Procès Khalifa Sall : Les « glissades malheureuses » du procureur Bassirou Guèye

La langue de Serigne Bassirou Gueye a fourché ce matin au cours de son réquisitoire. Le procureur de la République qui avait pris la parole pendant deux tours d’horloge ce vendredi matin a dit que plus d’une dizaine de magistrats avaient étudié le dossier. Dans ses explications, il a indiqué qu’un de ces magistrats était même présent dans la salle d’audience où se tenait le procès de Khalifa Sall et Cie. Des propos qui n’ont pas laissé indifférents les avocats des prévenus.

L’un d’eux, Me Ousseynou Fall, a invité le procureur de la République à répéter ses propos selon laquelle un des magistrats qui avaient en charge le dossier au moment de l’instruction est bien présent dans la salle d’audience. Des propos que Me Leyti Ndiaye a qualifié de « glissades malheureuses ».

Le président du Tribunal, Malick Lamotte de magnifier cette remarque soulevée par Me Fall avant de lui assurer que « ici on ne cache rien ». Serigne Bassirou Gueye, interpellé par l’avocat de la défense prend la parole et tente de s’expliquer : « J’ai  dit que j’avais saisi le doyen des juges, il avait la même conviction que moi. Je n’ai pas dit ça. D’ailleurs, j’ai pris le soin d’enregistrer tout mon réquisitoire. On peut tout réécouter ». Et joignant l’acte à la parole, il brandit deux téléphones portables Android.

Me Ousseynou Fall saisit la balle au bond. Il s’adresse au juge en désignant du doigt le procureur de la République : « Il a bien dit qu’un de ces magistrats est dans cette salle d’audience. Un magistrat qui a travaillé dans ce dossier à l’instruction, n’a pas le droit de siéger dans ce dossier. Si tel est le cas, toute la procédure est nulle ».

Le président Lamotte intervient alors et tente de calmer les parties. Il a magnifié l’acte posé par l’avocat de la défense avant de jurer sur son serment que le tribunal n’avait rien à cacher. « Ayez confiance au tribunal. Je crois que le jour où ils douteront de notre impartialité, nous n’aurons plus à porter cette robe. Sur la foi de mon serment qui nous lie, personne de ces juges qui sont là n’avaient eu connaissance de ce dossier avant son enrôlement. J’aime bien ce que vous venez de dire. J’aime la franchise. En le disant, c’est très bien et j’approuve totalement ce que vous dites ».

« Ici, on ne cache rien ! »
Me Fall intervient pour s’en réjouir : « Je suis très ému, monsieur le président, des paroles que vous venez de tenir. Je sais ce que vous êtes. En soulevant ce détail, vous avez souligné l’impartialité du tribunal. Comme il l’a retiré, c’est bon ».

C’est alors que Me Ousseynou Gaye entre en jeu. « On a demandé à tous ceux qui sont là de ne pas allumer leurs portables et de ne rien enregistrer. Il (le procureur de la République) a dit qu’il a enregistré tout son réquisitoire. On demande au tribunal de lui recommander d’effacer l’enregistrement ».

Me Khassimou Touré: « Il a dit que nous sommes des flatteurs. Nous ne sommes pas des flatteurs. Nous sommes des avocats ». Ce, pour s’insurger contre les propos du procureur de la République qui indiquait au juge que les avocats du maire de Dakar ne faisaient que le flatter.

Me Felix Sow, intervenant, a déploré les propos du parquet qui a fait état des techniques utilisées par les avocats. « Le ressenti est important », s’indigne-t-il. Serigne Bassirou Gueye bat sa coulpe et s’excuse. « Loin de moi l’idée de penser que vous faites de la théâtralisation. Sachez que je ne (le) pense pas (…) un seul instant. Je ne parle pas de mise en scène. Je ne souhaite pas être l’élément déclencheur d’un autre comportement ».

Reprenant les choses en main, le président Lamotte approuve les plaintes de Me Félix Sow : « Me Sow a raison. Il est de la responsabilité du tribunal de vous protéger afin que vous ne soyez pas frustrés ». C’est alors qu’intervient le procureur de République : « Monsieur le président, j’ai compris », dit-il pour clore le débat sur ce point.

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