L’ancien défenseur de Nantes a rebondi à Dijon après des expériences compliquées à Chelsea, Brême et Sunderland. Il raconte comment le yoga l’a aidé à progresser sur le terrain. Et à se canaliser.
Papy Mison Djilobodji
Ce jeudi, il est arrivé avec vingt bonnes minutes de retard au stade Gaston-Gérard, notre lieu de rendez-vous. Mais impossible d’en vouloir à Papy Djilobodji : parce qu’il avait une excuse toute prête (une galère de taxi), mais surtout parce que le défenseur central sénégalais de vingt-huit ans, révélé à Nantes (2009-2015), promène une bonne humeur communicative. Avec autodérision, il a ensuite détaillé pendant une demi-heure comment le yoga lui a permis de gommer certains de ses défauts et de garder le cap, malgré les galères qu’il a connues à l’étranger ces deux dernières années, que ce soit à Chelsea en 2015 (où il n’a pas joué), à Brême en 2016 (où il a été suspendu pour avoir menacé un adversaire d’un geste d’égorgement) ou la saison dernière à Sunderland (où son club a été relégué), qui l’a prêté à Dijon.
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Vous êtes connu pour votre pratique régulière du yoga. Avez-vous trouvé un professeur à Dijon depuis votre arrivée fin août ?
Oui, j’ai fait deux séances depuis que je suis arrivé, mais mon professeur est parti en voyage depuis, il faut que j’en trouve un autre. C’est important pour moi, car le yoga me permet de me sentir bien dans mon corps, d’être plus souple, de répéter les efforts sur le terrain et d’être plus fort mentalement.
Concrètement, que vous apporte le yoga ?
J’ai commencé quand je jouais à Nantes. À mes débuts là-bas (en 2009), je prenais quand même beaucoup de cartons jaunes. Et de rouges aussi d’ailleurs. Franchement, j’étais comme un cinglé, parce que je ne voulais pas décevoir mon coach, ma famille, mes amis qui regardaient le match… J’ai changé ça avec une prof de yoga, qui m’a aidé à mieux me préparer. Elle me disait : “Avant le coup d’envoi, isole-toi un moment, va dans les toilettes par exemple, respire fort et visualise positivement le match à venir.” Ce sont des exercices que je pratique encore aujourd’hui : je suis dans le vestiaire, tout le monde s’agite autour de moi tandis que je reste immobile. Je pense aux duels que je vais gagner, au but que je vais inscrire de la tête sur coup de pied arrêté. (Il sourit.) Bon je n’ai pas encore marqué avec Dijon, mais ça va venir !
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En tout cas cette saison, en huit matches de L1, vous n’avez commis que quatre fautes…. C’est grâce au yoga ?
Oui, mais pas seulement. À force de regarder des matches à la télévision et d’observer les joueurs avec lesquels j’évolue, j’ai progressé, j’ai appris à récupérer le ballon sans commettre de faute. Mais j’ai toujours la même énergie sur le terrain ! Demandez aux attaquants, je leur rentre toujours dedans…
Avez-vous déjà croisé d’autres joueurs qui pratiquent le yoga avec assiduité ?
C’est rare dans le milieu. Mais, récemment, j’ai parlé avec l’agent de Karl Toko-Ekambi (Angers), qui m’a posé des questions sur la prof que j’avais à Nantes. Je lui ai dit qu’elle travaillait très bien. Quand on m’interroge sur ce sujet, je conseille toujours la pratique du yoga. Je dis aux joueurs : “C’est vrai, tu vas dépenser de l’argent, mais tu seras mieux dans ton corps, tu pourras jouer jusqu’à quarante ans, comme moi !” (Il rit.) Enfin, c’est l’objectif que je me suis fixé.
Djilobodji
Ces deux dernières années, vous avez joué à Chelsea, au Werder Brême et à Sunderland. Vous avez trouvé un prof de yoga sur place ?
Pas à Brême, car je suis resté peu de temps et je vivais à l’hôtel. Mais quand je jouais à Sunderland, oui, j’avais trouvé un prof de yoga à Newcastle, car je vivais là-bas. Le mieux, c’était à Chelsea, il y avait un prof de yoga à disposition au club tous les jours, Vinnie. Il m’aimait bien.
Cette pratique vous aide-t-elle à mieux accepter les aléas de votre carrière ?
Comme le fait de n’avoir joué que cinquante-neuf secondes lors des six mois que vous avez passés à Chelsea… Mais mon passage à Chelsea, pour moi, ce n’est pas un échec. Parce qu’on ne m’a pas donné ma chance. Évidemment, j’aurais aimé plus jouer pour montrer ce que je valais, mais là je n’en ai pas eu l’occasion car, comme vous l’avez dit, je n’ai joué que cinquante-neuf secondes d’un match de Coupe de la Ligue. D’ailleurs, j’avais été bon, hein, on m’avait fait deux passes et je n’avais pas perdu le ballon.
Papy Mison Djilobodji
Malgré tout, cette expérience à Chelsea a été instructive ?
Évidemment ! Tu apprends forcément en fréquentant des joueurs de classe mondiale, comme Eden Hazard ou John Terry… Lui, c’est un vrai leader. Avant les matches, même s’il n’était pas titulaire, il prenait la parole dans le vestiaire pour motiver tout le monde, comme si lui-même allait jouer. Et quand il commençait à parler, tout le monde se taisait, c’était impressionnant. Tu sentais que c’était une légende au club. Ce n’était pas Papy Djilobodji, quoi ! (Il s’esclaffe.)
En dépit de ce parcours un peu sinueux, vous continuez d’être extrêmement ambitieux, au point que vous n’avez pas renoncé à vouloir jouer un jour au Real Madrid…
Bien sûr, je conserverai ce rêve jusqu’au jour où j’arrêterai le foot. Pourquoi pas ?
Tout peut aller très vite dans le foot, dans le bon sens comme dans le mauvais.
Mais avec tout le respect qu’on a pour le DFCO, aujourd’hui, vous êtes loin du Real, non ?
Je suis d’accord, mais Dijon, c’est un club qui grandit et qui sera au top dans quelques années, s’il continue comme ça. Il faut garder la tête sur les épaules, être respectueux, travailler et après on verra.
Papy Djilobodji
Si le DFCO veut continuer à grandir, n’aurait-il pas intérêt à embaucher à plein temps un prof de yoga, comme Chelsea ?
(Il sourit.) Exact ! D’ailleurs, j’en ai discuté avec le coach (Olivier Dall’Oglio). Il n’a pas encore pris sa décision, mais je lui ai dit que ce serait bien d’avoir un prof sur place, quitte à ce que les joueurs paient eux-mêmes leurs cours. »
Source : L’Equipe.fr