Pape Thiam, rescapé du drame de Mina : « J’ai été obligé de marcher sur des cadavres… »,

Pape Thiam, rescapé du drame de Mina : « J’ai été obligé de marcher sur des cadavres… »,

L’horreur de Mina est racontée dans la presse de ce mercredi, par des rescapés. Parmi eux, Pape Thiam, un agent polyvalent de 30 ans, qui a été sauvé de la bousculade meurtrière de jeudi dernier aux lieux saints de l’islam. « On marchait normalement quand, brusquement, on a senti un étrange mouvement de foule. Sur le coup, un membre de notre groupe a eu un malaise et ne pouvait plus marcher. J’ai pris une bouteille pour lui chercher de l’eau. En cours de route, j’ai vu une Ghanéenne coincée au milieu d’une foule avec un bébé entre les bras. Elle criait de toutes ses forces pour s’en extirper. Là, j’ai jeté la bouteille. J’ai pris le bébé sur mes épaules et sa maman s’est agrippée à mes reins. Mais le mouvement de foule s’est intensifié et j’ai perdu de vue la dame.
Aux dernières nouvelles, elle serait décédée. Mais j’avais déjà confié l’enfant à un Arabe », raconte Pape Thiam, dans les colonnes de l’Observateur.
Pensant pouvoir revenir après, Pape se rendra compte que les choses ont vite viré à l’horreur. « Je n’ai pas revu l’enfant (il pleure). J’étais choqué. Pendant trois jour, je n’ai pu dormir. Je me sens très mal ».
Il poursuit. « Pour me sauver de la mort, lors de cette bousculade, j’ai essayé d’abord de monter sur le toit d’une tente. Mais, par deux fois, on m’a fait tomber. C’est la troisième tentative qui a été la bonne. Après j’ai tenté de sauver d’autres personnes en leur tendant la main pour qu’elles montent me retrouver sur le toit. Mais quand j’ai vu la densité de la foule, je me suis dit que c’était risqué. J’ai passé trente minutes agrippé à une grille.
A un moment, j’ai cru que j’allais y rester, surtout quand la grille s’est déchaînée. J’ai frôlé la mort. Et aujourd’hui, je crois fermement que si je m’en suis sorti, c’est juste parce que mon heure n’avait pas sonné », explique Pape Thiam, qui raconte que deux des trois compatriotes sénégalais avec qui il partageait la même chambre, sont morts dans la bousculade.
Et ce n’est pas tout. « Il y avait un camion au milieu de la voie et des chaises roulantes sur lesquelles étaient assises des personnes âgées. La foule a buté sur ces chaises, beaucoup sont tombés et c’était le début du chaos. Quand la bousculade s’est estompée, je n’ai même plus eu le courage de regarder le décor qui s’offrait à moi. C’était horrible. Des centaines de personnes ont été piétinées à mort et il y avait du sang partout.
Et comme je devais poursuivre mon hajj et aller aux stèles, j’étais obligé de marcher sur les cadavres. Il n’y avait plus de chemin et je n’avais pas, non plus, le choix. C’est horrible, mais c’était l’unique solution pour sortir de là », confie le rescapé.

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