Rupture illégale de contrats : Pfizer-Sénégal pris la…

Depuis l’annonce de la fermeture de l’usine de Dakar (prévue ce 31 décembre 2017) relatée par nos soins, les travailleurs de Pfizer ne savent plus à quel saint se vouer. Ainsi, il nous est revenu que la direction générale rame à contre sens des exigences des travailleurs en ne prenant pas en compte leur plateforme revendicative. Pis, elle fait dans le mutisme total. Ce qui, aux yeux du personnel, ne correspond pas aux valeurs ainsi qu’aux exigences de conformité de Pfizer (One Pfizer).
Les bonus de départ (1 mois et demi de salaire par année d’ancienneté) sont jugés indécents par les travailleurs car ne profitant pas aux plus anciens ; à fortiori les nouveaux, d’autant plus que 85% du personnel de Pfizer est constitué de jeunes qui n’ont pas en moyenne 3 ans d’ancienneté. Qui plus est, la plupart, parmi ces jeunes, sont débauchés d’autres entreprises avec comme mobile initial de donner du sang neuf à l’usine et d’aller à la conquête de nouveaux marchés. Ils ont par la suite contracté avec certaines institutions financières des prêts qu’ils doivent payer intégralement.

Le désarroi des travailleurs qui ont contracté avec certaines institutions financières des prêts qu’ils doivent payer intégralement 

En clair, les agents, fustigeant le double-standard dans le paiement de ces bonus, exigent un traitement juste et équitable, conformément à la législation locale.
Selon nos perspicaces sources, il existe beaucoup d’irrégularités dans les contrats de travail délivrés par Pfizer : si ce ne sont pas des copies de contrat non transmises à l’Inspection du travail du ressort ; il s’agit d’une décision unilatérale de transfert de personnel prise, et ce non dans les règles de l’art, car il y a des agents qui ont signé des contrats de travail avec Pfizer en 1999 et durant l’année 2002, la société décida de les confier à Tempo (société d’intérim). A charge pour cette dernière la gestion de ce personnel. Paradoxalement, Tempo aurait rendu à Pfizer ce personnel depuis l’annonce de la fermeture d’usine. Ce, sans notification aux intéressés ni d’accord entre les parties. En définitive, le dossier a été transmis à l’inspection du travail de la zone.
La directrice des Ressources humaines épinglée par l’Inspection du Travail 
L’inspecteur convoqua ces agents ainsi que la chargée des Ressources Humaines Ndeye Astou Konaté. De la confrontation découla des révélations qui ne sont pas dignes d’une multinationale comme Pfizer notamment les faveurs qui sont accordées à une partie favorable à la direction alors que l’autre partie est laissée en rade. En vérité, une véritable injustice a régné dans la société depuis une décennie et la direction ne parvient toujours pas, à l’heure où nous écrivons, à prouver que ces agents ont donné leur accord et que ce transfert s’est fait dans les règles de l’art. Pour preuve, la chargée des RH ne peut sortir aucun document le prouvant. Tout cela fait que l’inspection du travail a donné un délai à la chargée des RH pour qu’elle exhibe les documents de ce transfert et les contrats de travail. Si tel n’est pas le cas, la société devra considérer ces derniers comme faisant partie de son personnel et les intégrer par le mécanisme d’une réparation du préjudice (rappel différentiel de salaires, dommages et intérêts…) qu’ils ont subi depuis 15 ans.
Le calvaire infernal des journaliers qui travaillent au-delà des 48 H 
Ensuite, il y a le cas des journaliers dont certains sont présents dans l’entreprise depuis 2004 et qui ont accompli à plusieurs reprises plus de 40 heures répétitives (bulletin de paie à l’appui), qui ont passé des week-ends et des nuits blanches au travail afin d’assurer la livraison des médicaments ainsi que des taches qui leur sont confiées. Ces derniers se sont même regroupés en collectif et transmis leur dossier à l’inspection du travail de la zone. L’inspecteur en charge du dossier a encore convoqué la chargée des RH ainsi que ces derniers pour une confrontation. Rebelote : la chargée des RH, qui à un moment de la discussion ne retrouvait plus ses marques, n’était pas en mesure de produire un document officiel prouvant le contraire des dires de ces journaliers qui risquent de connaitre un changement de statut de journaliers en permanents ainsi qu’une réparation du préjudice subi (dossier à suivre).
A ce stade, les va-et-vient au niveau de l’inspection du travail sont nombreux entre la direction de Pfizer et le personnel et pour cause : le dossier de fermeture de l’usine est très mal géré par Mouhamed El Aidouni (selon notre source car il fait dans le flou total) qui n’a jamais caché son désir de fermer l’usine de Dakar en voulant transférer la fabrication des produits à l’usine de Maroc.

Le dossier de fermeture de l’usine est très mal géré par Mouhamed El Aidouni qui n’a jamais caché son désir de fermer l’usine de Dakar en voulant transférer la fabrication des produits à l’usine de Maroc

Dans le même créneau de révélations, l’information selon laquelle l’équipe commerciale (délégués commerciaux ainsi que Sales Manager) serait réduite dans les prochains jours circule, en messe basse, dans la société ainsi que le licenciement des missionnaires. Pour votre gouverne, ceux-ci avaient des contrats à durée déterminée et se sont retrouvés d’un jour à l’autre avec des contrats de mission, dont des irrégularités ont été relevées par l’inspection du travail. Pour que nul n’en ignore, ces missionnaires vont porter plainte incessamment.
En outre, la société renonce à verser au personnel la part patronale de la cotisation pour retraite complémentaire AXA (qui figure dans les bulletins de salaire).
Jusqu’à présent, aucune autorité étatique n’a daigné répondre aux appels du pied du personnel qui est ainsi prédisposé à une vision tragique de son avenir.
Cette fermeture d’usine est très loin de connaitre épilogue car les agents envisagent de faire d’autres révélations qui lèveront un coin de voile sur les pratiques peu orthodoxes qui se font à Pfizer : une multinationale américaine qui jusque-là était considérée comme l’une des plus exigeantes en matière de conformité.
Post-Scriptum : Dakar Actu a pu entrer en contact avec les dirigeants de Pfizer-Sénégal pour recueillir leur version des faits. Ces derniers nous ont mis en rapport avec leur hiérarchie basée à l’étranger à qui nous avons soumis une lettre- questionnaire. Malheureusement, aucune suite n’a, à ce jour, été réservée à nos questions malgré la volonté affichée de cette hiérarchie à apporter la lumière sur cette affaire. Toutefois, nos colonnes lui sont ouvertes, pour tout éclaircissement à ce sujet. A suivre…

Dakaractu

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