Quel rôle a bien pu jouer Youssou Ndour dans le « cas Lamine Diack »?

Quel rôle a bien pu jouer Youssou Ndour dans le "cas Lamine Diack"?

C’est la question que d’aucuns se posent. En tous les cas, ça la grave. Grave même! 

Depuis ce retournement de situation spectaculaire c’est à dire le démenti inattendu de l’ex Président de l’IAAF, le nom de la star planétaire, reconverti politique revient sans cesse dans les débats dans les salons cossus de Dakar et autres milieux sélect. 
Nombre de citoyens croient savoir que Youssou Ndour aurait câblé Lamine Diack pour qu’il revienne sur ses propos parus dans « Le Monde ». 

Quoi qu’il en soit, les relations au beau fixe entre « You » et Lamine Diack sont un secret de polichinelle. L’on se rappelle qu’il y’à quelques mois, le groupe IGFM avait choisi comme parrain Lamine Diack pour un gala de lutte. Et, « You » de qualifier de « modèle » Lamine Diack.

En tous les cas, les choses  ont subitement changé en quelques heures, allusion faite à la « bombe » lâché par Lamine Diack. En effet, l’on a noté un coup de théâtre dans cet esclandre dit du financement de la Présidentielle Sénégalaise de 2012.
Le journal  « Le Monde » s’est tout simplement dédit avant de présenter ses excuses pour avoir lié le président Macky Sall aux fonds russes.

Pour rappel, « c’est un coup de tonnerre dans le milieu du sport mondial et de la politique sénégalaise », a commenté le journal Le Monde dans sa livraison  d vendredi 18 décembre.
Selon nos confrères, les déclarations de Lamine Diack aux enquêteurs français, des fonds russes auraient contribué en 2012 au financement de la campagne de Macky Sall contre le président sortant, Abdoulaye Wade. Pis, dans leur lemonde.fr, ils soutiennent que les «discrets coups de genou et de coude de son avocat, Me Daouda Diop, n’y ont rien fait». Avant de s’interroger : «Faut-il y voir les effets de la lassitude d’un vieil homme, fatigué par de longues heures de garde à vue?? Ou simplement la volonté, après avoir tenté de nier les soupçons de corruption qui le visaient, de «prendre (ses) responsabilités», comme il l’affirme alors aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales (OCLCIFF)??» Sud Quotidien publie in extenso, l’article du journal Le Monde, repris et renforcé par lequipe.fr, mais aussi le démenti du président Lamine Diack (voir ailleurs).
 
Mis en examen pour «corruption passive» et «blanchiment aggravé» par les autorités françaises, le Sénégalais de 82 ans, président de la fédération internationale d’athlétisme (IAAF) de décembre 1999 à août 2015, a lâché une bombe que révèle Le Monde.

«C’est Balakhnichev qui a organisé tout ça»

En échange d’1,5 million d’euros pour la campagne de Macky Sall, M.Diack, ancien maire de Dakar et ancien vice-président de l’assemblée nationale, est soupçonné d’avoir couvert des pratiques dopantes et retardé les suspensions d’athlètes russes. Un accord conclu fin 2011, à trois mois de l’élection présidentielle sénégalaise, avec Valentin Balakhnichev, alors président de la fédération russe d’athlétisme et trésorier de l’IAAF.
 
«?Je vous ai dit qu’il fallait à cette période gagner la “bataille de Dakar”, c’est-à-dire renverser le pouvoir en place dans mon pays, le Sénégal», explique-t-il aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales, dans une allusion aux élections présidentielle et législatives, en février et juillet 2012.
 
«Il fallait pour cela financer notamment le déplacement des jeunes afin de battre campagne, sensibiliser les gens à la citoyenneté. (…) J’avais donc besoin de financements pour louer les véhicules, des salles de meetings, pour fabriquer des tracts dans tous les villages et tous les quartiers de la ville. M. Balakhnichev [président de l’ARAF, la Fédération russe d’athlétisme] faisait partie de l’équipe Poutine et à ce moment il y avait ces problèmes de suspension des athlètes russes à quelques mois des championnats du monde en Russie. Nous nous sommes entendus, la Russie a financé. C’est Balakhnichev qui a organisé tout ça. Papa Massata Diack [l’un des fils de Lamine Diack] s’est occupé du financement avec Balakhnichev.?»
 
Selon M.Diack, il n’y avait « aucun accord écrit » entre lui et Valentin Balakhnichev. « ?Quand j’ai sollicité une aide de la part de Balakhnichev, ajoute M. Diack, je lui ai dit que pour gagner les élections, il me faudrait environ 1,5 million d’euros.?» «?Quelle a été sa réaction???», demandent les enquêteurs de l’OCLCIFF. «?Il (Balakhnichev) m’a dit? : “On va essayer de les trouver, il n’y a pas de problème”?», répond Lamine Diack.
 
«Ni moi, ni ma fédération n’avons été impliqués dans une telle discussion ou affaire avec M. Diack, assure au Monde Valentin Balakhnichev. Ce type de business n’est pas de notre intérêt et pouvoir. Nous ne pouvons pas interférer dans les affaires intérieures du Sénégal. Pour moi, c’est clair.?»
 
Concernant la suspension des athlètes russes, Lamine Diack a reconnu que l’IAAF était au même moment en négociation pour ses droits de sponsoring, avec notamment deux entreprises russes, la chaîne de télévision RTR et la banque publique VTB.
 
Donc, il «fallait reporter la suspension (…) après les championnats du monde de 2013 (organisés  Moscou). (…) S’il n’y avait pas eu de droits de télévision, de droits marketing, et si des athlètes avaient été suspendus, c’était la catastrophe.» Diack a alors expliqué que Habib Cissé (son conseiller juridique) avait été «chargé de remettre personnellement les courriers de notification des passeports biologiques anormaux à Balakhnichev», opération qui ralentissait la procédure de suspension. Ce que Me Cissé a nié.
 
«J’ai accepté de ralentir la procédure la concernant (Lilya Shobukhova, la marathonienne)»
 
Et, pour que les passeports douteux soient traités le plus tard possible, Lamine Diack a rencontré Gabriel Dollé en janvier 2012 à Monaco, de l’aveu même du médecin français. «Il m’a été suggéré pour le cas de dopage de (la marathonienne) Lilya Shobukhova d’être accommodant afin de ralentir la procédure, dit-il, lui aussi dans Le Monde. A cette époque-là, il y avait des discussions avec un sponsor et Papa Massata Diack, et il m’avait dit qu’une mauvaise publicité nuirait aux négociations avec ce sponsor, dans la perspective des Jeux de Londres. J’ai accepté de ralentir la procédure la concernant.» Selon Le Monde, Dollé a d’abord touché 50 000 euros puis 140 000 euros (dont 90 000 des mains de Lamine Diack).
 
Au sein de l’IAAF, on a toutefois commencé à s’interroger sur la participation de certains athlètes russes aux JO de Londres, sur le fait que Gabriel Dollé fermait régulièrement sa porte quand il recevait des appels téléphoniques ou qu’il demandait des infos supplémentaires sur Lilya Shobukhova. Lamine Diack a déclaré à ce sujet que «Papa Massata Diack a donné de l’argent (à certains membres de l’IAAF) pour les faire taire et qu’ils ne s’opposent pas». Notamment cités, Cheikh Thiaré, le directeur de cabinet de Diack, et Nick Davies, le chef de presse, ont démenti avoir reçu de l’argent. Gabriel Dollé, lui, a regretté «de s’être laissé entraîner». Papa Massata Diack, de son côté, est toujours recherché par les enquêteurs.
 
LAMINE DIACK, ANCIEN PRESIDENT DE L’IAAF : «Je n’ai vu Macky Sall qu’après sa victoire contre Wade. Pas avant !»
 
Après la parution ce matin d’un article dans Le Monde, l’ancien président de l’IAAF a rompu le silence pour apporter des précisions. Selon Lamine Diack interrogé par la RFM : « C’est inexact! Mon combat au Sénégal depuis 2005 a été d’éviter la destruction du stade Assane Diouf. Ma position a été plus claire en 2007 et surtout en 2008 quand on a démoli le stade. Là, j’ai décidé d’être partie prenante et de me battre contre ça. J’ai participé aux Assises nationales (selon certaines indiscrétions, Diack a donné 30 millions) et comme malheureusement je suis parti du Sénégal, alors je n’ai pas eu les conclusions. Beaucoup sont venus me voir pour me dire que je devais être leur candidat et je leur ai répondu que «oui si c’est un consensus». Mais, si c’est pour une quinzaine de candidats, je ne suis pas partant car je ne me suis pas présenté pour être président de la République. Je vais faire en sorte que ceux qui se sont déclarés sachent que le Sénégalais n’a pas de prix. Que ça soit les élections de 2009 comme celles de 2012 » 
 
Sur la question de savoir s’il a d’une manière ou d’une autre participé à la campagne électorale de Macky Sall en 2012 en lui donnant de l’argent, Lamine Diack se veut clair : « Ecoutez, en dehors du président en exercice, il y avait 13 autres candidats. Il y avait des jeunes qui s’étaient mobilisés et j’ai misé sur eux. Je les ai financés ».
 
Avant de rajouter : “il y a certaines qualités que nous avons vues. Mais, je n’ai pas financé un candidat particulier, car il y avait 14 candidats. Après, j’ai dit que le président en exercice ira au second tour et sera battu par le jeune le plus méritant. Les populations se sont levées pour dire non à un régime qui voulait gouverner à coups de milliards. Je ne suis le copain de personne. Le président Macky Sall je ne l’ai vu qu’après sa victoire contre Wade, pas avant. Sinon, je l’ai suivi faire sa campagne jusqu’à son élection… »

El Hadji Kassé dément

 
Contacté par Le Monde, la présidence sénégalaise dément ces affirmations : «Nous n’avons reçu aucun financement de M. Lamine Diack et a fortiori de la Russie, assure El Hadj Kassé, ministre sénégalais chargé de la communication de la présidence. Notre campagne, nous l’avons financée à partir de nos propres ressources, de nos militants. Nous n’avons pas mené une campagne à l’américaine, tous les Sénégalais peuvent en témoigner.»

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