Risque d’affrontement en Cote Ivoire; Des forces loyalistes déployées autour du camp militaire des mutins

Un nombre important de forces loyalistes ivoiriennes ont été déployées vendredi après-midi autour du camp militaire Gallieni au centre d’Abidjan, où des mutins semblaient être retranchés, après une nouvelle mutinerie qui a paralysé vendredi plusieurs villes du pays.

Plusieurs véhicules de la Garde républicaine, de police et de gendarmes chargés d’hommes armés ont pris position sur les axes autour du vaste camp militaire Gallieni, occupés auparavant par des soldats mutins, dans la capitale économique ivoirienne Abidjan, a constaté un journaliste de l’AFP.

Ces mutins, désormais invisibles à l’extérieur de l’enceinte, se sont vraisemblablement regroupés à l’intérieur du camp, qui comprend notamment l’état-major des armées, et est situé dans le quartier du Plateau.

Plus tôt vendredi, ces mutins avaient tiré sporadiquement en l’air, bloquant les routes autour du camp, Kalachnikov à la main, et bonnets ou bandeaux de camouflage sur la tête. A Abidjan, ces tirs ont cessé peu avant le déploiement des forces loyalistes autour du camp. Les tirs ont également cessé dans le reste du pays vendredi en fin d’après-midi.

Aucune source gouvernementale n’était joignable depuis la matinée pour obtenir une réaction officielle sur cette nouvelle mutinerie, mais une déclaration du chef d’état-major de l’armée était attendue en fin de journée.
Anciens rebelles intégrés dans l’armée, les mutins réclament le paiement de restes de primes que leur avait promis le gouvernement après les mutineries de début janvier qui avaient ébranlé le pays.

Les mutins avaient réclamé 12 millions de francs CFA de primes (18.000 euros) et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis de payer les 7 millions restants par tranche à partir de ce mois de mai.

Les soldats mutins sont des anciens rebelles qui avaient aidé Alassane Ouattara à prendre le pouvoir après la crise post-électorale de 2010-2011 lorsque le président Laurent Gbagbo avait refusé de reconnaître sa défaite électorale.

– ’L’argent ou la mort’ –
Jeudi soir, la télévision nationale a diffusé des images d’une cérémonie en présence du président Ouattara et de quelques soldats mutins qui avaient alors annoncé renoncé à leurs revendications financières.

Cette cérémonie, organisée sans la présence de la presse et diffusée en différé après montage, se voulait visiblement un point final à la protestation de l’ensemble des forces de sécurité, alors que ce pays d’Afrique de l’Ouest est durement touché par l’effondrement des cours du cacao, vital pour son économie et dont il est le premier producteur mondial.

Mais cette cérémonie a finalement déclenché un nouveau mouvement de grogne.

Ainsi dans la nuit de jeudi à vendredi et dans la matinée et le début d’après-midi de vendredi, des mutins ont tiré en l’air dans et parfois hors de casernes pour manifester leur mécontentement dans plusieurs villes du pays dont Abidjan. « Notre réponse à l’annonce d’hier, c’est ça », a expliqué dans la matinée un mutin sous couvert d’anonymat. « L’argent ou la mort », a lancé un autre.

A Abidjan, des journalistes de l’AFP ont vu un des mutins exhibant fièrement un lance-roquette, un autre portant une mitrailleuse avec une impressionnante ceinture de balles sur l’épaule, rappelant le célèbre film « Rambo ».

A Akouedo, dans l’est d’Abidjan, les militaires avaient également tiré en l’air plus tôt vendredi.

Les mutins avaient aussi investi le centre de Bouaké, deuxième ville du pays et épicentre de la mutinerie de janvier. La plupart des commerces, écoles et l’université et même un commissariat et la préfecture de police ont été fermés, selon plusieurs témoins et un journaliste de l’AFP. La situation était semblable à Korhogo et Odienné (nord).

Début janvier, la mutinerie avait paralysé plusieurs villes, notamment Abidjan. Des affrontements avaient fait quatre morts à Yamoussoukro. Le président Ouattara avait rappelé jeudi que la « stabilité de la Côte d’Ivoire a été mise à mal » et les événements avaient « effrayé les Ivoiriens, ceux qui veulent investir et visiter le pays ».

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