de l’unité et du rassemblement (Pur), qui a déjà bouclé le nombre de parrains requis depuis la première semaine de l’ouverture des opérations de parrainage, sera bel et bien de la course à la présidentielle de 2019. Et son président, Serigne Moustapha Sy, l’a bien fait savoir, lors de la cérémonie de ziarra du Gamou. Même si, la veille, il s’était gardé de parler politique. «Beaucoup scrutent et se demandant où va le pays. Mais je ne vais pas en parler aujourd’hui. Parce que cette nuit (du Maouloud) appartient au Prophète (Paix et Salut sur Lui). Et je n’évoque pas des détails dans la nuit du Prophète (Psl)», explique-t-il.

Le représentant du Khalife général des Mourides chargé d’informer ce dernier de la participation du Pur à l’élection présidentielle

S’adressant au représentant de Touba à la cérémonie, Serigne Mohamed Mbacké Wadoud, le Guide des Moustarchidines wal Moustarchidatis l’a chargé d’informer le Khalife que le Pur prendra part au scrutin du 24 février 2019. «C’est vous que je charge de cette commission pour Touba, auprès du sage (Khalife) qui est à Touba, et avec qui je partage une estime réciproque. Il m’a envoyé des présents lors de la Tabaski et lors du Gamou. Vous lui direz : ‘’Votre parent m’a chargé de vous dire que son parti va à l’élection présidentielle’’».
Et hier matin, lors de la «ziarra», en présence de Serigne Habib Sy (fils du défunt Khalife, Serigne Mansour Sy Borom Daaraji) et de Cheikh Omar Sy (fils de son homonyme Serigne Moustapha Sy Djamil), le président du Pur est allé plus loin, quant à la participation de son parti à la prochaine présidentielle. Il a évoqué, entre autres, les recommandations concernant son parti, l’implication de certains proches et sa propre posture pendant la campagne électorale.

La recommandation des anciens pour booster le Pur et la participation de Habib Sy et Omar Sy à la campagne électorale

«La dernière recommandation des anciens (leurs parents et grands-parents) concernait le parti Pur. Ils m’ont envoyé un verset, me disant de le mettre dans Diawartoul Kamal, et en m’expliquant où exactement le mettre. Mais j’attends d’avoir pleine confiance aux miens, avant de déclencher ce que je dois déclencher», a-t-il lancé à Habib Sy. Et d’ajouter que les anciens sont à un autre niveau, où ils jouent leur partition. Et que, eux, plus jeunes, de la même manière, doivent aussi jouer leur rôle en fonction des réalités de leur époque, accompagné en cela par tous leurs disciples et autres Sénégalais. Poursuivant, le patron des Moustarchidines se veut plus clair sur le plan politique. «Sous peu, il y aura un changement. Tu as parlé des difficultés ; tu as parlé de la situation difficile du pays. Et quand viendra la campagne (électorale), c’est toi (Habib Sy) qui seras en en avant, avec Cheikh. C’est vous qui serez en avant. Moi je vous attendrais à la maison. Vous ferez ce que vous aurez à faire et vous me rendrez compte», déclare Serigne Moustapha.

Habib Sy Mansour : «Le pays est dans une situation difficile… Les gens sont fatigués»

Avant l’intervention de Serigne Moustapha Sy, son hôte et frère Habib Sy a, dans son discours, évoqué la situation difficile du pays, et a invité le marabout à intervenir, pour «décoder» la situation, lui qui a «le code et le mot de passe». «Il faut agir. Le pays est dans une situation difficile. Les gens sont fatigués. Les besoins sont nombreux. Et ce n’est que de vous qu’ils espèrent des solutions. Prie pour que le coup parte et que les besoins soient satisfaits», a martelé le fils du défunt Khalife Serigne Mansour Sy Borom Daaraji. Ne tarissant pas d’éloges à l’endroit de Serigne Moustapha, Habib Sy a bien précisé qu’il sait bien de quoi il parle.

Mbaye THIANDOUM

SERIGNE MOUSTAPHA SY SUR LE KHALIFAT

«On peut te donner le khalifat, sans pour autant que tu sois un Khalife. On naît chef, on ne le devient pas…»

Porter le titre de Khalife ne veut pas forcément dire qu’on est Khalife. Selon Serigne Moustapha Sy, on peut être désigné Khalife, sans qu’on en ait l’étoffe, parce que des gens t’ont donné le Khalifat pour pouvoir ensuite te faire du chantage.

On peut porter le titre de Khalife sans être véritablement un Khalife. C’est la conviction de Serigne Moustapha Sy, qui s’exprimait hier lors de la ziarra de lendemain de Gamou. «On peut te donner le khalifat, sans pour autant que tu sois un Khalife. C’est quelque chose à prendre en compte. Tu es désigné Khalife, mais tu n’es pas Khalife. Parce qu’on nait chef, on ne le devient pas. Il y a des gens, dont c’est le Khalifat qui vient vers eux, mais jamais ils ne vont trouver leur Khalifat. Parce que ce sera un retard pour eux. C’est ce que le vieux (son père Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum) disait quand Serigne Babacar est décédé, et qu’il y a eu une polémique. Il a dit : ‘’j’ai assuré sa succession 7 ans avant qu’il ne décède’’», explique le guide des Moustarchidines wal Moustarchidatis.
Poursuivant, il souligne que «tous ceux qui sont fatigués dans la vie, c’est parce qu’ils n’ont pas laissé venir à eux le pouvoir ou le titre qu’ils détiennent». Et que «ce sont des gens qui leur donnent ça, pour leur faire du chantage». Or, pour lui, «quand on te fait porter un boubou, soit il est étroit, soit il est trop large» pour toi. Mais, à l’en croire, «le mieux dans ce cas, est que le boubou soit étroit, parce que si c’est trop large, tu ne pourras pas marcher normalement». Car dit-il, «tout le temps, tu es occupé à relever les pans qui tombent au sol, pour éviter que ça ne te fasse trébucher ; et en même temps, tu balayes toutes les saletés sur ton chemin».

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