Sa Cadior, malade depuis 5 mois : «Balla Gaye 2 a dépensé presque 300 000 FCfa pour mes analyses»

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Cruelle, cette histoire de carrière inhibée de sportif perdu dans un trou noir. Des jours passés alité. Des nuits blanches à méditer sur un avenir hypothéqué par une santé précaire. L’idole d’hier devient aujourd’hui un pauvre malade laissé à son sort. Ce mastodonte qui montait les dunes de sables à l’entraînement est aujourd’hui incapable d’aligner quelques pas de marche. C’est à peine s’il tient sur ses jambes. Emmitouflé dans un pull et un boubou traditionnel, bonnet couvrant le chef, écharpe autour du cou, le reste du corps sous une couverture rouge pour se protéger de la brise qui enveloppe la cité Air Afrique de Guédiawaye, en cet après-midi du lundi 25 avril, Sa Cadior, ce champion de la lutte avec frappe, est remisé à la cave. La faute à une maladie mystérieuse qui le ronge depuis cinq longs mois. Et c’est à peine si sa voix contant sa souffrance à L’Obs est audible.

Sa Cadior,

«Je rends grâce à Dieu, puisque mon état de santé s’améliore. J’ai passé des jours et des nuits terribles. Il y a quelques mois, j’étais très malade. J’ai souffert. Je suis dans cet état depuis décembre 2015. C’est difficile, mais je m’en remets à Dieu. Difficile de passer tout son temps à se soigner sans jamais guérir. Seule ma foi en Dieu me permet encore de tenir. Je ne sais même pas quelle mal me cloue encore au lit. A l’hôpital, on a tout fait, mais rien. J’ai fait toutes les analyses qu’il fallait, mais jusque-là, on ne sait pas de quoi je souffre. Par la suite, j’ai recouru aux tradipraticiens qui, non plus, n’ont rien trouvé. Chez les marabouts, on me dit que quelqu’un m’a jeté un sort. Mais, c’est toujours difficile de penser à ces choses. Je ne peux accuser personne.»

Dans quelles circonstances êtes-vous tombé malade ?

J’avais signé un contrat avec Manga Production pour un combat contre Bismi Ndoye. C’est à deux semaines du combat que j’ai eu un petit malaise. C’était à l’entraînement d’ailleurs. Je croyais que ce n’était rien de grave. Mais le lendemain, les choses ont empiré. Je suis tombé malade au point de déclarer forfait.

Comment se manifeste cette mystérieuse maladie ?

J’ai mal partout. Mais le plus grave, c’est que mon corps est souvent enflé. Et quand ça se désenfle, certaines parties, comme le cou et les mâchoires sont endolories. Parfois, j’ai du mal à marcher. Je suis souvent alité. Mais ces derniers jours, ça s’améliore. J’ai dû recourir aux pratiques mystiques. Je croise les doigts.

Grand sportif de votre trempe, qu’est-ce qui fait le plus mal dans telle situation ?

C’est vrai que j’ai mal physiquement, mais moralement aussi, j’ai subi un énorme coup. C’est dans ces moments qu’on reconnaît ses amis et les gens qui nous veulent du bien. Sur ce plan, j’avoue que beaucoup m’ont déçu. Surtout ceux avec qui j’entretenais des relations très étroites. Des gens que je pensais être mes amis m’ont montré combien ils sont ingrats. Ils m’ont délaissé. Personne ne m’appelle au téléphone, ne serait-ce que pour prendre de mes nouvelles. Ils ne savent pas ce que j’endure. Parfois, j’essaie d’appeler des gens pour demander de l’aide, mais ils ne décrochent pas. Le monde de la lutte est ingrat.

A qui faites-vous allusion ?

Je veux parler du monde de la lutte. Je comprends maintenant ceux qui parlaient d’ingratitude dans la lutte. Il y a des gens qui avaient toujours besoin de moi, quand j’étais opérationnel. Aujourd’hui, ils ne cherchent même pas à savoir dans quelle situation je suis. C’est dommage. Il n’y a que les membres de ma famille qui s’occupent de moi. C’est mon père que je ne saurais remercier assez. C’est ma femme qui m’apporte un grand soutien. Il y a aussi des gens grâce à qui je tiens encore le coup, comme Gandy Ndiaye, Ibra Kassé…

Et les membres de votre écurie Mor Fadam. Sont-ils venus à votre chevet ?

J’avoue que tout au début, Gouy-Gui m’a apporté le soutien qu’il fallait. Il venait me voir ou m’appelait au téléphone. Franchement il a fait ce qu’il a pu pour m’aider. Mais après, il s’est fait rare. Je ne lui en veux pas. Je comprends qu’il est très occupé. En plus, je n’aime pas fatiguer les gens. Parfois, il m’appelle, mais je lui dis que je vais mieux, même si c’est le contraire. Je suis avec ma famille qui s’occupe de moi. C’est juste une maladie. Je serai guéri un jour. A part Gouy Gui, je n’ai vu aucun membre de mon écurie. Mais, je tiens à remercier profondément Balla Gaye 2. Son geste me touche. Quand j’étais à sec, alors que j’avais des analyses à faire, c’est lui qui s’en est chargé. Il a dépensé presque 300 000 FCfa pour mes analyses. C’est quelqu’un qui a un grand cœur. Je ne cesserai de prier pour Balla Gaye 2 (ndlr: la voix de Sa Cadior tremble). Le promoteur Aziz Ndiaye avait promis de faire quelque chose. Malheureusement, jusqu’au moment où je vous parle, je n’ai plus de ses nouvelles. Une fois, j’ai quitté l’hôpital pour rallier son bureau où il m’avait demandé de passer. Je suis resté plus de 2 heures à l’entendre. Finalement, je suis rentré sans le voir. Il y a aussi Manga 2 à qui un contrat me lie et qui malheureusement, ne m’a pas encore appelé pour avoir de mes nouvelles. Je suis parti également voir Khadim Gadiaga, le président des lutteurs en activité qui, malheureusement, n’a toujours pas réagi. C’est dommage, mais je tiens le coup.

Que devient ce contrat avec Manga 2 Production ?

C’est un contrat qui dure maintenant trois ans. J’avais reçu une avance pour un combat contre Bébé Saloum (initialement prévu en 2013). Le combat n’a pu avoir lieu, Bébé Saloum devant se faire opérer. C’est par la suite que Manga 2 m’a fait une rallonge pour me proposer un autre adversaire, en l’occurrence, Bismi Ndoye, pour mars 2015. C’est à deux semaines de ce combat que j’ai eu la blessure et cette maladie qui perdure.

Vous arrive-t-il de penser à mettre un terme à votre carrière ?

A un moment donné, j’y ai pensé, parce que dégouté par la méchanceté que j’observais dans la lutte. Des lutteurs font recours à des pratiques mystiques parfois très dangereuses qui peuvent même attenter à une vie. Tous les voyants que j’ai consultés me disent la même chose : «On t’a jeté un mauvais sort.» Mais comme Dieu est au dessus des humains, j’espère bien guérir un jour. J’avoue que j’avais presque perdu espoir. Mais ma famille m’en dissuade. J’ai choisi la lutte comme métier. Je suis arrivé à un niveau où je ne peux plus arrêter pour faire autre chose. Mais, pour le moment, je pense à ma santé. Le plus important, c’est de guérir. Je demande juste de l’aide, parce que j’ai dépensé toutes mes économies pour me soigner. Je n’ai plus les moyens de me soigner. Je suis très fatigué. Je n’en peux plus de rester comme ça. Je veux retrouver ma santé et continuer ma carrière.

L’Obs

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