Quand ‘’Jeune Afrique’’ déshonore l’Afrique

Quand ‘’Jeune Afrique’’ déshonore l’Afrique

En s’attaquant à Cheikh Ahmadou Bamba, un monument de l’Afrique noire, le journal franco-africain « Jeune Afrique » met du sable dans ses yeux et piétine le fondement de sa ligne éditoriale. Vouloir défendre la cause perdue d’une star qui fait la promotion d’un comportement banni par son peuple, justifie-t-il cette provocation à travers une caricature dégradante et inappropriée d’un symbole de ce même peuple ? En postant l’unique photo du début du 20ème siècle de cet illustre chef religieux, « Jeune Afrique » franchit le Rubicon de la profanation en comparant et en assimilant le caftan de ce sage à une robe et en traitant de bêtes ceux qui, pour lui, ne savent pas faire la différence. C’est-à-dire les Africains en général et les Arabes qui s’habillent de la sorte.

Vouloir banaliser le sac efféminé du chanteur Wally Seck dont le port mène aux yeux des Sénégalais et de beaucoup de musulmans, à l’antichambre de l’homosexualité, vaut-il une telle hérésie ? Il faut être un fils indigne d’Afrique ou un mal adopté d’Europe pour s’abreuver de ce qu’il y a de plus dégradant des valeurs occidentales : l’art de calomnier son prochain, et oser s’en prendre à un homme irréprochable, un modèle de la non-violence et du pardon.

Si l’auteur de cet article odieux a du respect pour le grand Mandela, il ne doit pas ignorer que Bamba l’a bien devancé sur le terrain de la résistance pacifique contre les colonisateurs chèrement payée par un emprisonnement inhumain.
S’il a conscience qu’Obama est aujourd’hui à la tête de la première puissance mondiale grâce à la longue lutte pacifique de Martin Luther King contre le racisme, il doit prendre conscience que c’est un crime de s’en prendre à ces modèles et Bamba en est un.

Si à l’image de tous les adeptes de la non-violence, Gandhi est un héros incontestable pour lui, il n’est pas sans savoir que Bamba est le maître de la non-violence en Afrique.

Par contre, si la culture ou l’inculture de ce journaliste se résume à sa capacité d’offenser qui justifie les excuses de son journal, il doit apprendre à mieux connaitre Cheikh Ahmadou Bamba et son œuvre qui grandit l’être humain, noir, blanc ou jaune.

Voici un portrait qui donne une idée de ce héros national, portrait que ceux savent qualifient d’une goutte d’eau dans la mer Bamba : « Son dévouement exclusif à Allah et à son Prophète Mouhammad (SAWS), était tel qu’il se fit appelé Khadimou Rassoûl (le serviteur du Prophète). Pensant que cet homme qui ne craignait aucun pouvoir en dehors de celui de Dieu le Tout-Puissant, était un frein à sa mission de domination et un adversaire redoutable, les autorités coloniales l’arrêtèrent et le maintinrent entre exil forcé au Gabon et résidence surveillée en Mauritanie et à Diourbel (région du Sénégal) durant 32 ans: 1895/1927. Le colonisateur ne pouvait pas imaginer qu’en soumettant cet homme de Dieu à cet isolement inhumain, il lui donnait l’occasion inespérée de se consacrer exclusivement à Allah, à son Prophète (PSL) et à la cause de l’islam. Ce dévouement spirituel à été sanctionné par la production d’un nombre impression d’ouvrages islamiques qu’une existence en toute liberté ne peut permettre. Il est difficile de donner un chiffre sur ses ouvrages publiés qui remplissent la grande bibliothèque de Touba alors que d’autres, à l’état de manuscrits, restent soigneusement rangés dans des valises. Il est le fondateur du Mouridisme, un appel à tous ceux qui aspirent à un culte exclusif à Allah. Malgré sa privation de liberté par le colonisateur, cet appel a été largement suivi et a permis à une importante frange de la population du Sénégal de devenir et ou de demeurer des musulmans pratiquants. Touba, la ville qu’il fonda avant son exil, abrite aujourd’hui, l’une des plus grandes mosquées d’Afrique » (texte extrait du livre « Les Chemins du Hadj de l’Afrique Noire à l’Arabie »*).

Après Salman Rushdie et ses « Versets sataniques », les caricaturistes danois et tout récemment français de Charlie Hebdo qui se sont attaqués au Prophète de l’Islam, c’est au tour d’un Franco-Burkinabais de leur emboîter le pas de la plus vilaine manière en tentant de ternir l’image du serviteur du Prophète, Cheikh Ahmadou Bamba.

Même si l’islam n’est pas sa religion et l’Afrique n’est plus sa nation, ce journaliste et son éditeur « Jeune Afrique » se doivent de respecter les autres civilisations qui font partie du décor de la vie sur terre malgré l’hostilité de ceux qui veulent tout réduire à leur frontière idéologique.

* Par Cheikh Bamba Dioum

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