Comment le Qatar contourne le « blocus » commercial de ses voisins

L’Iran et le Maroc ont envoyé des denrées alimentaires vers le petit émirat mis sous pression par ses voisins.
Le Qatar risque-t-il l’asphyxie du fait de l’isolement diplomatique et commercial décrété il y a dix jours à son encontre par l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte ? Ces Etats veulent faire pression sur le petit émirat du Golfe, qu’ils accusent de financer des groupes extrémistes et terroristes (en particulier, les Frères musulmans), dans l’espoir qu’il rejoigne la ligne préconisée par Riyad.

Pourtant, le richissime Qatar, premier producteur et exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, est très dépendant des importations pour son approvisionnement alimentaire – il importe la majeure partie de ce type de denrées.

Or, la rupture des relations diplomatiques décidée par Riyad, Manama, Abou Dhabi et Le Caire, s’accompagne de mesures qui s’apparentent à un blocus des activités commerciales et des déplacements individuels. Aucun camion, bateau ou avion à destination du territoire qatari n’est censé transiter par – et a fortiori provenir – des territoires de ses voisins.

Importer ou exporter à sa guise

L’Arabie saoudite s’est défendue mardi d’opérer un « blocus » de la presqu’île qatariote. « Techniquement, cela n’est pas un blocus. Le Qatar peut importer et exporter des biens quand il veut. Ils ne peuvent juste pas utiliser nos eaux territoriales« , a estimé le chef de la diplomatie saoudienne Adel al Jubeir, après une rencontre avec son homologue américain Rex Tillerson, à Washington.

« Nous leur avons interdit notre espace aérien, ce qui est notre droit souverain », a-t-il ajouté, précisant que « les limitations d’utilisation de l’espace aérien saoudien ne concernent que les compagnies qataries et les appareils qui sont la propriété de Qatariotes ». M. Adel al Jubeir s’est toutefois dit « prêt à approvisionner (le Qatar) en vivres et en médicaments, si nécessaire ».

Il n’empêche, l’effet de blocus, en plein milieu du Ramadan, inquiète en particulier le monde arabe. En interne, il ranime en outre les craintes de vivre de nouvelles « années de faim« , un traumatisme qui a marqué la population dans les décennies 1930 et 1940.

L’archipel avait connu une grave crise économique lorsque les perles japonaises avaient concurrencé celles dont Doha s’était fait l’un des champions. C’était avant la découverte des hydrocarbures dans les années 1950.

Des liaisons plus longues mais vitales

L’Arabie saoudite contrôlant la frontière terrestre, les denrées commerciales ne peuvent plus passer que par mer ou par les airs, mais sans utiliser les eaux territoriales ni les espaces aériens de ses voisins immédiats.

Or, les ports émiratis jouaient jusqu’ici un grand rôle dans l’approvisionnement maritime du Qatar. Dès lors, Doha a établi lundi des liaisons, plus longues mais vitales, avec deux ports omanais, afin de contourner les interdictions.

Côté aérien, la solidarité musulmane joue à plein. L’Iran, avec qui le Qatar partage – sous le golfe Persique – les troisièmes réserves de gaz naturel au monde, a envoyé lundi cinq navires remplis de fruits et légumes.

De son côté, le royaume Maroc, qui entretient par tradition de bonnes relations avec les monarchies du Golfe, a aussi décidé lundi d’envoyer des avions de denrées alimentaires, sur instruction du roi Mohammed VI.

Pour Rabat, qui se dit inquiète de la situation, cette décision se veut un geste de « solidarité et d’entraide entre peuples islamiques » en ce mois du jeûne du ramadan et elle « n’a aucun lien avec les aspects politiques de la crise entre le Qatar et d’autres pays frères« , précise le communiqué des Affaires étrangères.

Le Maroc fait partie de ceux qui, avec le Koweit et la Russie, ont proposé leur aide ou leur médiation pour tenter de résoudre la crise.

lalibre.be

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