Retour d’Adama Barrow en Gambie: à Kanilaï la population s’inquiète

C’était la fête jeudi soir, 26 janvier, à Banjul pour célébrer le retour au pays du président élu Adama Barrow et donc la fin effective du régime de son prédécesseur, Yayah Jammeh. Mais une région de Gambie ne s’est pas jointe aux festivités. La région d’origine du président parti en exil, frontalière avec la région sénégalaise de Casamance, et notamment Kanilaï, le village natal de Yayah Jammeh.

Si le retour du nouveau président Adama Barrow a déplacé des foules dans la capitale, Banjul, c’est plutôt un non-événement dans le Foni, d’où est originaire le président Jammeh. Aucune scène de liesse n’a été observée, ni à Kanilaï, son village natal, ni à Sibassor ou dans les autres villes de cette région.

Cette terre majoritairement diola est entièrement dévouée à l’enfant du pays, Yahya Jammeh. On ne jure que par lui : c’est lui qui nous paie de sa propre poche, il a créé des emplois pour nos enfants et nos femmes gagnent leur vie dans sa ferme, nous disent les habitants de Kanilaï, rapporte notre envoyé spécial.

Kanilaï, village natal de Yahya Jammeh

Petit village situé à cheval sur la frontière avec la région méridionale du Sénégal, Kanilaï abrite aujourd’hui un peu plus de 10.000 âmes. Situé à deux heures de route de Banjul, le village a été conçu à l’image de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire avec un lac artificiel où vivent plus de 500 espèces de crocodiles, des rizières à perte de vue (le riz est l’aliment de base de la population) et une forêt où l’on retrouve toutes les espèces végétales. Yayah Jammeh rêvait d’un jardin botanique comme celui de Rio de Janeiro.

C’est dans ce décor que l’ancien président a construit des appartements, une grande salle de spectacle et organise chaque année un festival culturel regroupant des milliers d’artistes de tout le continent. Sous les hangars sont rangées ses voitures de luxe, des Hummers aux Rolls-Royce dernier cri. Un millier d’ouvriers travaillent à l’entretien de cet espace.

Base arrière du MFDC casamançais

Cela fait six jours que l’enfant du pays est parti. Qui prendra donc la relève pour défendre les intérêts d’une ethnie qui se dit marginalisée ? La position géographique de Kanilaï fait de ce site une base de repli des éléments du Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (MFDC) qui luttent depuis plus de trente ans pour l’Indépendance de la région méridionale du Sénégal. A Kanilaï, les séparatistes casamançais ont pignon sur rue et justement, le Sénégal accuse l’ancien président d’être le parrain de cette rébellion.
RFI

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