En 2015, on a passé plusieurs jours à enterrer de grandes personnalités dans le monde de la culture. De Oumar Sankharé à Amady Aly Dieng en passant par Doudou Ndiaye Rose et Vieux Sing Faye, le Sénégal a perdu des fleurons qui ont servi ce pays dignement.
Dans le sillage de cette année finissante, des icônes se sont retrouvées prises au piège du destin à l’image de Thione Seck, Lamine Diack, Taib Socé. Adulés pour leur expertise et leur renommée, ils nagent aujourd’hui dans des eaux troubles. Cette année, Le Quotidien a décidé de consacrer sa rétro à ces hommes qui ont marqué ce millésime revêtu d’un manteau noir. Signe de deuil.
2015 est une année noire. Au fur et à mesure qu’elle s’écoule, l’année emporte dans sa chute, des hommes dignes qui ont marqué l’histoire du Sénégal. Mais, l’année qui prend fin a écourté leur existence et contrarié le destin d’imminents Sénégalais. Dans le monde de la culture, des sommités ont rejoint l’Au-delà par vagues. D’autres personnalités nagent dans des eaux troubles.
Doudou Ndiaye Rose, Amady Aly Dieng, Pr Oumar Sankharé, Vieux Sing Faye, Moussa Ngom, Amadou Sow, Sidy Diallo,…. Ces disparitions remettent en scène des tranches palpitantes de vécu. Bien sûr, la mort met en lumière le rapport que ces êtres ont entretenu avec la société qui vampirise même leur intimité et raffermit ce lien avec des gens qui leur disent en quelque sorte : «Votre vie est une success story !» En plus, ils ont été là, présents comme des sentinelles, contre la crise sociale, morale qui sème le désarroi et casse l’existence de tant d’individus.
Pendant cinquante ans, ces personnalités, à tour de rôle, furent une fenêtre du Sénégal sur le monde et, à la fois, la scène centrale où se montrait principalement notre patrimoine. Doctorale, mondaine, ou courtisane, ces personnalités étaient regardées en quelque sorte comme des hommes qui ont ébloui leur vie de savoir, de prouesse ou d’exemplarité jusqu’à la fin. Dans leur sillage, ils construisaient un univers d’exception et de fête, de prodiges et d’enchantement. Tout cela est terminé.
Aujourd’hui, ces êtres laissent derrière eux des drames, de la souffrance à l’état brut, de la vraie douleur, que la conscience collective enregistre avec reconnaissance pour offrir leurs œuvres à la postérité.
Liaisons fatales
Lamine Diack, Thione Seck, Taib Socé, ces personnalités ont replacé le fait divers au centre du fonctionnement de la société. Ces personnes qui en ont sauvé d’autres, parfois au prix d’abnégation, se retrouvent victimes d’une trahison du destin. Ils contemplent, sur un écran, la scénarisation, la mise en film, de cette parenthèse noire de leur vie, cet implacable destin au suspense infernal. Affligeant ! Les arrestations de ces icônes sont des tranches de vie suintant la douleur et l’effroi.
Les vrais «héros» déçoivent, forcément. Bien sûr, toutes leurs réalisations font écho d’une manière ou d’une autre aux détresses du temps qui court sans se soucier de l’aura ou de la fortune des uns et des autres. Il ne reste alors qu’un humanisme mièvre, affligeant, qu’accentue le ton plaintif, bonimenteur, des défenseurs de ces icônes perdues par les vicissitudes de la vie et leurs liaisons dangereuses. Leurs hallucinations ressemblent à des vignettes pour enfants à cause de la gravité des charges retenues contre elles. Adieu 2015 ! Il est sûr que certains ne te regretteront pas.
Le Quotidien