Rationalisation des partis politiques : Abdoulaye Daouda Diallo refile une patate chaude à Aly Ngouille Ndiaye

Le débat afférent à la rationalisation des partis politiques date du temps où Cheikh Tidiane Sy était ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur sous le régime de Me Abdoulaye Wade. La volonté du ministre libéral de réduire le nombre de partis dits « cabines téléphoniques » s’était heurtée à une vive résistance de ces derniers. Il finira par lâcher du lest.
Au lendemain de l’alternance démocratique du 25 mars 2012, le ministre Abdoulaye Daouda Diallo  a pris plusieurs initiatives en vue de la modernisation de ces organisations qui pullulent comme des champignons depuis l’avènement du multipartisme intégral en 1981sans obtenir l’effet escompté. C’est ainsi qu’il avait émis une directive demandant aux partis de publier annuellement leurs états financiers et d’avoir des adresses physiques pour qu’on puisse les identifier. Une mesure qui sera lettre morte. M. Diallo avait aussi en décembre 2015 promis l’adoption, en mars 2016, d’un code des partis politiques qui ne verra jamais le jour. Il était, à l’époque question de tenir des assises devant permettre de régler définitivement le problème du financement des partis politiques et questions connexes. Même le référendum du 20 mars 2016 n’a pu régler le problème alors qu’il réservait une place de choix à cette problématique.
Plus d’un an après cette consultation, c’est à se demander si on n’a pas franchi la barre des 300 partis. Ainsi, à  l’occasion de sa première sortie publique comme ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye a remis la question sur la table en promettant, à son tour, de veiller à la mise sur pied d’un code des partis politiques. Pourtant, s’il est réellement soucieux de limiter le nombre de partis politiques, le nouveau patron de la Place Washington dispose d’une arme secrète : à savoir la directive de Abdoulaye Daouda Diallo, non respectée à ce jour, y compris par l’Alliance pour la République, stipulant que ces organisations doivent annuellement publier leurs comptes financiers conformément aux prescriptions de l’UEMOA.

Pourtant, la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri), alors dirigée par le doyen Amaou Makhtar Mbow et composée de personnalités supposées neutres politiquement, avait préconisé la création d’une Agence de régulation de la démocratie qui devait aider à trouver une solution définitive au problème. Une proposition qui ne sera pas retenue par le président de la République dans le cadre du projet référendaire de 2016.
Il y a aussi d’autres écueils devant cette volonté de rationalisation relatifs au respect des libertés comme la liberté d’association. Qui plus est, la démocratie interne n’existant pas dans la plupart des formations politiques, qui sont souvent gérées comme un patrimoine personnel de leurs fondateurs, il sera difficile d’interdire à des citoyens de former un parti dès lors qu’ils ne se retrouvent pas dans une organisation donnée.
C’est dire que Aly Ngouille Ndiaye devra ménager sa monture pour aller loin dans cette initiative de modernisation des partis politiques.

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