Ancien porte-parole de Me Abdoulaye Wade, Serigne Mbacké Ndiaye fustige le comportement de certains responsables libéraux qui, à l’en croire, « ne veulent pas que Karim Wade soit libéré ».
Le Pds semble ne plus faire de la libération de Karim Wade sa principale priorité. Qu’en est-il exactement ?
Vous savez, dans cette affaire de combat pour la libération de Karim Wade, moi, je suis très à l’aise. Parce que, depuis le début, je suis en désaccord total avec la ligne du Pds. Cette ligne consistait à insulter, à attaquer les gens, à utiliser une violence verbale. Depuis le début, je l’ai dit, ça ne mène à rien du tout. Et je suis au regret de constater que les faits me donnent raison, c’est ça la vérité. Vous m’avez suivi l’autre jour, demander la grâce pour Karim. Après certains m’ont appelé pour me dire : « Pourquoi vous le dites ? Karim ne vous l’a pas dit ». J’ai dit : « Je ne cherche pas à plaire ou à déplaire. Ce que Karim veut ou ce qu’il ne veut pas, c’est le cadet de mes soucis. Moi, je me bats pour sa libération, et je suis convaincu que c’est cette ligne-là qui pourra le sortir de prison. Mais pas une ligne faite d’invectives ». Vous savez, quand Abdoulaye Wade était arrêté vers les années 1988, tout le pays était paralysé, les bus ne roulaient pas, les étudiants étaient dans la rue. Mais, aujourd’hui, avec Karim, ce n’est pas la même chose. Donc, il faut apprécier à sa juste valeur. Et on a l’impression que, quelque part, il y a des gens qui déclarent une lutte pour la libération de Karim Wade, en vérité, ils ne veulent pas que Karim soit libéré.
Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
Parce qu’à chaque fois, que nous avons posé des actes depuis le début de cette affaire pouvant aboutir à sa libération, au dernier moment, ils mettent du sable dans la machine. Je ne veux pas citer d’exemple, mais ils savent bien de quoi je parle. Moi, en ce qui me concerne, je me veux fidèle à cette ligne. Je ferai tout ce qui est humainement possible pour qu’il soit libéré. Maintenant, vous le constatez comme moi, l’ardeur qu’ils mettent, aujourd’hui, pour se battre, pour arriver à un groupe parlementaire, est-ce que les mêmes efforts sont consacrés pour la libération de Karim ? Ce n’est pas du tout le cas. Aujourd’hui, tous ceux qui se battent pour la libération de Karim, ce sont ses parents ou ses amis, ou ceux qui s’appellent les « Karimistes ». C’est ça la vérité aujourd’hui. En tout cas, moi, en ce qui me concerne, je ne lâcherai jamais, tant que Karim ne sortira de prison. Et je suis sûr d’arriver à un bon résultat. Et c’est dommage, aujourd’hui.
Est-ce à dire que si vos « frères » et « sœurs » de parti vous avaient écouté, on en serait pas là ?
Même dans le cercle du Pds, beaucoup de gens me disent : « Si on vous avait écouté, la situation ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui ». Je vous donne un seul exemple, et ça c’est important. Lors du sommet de la Francophonie à Dakar, Me Abdoulaye Wade était invité, et je suis convaincu, moi, que si Wade avait répondu à l’appel de Macky Sall, d’Abdou Diouf, d’Alassane Ouattara, et de tant d’autres, certainement, Karim ne serait pas, aujourd’hui, dans cette situation-là. Il y en a qui ont intérêt à ce que Karim soit maintenu en prison. D’abord, certains se disent si Karim sort, ils sont foutus. Il y en a qui veulent être candidat à l’élection présidentielle, et ils pensent que si Karim est maintenu en prison, ils peuvent être une pièce de rechange. Et malheureusement, le pauvre est le seul à croupir en prison. Donc, il y a beaucoup de voies et moyens, de mon point de vue, qu’on aurait pu utiliser, pour ne pas arriver à cette situation-là.
