Quand la France attaque les musulmans de France

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Dans la nuit de vendredi, la mosquée d’un quartier populaire d’Ajaccio a été prise pour cible par des manifestants. Ces actes de vandalisme ont eu lieu en marge d’une manifestation de soutien à deux pompiers et un policiers blessés la veille lors d’échauffourées.

Salle de prière vandalisée, corans partiellement brûlés, slogans xénophobes: plusieurs centaines de personnes ont envahi vendredi en fin de journée la mosquée d’une cité populaire d’Ajaccio. Les incidents qui ont pris fin vers 21 heures. La veille deux pompiers et un policier avaient été blessés au cours d’échauffourées dans ce quartier de la ville corse.

« Des exactions intolérables »
« Après l’agression intolérable de pompiers, profanation inacceptable d’un lieu de prière musulman. Respect de la loi républicaine », a twitté vendredi soir le Premier ministre, Manuel Valls. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a également condamné l’agression ayant visé des pompiers et la dégradation de la salle de prière, évoquant des « exactions intolérables aux relents de racisme et de xénophobie ».
Le tout récent président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni a lui aussi condamné sur BFMTV « des actes racistes complètement contraires à la Corse que nous voulons ». Plus tôt l’élu avait affiché sur Twitter son soutien aux pompiers blessés, tout comme le président de l’assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni.
« Un guet-apens »
Dans l’après-midi, quelque 150 personnes s’étaient rassemblées dans le calme devant la préfecture à Ajaccio. Ces derniers entendaient montrer leur soutien à deux pompiers et un policier blessés dans des échauffourées qui avaient éclaté dans une cité populaire la nuit précédente.
Vers minuit, un incendie avait été « volontairement allumé » dans les Jardins de l’Empereur « pour attirer les forces de l’ordre et les pompiers dans un guet-apens », a expliqué le sous-préfet. Deux pompiers ont été « sérieusement » blessés par des éclats de verre après des « agressions physiques ». Par ailleurs, les vitres de leur véhicule d’intervention ont été détruites. L’intervention des forces de l’ordre, au cours de laquelle un policier a été légèrement blessé, a duré jusqu’à 2 heures 45, heure à laquelle le calme était revenu dans le quartier.

Parmi elles, certaines ont alors décidé de monter jusqu’aux Jardins de l’Empereur, la cité située sur les hauteurs de la ville où avaient eu lieu les heurts. Au total environ 600 personnes, a précisé le sous-préfet se sont retrouvées dans cette cité, qui connaît, selon le fonctionnaire « depuis plusieurs années des incidents à répétition de dimension néanmoins modeste (jets de pierres, départs d’incendie volontaire principalement) ».

« Les Arabes dehors! »
Scandant pour certains « Arabi fora [les Arabes dehors, ndlr]! » ou « On est chez nous! », ils ont, dans une ambiance tendue et encadrés par des policiers déployés pour tenter de maintenir de calme, essayé d’identifier et de retrouver les auteurs de l’agression de la veille Tous les habitants de la cité sont restés cloîtrés chez eux. Des portes en verre, des boîtes aux lettres ou encore des vitres de véhicules ont été endommagés.

Le préfet de Corse, Christophe Mirmand, s’est rendu sur place et a assuré que « tous les moyens étaient mis en oeuvre » pour retrouver les auteurs de l’agression de la nuit de jeudi à vendredi, il a aussi estimé que les « menaces de ce [vendredi soir, ndlr] n’étaient pas acceptables ».

50 livres jetés sur la voie publique
En marge de ce rassemblement, une salle de prière musulmane, située à proximité des Jardins de l’Empereur, a été saccagée par un groupe d’individus, qui ont aussi tenté de mettre le feu à de nombreux livres, dont des exemplaires du Coran. « 50 livres de prières ont été jetés sur la voie publique (seules quelques feuilles ont été consumées) », a précisé le sous-préfet.

L’Observatoire national contre l’islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM) a « condamné avec force » ces faits, dénonçant une agression « qui se déroule en un jour de prière pour les musulmans et pour les chrétiens », puisque cette année Noël tombait juste après le Mouled, la fête musulmane qui commémore la naissance du prophète Mahomet.

« Consternés et attristés »
De son côté le président du CFCM, Anouar Kbibech a appelé dans un communiqué « l’ensemble de nos concitoyens au calme et à la sérénité pour faire face ensemble aux défis que nous devons tous relever dans la solidarité et dans la fraternité ». L’instance religieuse, assure-t-il, « réaffirme son engagement total pour préserver la cohésion nationale et faire face à toute forme de violence, dans le respect des valeurs et des lois de la République ».

« Nous sommes absolument consternés et attristés », a de son côté réagi sur BFMTV Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris, en lançant un appel au « calme, au sang-froid et à l’apaisement pour que les choses rentrent dans l’ordre le plus rapidement possible sur l’île de beauté, l’île de la paix ».

Les forces de l’ordre, dont un membre a eu le nez fracturé devant la préfecture, devaient rester déployées toute la nuit de vendredi à samedi dans les Jardins de l’Empereur et devant les cinq lieux de culte musulman d’Ajaccio, a précisé la préfecture.

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