Périple sous-régional de Sidiki Kaba : Dakar se recentre sur la « diplomatie de bon voisinage »

Si au plan des grandes options stratégiques c’est le président de la République, en « diplomate suprême », qui définit la politique de la nation, au niveau opérationnel ce secteur ultra-sensible a souffert des états de service de Mankeur Ndiaye qui, selon des sources de « Dakaractu », a, pendant tout ce temps qu’il a passé à la Place Washington, privilégié les relations avec des pays occidentaux et le Maroc au détriment des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

Des spécialistes croient savoir que le chef de l’Etat, en évitant de gêner son ministre, a laissé à ce dernier beaucoup plus de marge de manœuvre qu’il n’en fallait ; alors que même aux Etats-Unis, la diplomatie, où la puissante Cour suprême américaine n’a presque pas voix au chapitre, est un domaine réservé du chef de l’exécutif.

C’est d’ailleurs à cause des contrecoups néfastes de cette option diplomatique que l’ex-ministre des Affaires étrangères a été remercié, malgré les élucubrations colportées par les cancans qui cherchent à expliquer autrement cette défénestration subite.

En effet, à cause des raisons mentionnées plus haut, cette diplomatie ne cessait d’accuser des revers qui ont atteint leur paroxysme avec l’échec de la candidature de Abdoulaye Bathily au poste de président de la Commission de l’Union africaine. Le score quasi soviétique obtenu par le victorieux Tchadien Moussa Faki Mahamat indiquait que plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest n’avaient pas voté pour l’ex-leader de la Ld, qui, pourtant, jouit d’une bonne réputation grâce à son parcours politique au service du continent et à son rang universitaire. Directeur de campagne, ex officio, de Bathily, Mankeur, a été un moment placé dans le collimateur de Alpha Condé.

En outre, la dernière édition du Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité a été boycottée par des pays voisins du Sénégal. Un fait perçu, à juste raison, comme le signe d’un malaise entre le Sénégal et certains pays de la sous-région. Qui plus est, Dakar est absent du groupe dénommé G 5 Sahel qui lutte contre le terrorisme.

C’est ainsi que durant la crise gambienne, Nouakchott et Conakry, harmonisant leur position, ont assoupli leur attitude envers le dictateur de Banjul, contrairement à Dakar qui est monté en première ligne pour faire partir Jammeh sous les auspices de la CEDEAO.

Bamako, de son côté, reproche à Macky Sall d’avoir refusé d’envoyer les troupes sénégalaises au nord Mali ; même si, plus tard, le chef de l’Etat reviendra sur cette décision.

Soucieux de réchauffer les relations entre Dakar et ses voisins, Sidiki Kaba, pour sa première tournée en Afrique au lendemain de sa nomination comme ministre des Affaires étrangères, a choisi symboliquement de visiter les pays frontaliers du Sénégal.

Dakar, à travers cette réorientation, vise à privilégier la relation de proximité pour retrouver son lustre d’antan de « puissance diplomatique » sous-régionale.  Ainsi qu’en atteste la volonté affichée de Sidiki Kaba, le 15 septembre dernier, à l’occasion de la cérémonie de passation de service quand, dans son discours, il mit le curseur sur le triptyque : « diplomatie de bon voisinage, diplomatie de développement économique, diplomatie de souveraineté ».

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici