Pr Moustapha Ndiaye tire sur L’Etat : « La décision de fermeture de Dantec est inhumaine, inopportune…»

Pr Moustapha Ndiaye
Pr Moustapha Ndiaye

Malgré les assurances données par le Directeur général de l’Hôpital Aristide Le Dantec, Docteur Babacar Thiandoum, des frustrations, des craintes continuent d’accompagner la décision de fermeture de ce centre hospitalier. Du personnel médical aux malades en passant par les activistes et mouvements de soutien, tous ont dénoncé cette mesure. La dernière est l’analyse faite par le Professeur Moustapha Ndiaye du Service de Neurologie au CHNU de Fann. Selon lui, la « fermeture de l’hôpital Le Dantec est un drame sanitaire et social ».
« L’Etat a décidé de la fermeture de l’Hôpital Aristide Le Dantec pour le « réhabiliter sur la moitié de la surface originelle », le reste est cédé à des Privés.  C’est une décision gravissime. 
Elle est gravissime parce que l’Hôpital Aristide Le Dantec est un patrimoine historique, un symbole de l’histoire de la Médecine moderne au Sénégal. Tout projet de restructuration doit garder cela en perspective 
Elle est gravissime parce que l’Hôpital Aristide Le Dantec est le creuset de la formation des personnels de santé dans notre pays et que sa fermeture va déstructurer toute la chaîne de formation médicale 
Toutes les générations de Médecins, Pharmaciens, Dentistes, Infirmiers et Sage-femmes ont été formées dans le dit établissement. C’est le terrain de stage et de formation de milliers d’étudiants des formations pré et post-Doctorat. Aucune structure hospitalière ne pourra les accueillir après fermeture, les hôpitaux de Dakar étant présentement submergés par le nombre d’Étudiants qu’ils reçoivent. 
L’Hôpital Aristide Le Dantec dispose de l’expertise médicale la plus dense de ce pays. Ces professionnels vont se retrouver en situation de quasi-chômage technique et être privés de ce qu’ils savent faire le mieux : soigner et enseigner. La fermeture va impacter négativement la qualité de la formation des élites médicales de notre pays. Ce sont des générations d’Étudiants en Médecine qui seront sacrifiées et le retentissement ira au-delà des frontières. Bon nombre de pays de l’Afrique francophone envoient des Étudiants pour les formations de spécialisation médicale. Ils iront se former ailleurs. 
Elle est gravissime parce que c’est toute la chaîne de soins de ce pays qui sera durablement désorganisée. La détresse et l’incrédulité des patients, déjà relayées par certains médias, donnent un avant-goût des indicibles souffrances que ces populations vont vivre. Je trouve incompréhensible la célérité des autorités publiques de la santé dans l’exécution de cette décision sans qu’aucune mesure sérieuse ne soit prise pour amoindrir le choc et répondre aux légitimes interrogations des populations.   
Cette décision de fermeture de l’Hôpital Aristide Le Dantec est inhumaine, impertinente et inopportune. L’Etat en porte la responsabilité morale. 
Ma conscience est troublée et je m’interroge devant le silence des Médecins de ce pays et singulièrement des Universitaires. Convaincu que cette décision n’aurait jamais été prise si l’élite médicale de ce pays s’y était opposée ».

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