Réélu pour 5 ans, le Président Macky Sall a prêté serment et fêté le 4-Avril. Il doit maintenant former le premier gouvernement de son second mandat. La compétence est le critère de base, mais il faudra intégrer d’autres paramètres.
Après l’élection présidentielle du 24 février dernier, le Président Macky Sall, réélu avec 58,26% des suffrages, doit former un nouveau gouvernement pour traduire en actes sa vision durant son second mandat de 5 ans. Des noms circulent dans la presse pour les grands ministères et pour le poste de Premier ministre, notamment. Mais, jusque-là, rien n’a fuité. Sauf l’information selon laquelle Mahammad Dionne serait maintenu au poste de chef du gouvernement.
Considéré, jusqu’en 2001, comme une institution coutumière, le gouvernement est devenu une institution de la République à part entière rattachée à l’exécutif (article 6 de la Constitution de 2001). « C’est une institution collégiale. Nous avons un exécutif à deux têtes : le président de la République et le chef du gouvernement », signale le constitutionnaliste Mouhamadou Ngouda Mboup.
Comment monte-t-on un attelage gouvernement ? Qui est éligible ? L’article 49 de la Constitution stipule : « Le président de la République nomme le Premier ministre et met fin à ses fonctions. Sur proposition du Premier ministre, (il) nomme les ministres, fixe leurs attributions et met fin à leurs fonctions. »
Ces derniers, du point de vue des principes généraux, ne peuvent pas être en même temps parlementaire, membre de certaines institutions judiciaires, chef d’entreprise, membre d’un Conseil d’administration.
Jeu d’équilibres
La nomination des ministres, en dehors de celle du Premier ministre, n’est donc pas du ressort exclusif du chef de l’État. Les membres du gouvernement sont nommés par décret présidentiel contresigné par le Premier ministre. Mais ce n’est qu’en théorie ; le chef de l’État garde la main pour la constitution du gouvernement. Il met en avant (toujours en principe) le critère de base, la compétence, mais est obligé de composer avec d’autres paramètres plus ou moins subjectifs : la loyauté, le poids électoral, les équilibres géographiques…
« Par exemple, si la Casamance n’a pas de ministre ou que le Fouta n’en a pas, cela peut poser problèmes, parie Papa Ogo Seck, enseignant chercheur, professeur titulaire de chaire des universités, agrégé des facultés de droit et science politique. Il y a un compromis qu’il faudra trouver entre des soubassements politico-religieux, politico-ethniques et politico-sociaux. Autrement dit, il va falloir faire un jeu d’équilibre de façon à ce que tous les Sénégalais puissent se retrouver dans le gouvernement. »
Pr Seck souligne un autre paramètre non moins important : la logique de partage avec les alliés ou de « gouverner ensemble ». Mais sur ce plan-là, avance l’enseignant-chercheur, le Président Macky Sall n’a plus les mains liées comme auparavant.
Il dit : « Il a déjà fait son premier mandat, il va se sentir un peu plus libre par rapport justement aux alliés. Parce que l’alliance renvoie à la circonstance. Maintenant, nous avons l’impression qu’il y a des alliés dans l’appareil qui sont en quelque sorte en fin de parcours. Il faut donc trouver des portes de sortie honorable pour certains d’entre eux pour éviter les frustrations. De toute façon, il n’a plus rien n’à perdre. »
Papa Ogo Seck ajoute : « Il faut que le prochain gouvernement soit constitué d’une équipe cabale de mettre en pratique les orientations et mots d’ordre qui sont issus du chef de l’État qui, aujourd’hui, a une mission essentielle d’essouffler un vent de changement surtout avec l’étape 2 du Plan Sénégal émergent. Il va falloir trouver des hommes capables de contribuer à la réalisation effective des projets et programmes dans l’intérêt du Sénégal. »