Peine de mort, le sujet de discorde au Sénégal

Il revient tel un leitmotiv. Le débat sur la peine de mort est remis au gout du jour suite à l’assassinat de la responsable politique Fatoumata Matar Ndiaye. Les partisans pour le retour de la peine fondent leurs arguments sur le fait que c’est le seul moyen de freiner cette recrudescence de meurtres jugés odieux enregistrés ces derniers jours.
C’est le cas du Président du Forum du Justiciable Babacar Ba qui s’est confié à Dakarflash, il soutient que la restauration de la peine de mort peut régler le problème de la criminalité. « Aujourd’hui, il est évident que nous avons un réel problème avec notre politique de criminalité, ce qui justifie la recrudescence des crimes barbares, ignobles et gratuits perpétrés sur les personnes » analyse-t-il. Il ajoute que « l’une des fonctions de la peine de mort est son caractère dissuasif. Le retour de la peine de mort dans notre arsenal juridique pourra décourager les éventuels criminels. Son rétablissement est une demande populaire ».  Abdou Khadre Lo docteur en Sciences politiques pense que la volonté de la majorité des Sénégalais doit guider le retour ou non de la peine de mort. Il écrit sur sa page Facebook visité par Dakarflash que « Je veux bien que nous décidions de ramener la peine de mort au Sénégal mai il faudra laisser de coter le caractère dissuasif Rassurons-nous comme nous comme nous pouvons mais qu’on arrête de nous faire croire que la peine de mort fait baisser la criminalité. Cela n’a jamais été démontré près, si notre pays décide souverainement de rétablir et surtout d’appliquer la peine de mort parce que ce sont 2 choses différentes, nous devrons nous y soumettre et avoir le courage d’évaluer les résultats. C’est cela le jeu de la démocratie ».

La peine de mort n’est pas la meilleure option
Le journaliste de Fem Fm, Mamadou Lamine Ka reste sceptique quant à l’application orthodoxe de la peine de mort. N’ayant pas trop confiance à la justice, il craint qu’elle devienne une machine à éliminer. « On a affaire à des politiciens sans scrupule. Si demain on réactive la peine de mort, ça peut être une porte ouverte à des liquidations d’adversaires comme c’est le cas avec le Crei. Je suis pour la peine de mort si on confie la question à des « quadis » (Ndrl : juges musulmans) à l’image de Khaly Madiakaté Kala. Mais ça va être compliqué vu que nous n’avons pas de charria, un droit romano-germanique »
Guy Marius Sagna est foncièrement contre la peine de mort. Pour le coordonnateur du mouvement « Non aux Ape », il pense que la restauration de la peine de mort n’est pas une solution durable. Il faut chercher la source du problème et trouver la solution. « Il faut s’attaquer au système dans ses fondements et causes et non à ses effets » dit-il. Il s’interroge sur l’efficacité de la peine de mort dans les pays où s’est appliqué. « Que donnent les études sur la courbe de criminalités dans les pays qui appliquent la peine de mort ? Je n’ai vu aucune étude sérieuse ou fantaisiste prouvant cela. Alors cela ne sert à rien ».
Même son de cloche pour Abdoulaye Ndiaye, responsable de l’Apr en Côte d’Ivoire. Pour qui toute vie est sacrée, la loi du Talion n’est pas très adaptée. « De tels actes odieux se font le plus souvent sous le coup de l’émotion. Le mieux c’est de laisser l’assassin seul face à sa conscience en l’enfermant le reste de sa vie » soutient-il.
Le chef de l’Etat a fait preuve de fermeté lors de sa présentation de condoléances de la famille de Fatoumata Matar Ndiaye. Il annonce des réformes : « Une peine de prison à perpétuité pour tous les auteurs de meurtre au Sénégal. L’Etat envisage une révision de la politique judiciaire ». Pendant ce temps, Le débat se pose et s’oppose. Depuis le début de l’année les meurtres se sont multipliés au point de commencer à installer la psychose dans le pays.

Un petit rappel historique…
Le Sénégal est le 4e Etat membre de Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDAO) à abolir la peine capitale en Décembre 2004, après le Cap Vert, la Guinée Bissau et la Côte d’Ivoire.
Seules deux exécutions ont eu lieu au Sénégal
Affaire Abdou Ndaffa Faye : son histoire a peu suscité une compassion populaire, tant l’acte avait été jugé ignoble. Abdou Ndaffa Faye avait froidement poignardé Demba Diop, alors député-maire de Mbour et ancien ministre de la jeunesse et des sports. C’était en mars 1967
Moustapha Lô reconnu coupable de tentative d’assassinat contre le premier Président du Sénégal. Il a été exécuté le 15 juin 1967.

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