Sergio Busquets, là où tout a commencé

En 2007, un gamin fluet et discret entrait sur la pelouse pour sauver son équipe mal embarquée. À ce moment, personne n’imaginait encore le géant qu’il allait devenir.

Imaginez un joueur « parfait » tactiquement. Un joueur toujours devant les autres, toujours là pour sauver les siens. Ce joueur, s’il devait exister, ce serait celui-ci : Sergio Busquets. Le joueur catalan fait assurément partie des meilleurs milieux de terrain du monde, si ce n’est le meilleur, comme le prétend son compagnon Xavi Hernandez. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute sur le fait que le natif de Sabadell représente une référence absolue à son poste. Vicente Del Bosque en personne est même allé jusqu’à dire que s’il pouvait se réincarner en un footballeur, il choisirait Busquets. Mais ce qui est sûr, c’est que tout n’a pas toujours été simple pour construire et maintenir une carrière qui a notamment conduit l’actuel numéro 5 catalan à tout gagner, que ce soit avec le Barça ou avec la sélection espagnole. Triple vainqueur de la Ligue des champions, 5 Ligas, champion du monde en 2010 et double champion d’Europe en titre, entre autres. Bien qu’il ait dès le départ compté sur le soutien indéfectible de Guardiola, qui l’aura à jamais changé comme footballeur et comme personne, les débuts du jeune milieu de terrain n’ont pas été des plus agréables. Le temps aura cependant donné raison à Pep le visionnaire. Mais qui, à l’époque, aurait imaginé une progression aussi exceptionnelle ?

Dans un entretien à Mundo Deportivo, le joueur se confiait sur ses débuts : « Je n’oublierai jamais ce moment. Pas seulement pour les débuts en tant que tel, mais aussi parce que c’était une époque où je me blessais souvent, c’était difficile de récupérer. Dans ces moments là, le plus important, c’est de se sentir à nouveau en tant que footballeur, d’être sur le terrain. Et je suis entré. Peu de temps après, j’ai mis un but. Une frappe croisée. J’étais comblé, je ne pouvais rien demander de plus ».

L’actuel président de Banyoles, Pau Teixidor, est lui aussi revenu sur ce match. « En fait, si on compare le Busquets actuel avec celui qui a joué contre nous, on a l’impression que c’est un autre footballeur. Il a beaucoup changé, mais en bien. Ce jour là, on aurait pu penser qu’il entrait comme le faisait autrefois Alexanko, l’ancien défenseur central du Barça. C’est-à-dire pour apporter son gabarit en défense, pour « tenir la baraque ». Mais non. Il est entré à 2-2, dans une partie que l’on pensait pouvoir gagner… On a fini par perdre 3-2 ».

Sergio se remémore d’ailleurs : « ça m’a plu d’entrer sur le terrain et de jouer devant, en tant qu’attaquant improvisé, parce qu’on allait perdre et que l’important était de gagner le match. Le coach a fait ce qu’il fallait, et ça a marché ». À la fin de la partie, Pep Guardiola plaisantait d’ailleurs à son sujet : « Je ne sais pas qui lui a appris à jouer au foot. Son père, c’était un désastre ». L’actuel entraîneur du Bayern Munich, qui a dirigé le Barça du sextuplé en 2009, ajoutait par la suite que « Sergio est un footballeur en or. Il a fait beaucoup de chemin pour arriver où il en est. Il a beaucoup de mérite ». En tout cas, le technicien avait vu juste. Une fois de plus.

Pour parler de Sergio, qui de mieux qu’un des anciens membres du Barça B qui a eu à maintes fois l’occasion de le côtoyer à l’époque ? Victor Vazquez, l’un des membres de la génération 1987 avec Messi, Piqué ou Fabregas, se confie. Après avoir brillé à Bruges pendant 5 ans, le joueur espagnol de 29 ans, évoluant aujourd’hui au club mexicain de Cruz Azul, dresse un portrait sans équivoque de son ancien coéquipier : « Sergio est vraiment un crack. Il y a plusieurs années, quand on était encore en B, il jouait rarement. On pensait qu’il n’avait pas le niveau suffisant, et plusieurs joueurs étaient devant lui. Mais peu à peu, il a fait son trou. Il a gagné la confiance de Guardiola pour son goût du travail et sa volonté de s’améliorer et il s’est imposé ».

Pour Vazquez, « le secret est que Pep a vu quelque chose de spécial en lui. Et avec l’aide des autres, il a crée un monstre. Franchement, je ne pensais pas qu’il irait si haut. Maintenant, il est l’un des meilleurs milieux de terrain du monde, si ce n’est le meilleur, pour ma conception du foot en tout cas ».

Depuis le début, Victor parle de Busi avec fierté. « Son évolution est vraiment exceptionnelle. Il a franchi les étapes une à une à une vitesse incroyable, et aujourd’hui s’il n’est pas sur le terrain, il manque beaucoup au Barça. Actuellement, c’est une référence à part entière dans la meilleure équipe du monde aux côtés de Messi, Neymar ou Suarez. Si ce joueur n’avait jamais fait partie du Barça, soyez sûr que l’équipe ne serait pas du tout la même ». Toujours avec sérieux, Victor a essayé de dresser un portrait de son ami et ancien partenaire : « Pour moi, ses qualités principales sont son placement et son intelligence. Il est toujours là où a besoin l’équipe et il se trouve souvent proche de ses coéquipiers pour les aider au moment opportun ».

Victor Sanchez, également partenaire de Busquets en équipe B et évoluant aujourd’hui à l’Espanyol, faisait pour sa part remarquer que « la différence entre Sergio et le reste des joueurs, c’est qu’il joue de la même manière maintenant que quand il était en troisième division. Et c’est très compliqué d’être comme ça. Sergio, lui, a toujours la même aisance sur le terrain, que ce soit le Camp Nou ou ailleurs, entouré de gamins ».

Pour Sanchez, « il sent et comprend très bien le jeu, le déroulement des matchs.Il ne se base pas sur la force ou la vitesse. Mais il pense très rapidement. Tactiquement, il est au point plus que n’importe qui d’autre. Il sait toujours quand et comment bouger, que son équipe ait le ballon ou qu’elle ne l’ait pas. Il contrôle le jeu, les espaces. Parfois, il équilibre l’équipe à lui tout seul ».

Mais même avec des facultés, même avec une volonté de travail, même avec une motivation sans faille, personne n’aurait imaginé l’évolution que suivrait ce gamin. Ce gosse, milieu défensif, qui entrait en tant qu’attaquant au cours d’un match que personne ne regardait à l’époque pour essayer de faire gagner l’équipe B de son club. Ce gosse, pas tout de suite le plus en vue, pas tout de suite le plus impressionnant, mais qui a su se faire une place et progresser pour devenir le meilleur joueur du monde à son poste.

Loin d’être le plus médiatisé, loin d’être celui qui marque le plus ou qui court le plus vite, Sergio a tout dans sa tête. Un ordinateur qui voit tout, qui comprend tout, qui contrôle tout, qui ne se trompe (presque) jamais. Une capacité d’analyse exceptionnelle qui fait que la grande perche a toujours un temps d’avance sur tout le monde, que ce soit les copains quand il avait 15 ans ou un adversaire en finale de Ligue des champions.

Quand certains disent qu’il faut profiter de voir Messi jouer tant qu’il est encore au niveau, il va de soi qu’ils ont raison. Mais quelquefois, rappelons nous aussi de la chance de voir évoluer ce joueur là. La simplicité de son jeu, l’efficacité qui en ressort, le plaisir que ressentent ses partenaires à évoluer à ses côtés… Profitons du plaisir de voir cette grande gigue de balader toutes les semaines sur les pelouses d’Espagne et d’Europe. Délectons nous, tant qu’on le peut encore, de tous ses petits gestes qui facilitent la vie de l’équipe toute entière : la fermeture d’un espace qui aurait pu entraîner un contre dangereux pour l’adversaire, le râteau à l’intérieur de sa propre surface pour se défaire d’un marquage, d’une relance qui casse une ligne et qui entraîne une situation de contre, d’une récupération haute suivie d’une passe instantanée à Messi qui marquera quelques instants plus tard avant de lever les deux doigts au ciel.

Et puis, quand ce sera fini, on repensera au gamin qui a commencé à jouer attaquant avec Guardiola. À la carrière qui l’attendait. Aux titres qu’il gagnerait et à l’importance qu’il prendrait dans l’équipe A. Et on remerciera Pep d’avoir crû en lui et de l’avoir fait entrer contre Banyoles ce jour-ci. Là où tout a commencé.

 

 

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