Ne me rendez pas à César, je ne veux être crucifié (Par Sidy Lamine Niasse)

sidy-lamine-nias-620x400

Je ne polémique pas, je me positionne à un niveau qui limite mes interlocuteurs. Comme toujours, je rappelle ! Tel que le recommande le Saint-Coran. 

«Non ! Nous ne sommes pas partagés. Nous nous considérons unis, embarqués dans le même navire, dans la même galère, avec les mêmes souffrances, les mêmes souhaits de réussite, de solidarité, de partage. Nous respectons notre Etat, même si nous ne sommes pas tous d’accord avec les choix politiques de nos gouvernants. De nous tous, ils sortent, de nous tous musulmans, chrétiens, animistes, ils gouvernent. Ils sont nous, nous sommes eux. Pareils. Tous Sénégalais !», a écrit, en substance, Gaston de Madeira. Mon cher Gaston de Madeira ou encore Charles Faye, le temps de votre passage à Wal Fadjri est-il si lointain que cela pour ne plus vous inciter à faire la différence entre l’homme religieux et le simple citoyen ? Parce que, sur ce point, vous vous êtes totalement fourvoyé.

C’est plutôt Sidy Lamine, le citoyen sénégalais et non le religieux, qui s’adressait à ses concitoyens. C’est le militant de la justice et de l’équité, qui se bat pour que la politique du «deux poids deux mesures» cesse dans son pays, qui a dit sa part de vérité. C’est un citoyen qui a vu d’autres Sénégalais, se plaindre de l’appartenance mouride affichée de l’ancien président Abdouaye Wade. C’est aussi un chef d’entreprise, un opérateur économique, un contributeur qui participe à renflouer les caisses du Trésor public, qui conversait avec une partie des citoyens qui sont révulsés par la façon dont l’Etat sénégalais fonctionne. Un employeur qui traite, depuis trente-deux ans, ses employés de la même manière, qu’importe leur confession religieuse, qu’importe leur appartenance confrérique ou ethnique. Et vous, Gaston de Madeira ou encore Charles Faye, en tant que pharmacien de votre état et ancien journaliste à Wal Fadjri, vous en savez quelque chose pour l’avoir vécu.
L’honnêteté vous aurait recommandé, Charles ou Gaston, c’est selon, d’attester qu’il n’existe à Wal Fadjri aucune inégalité basée sur la foi ou la loi. La même faveur faite aux employés de confession musulmane auxquels nous octroyons une aide pour qu’ils puissent effectuer le pèlerinage à la Mecque, est également accordée aux employés de confession chrétienne pour qu’ils se rendent en pèlerinage à Rome. Vous n’ignorez pas, non plus, que nous sommes la première radio du Sénégal à avoir fait la retransmission en direct de la cérémonie religieuse de Paques, depuis la Cathédrale de Dakar, obligeant la majorité de nos auditeurs à suivre un programme auquel ils n’adhérent pas. On l’a fait également pour les messes de minuit de Noël. Et contrairement à la Rts, nous avions toujours privilégié les messes organisées sur le territoire national.

Vous ne pouvez pas oublier non plus, puisque vous étiez là, que j’ai été parmi les premiers à partager la douleur avec la communauté chrétienne lors du rappel à Dieu de Monseigneur Thiandoum. De l’aéroport, à l’arrivée de la dépouille, jusqu’à la Cathédrale, j’étais là, enturbanné comme religieux, pour compatir à la douleur provoquée par la disparition de l’ancien chef de l’Eglise sénégalaise. Tout comme je fus l’un des premiers citoyens à avoir écrit au président Wade, pour protester contre son commentaire sur l’église et son chef, qui avait profondément offensé la communauté chrétienne qui avait manifesté son mécontentement devant les grilles du palais de la République. Et le président Wade n’avait pas manqué de m’appeler à une heure avancée de la soirée, pour solliciter mes éclairages. Je lui avais conseillé de chercher un ministre du culte ou des affaires religieuses pour donner à l’Etat plus de recul par rapport aux questions confessionnelles. Quand il m’a demandé de lui faire une proposition sur une personne qualifiée pour occuper le poste, je lui avais proposé Mouhamadou Bamba Ndiaye. Pourquoi lui ? Parce que nous avions cheminé ensemble et, dans notre combat, l’une de nos tribunes était le Centre Lebret, où nous côtoyions les pères Pineau et Moreau. C’était dans les années 68. Nous étions même allés jusqu’à organiser avec eux des conférences dans ledit centre sur la connaissance de l’Islam.
Ayant vécu tout cela, il est de mon devoir, aujourd’hui, de tirer la sonnette d’alarme en voyant l’Etat du Sénégal déclarer fêtes nationales chômées et payées sept évènements de l’église catholique. N’a-t-on pas privilégié la croix rouge au détriment du croissant rouge, alors que tous les deux existent au Sénégal. On peut dire la même chose concernant les Ong qui bénéficient d’accords de siège et dont les rentrées et sorties de fonds ne sont pas assimilables à de l’intégrisme ou au terrorisme. Sans compter les hectares de terre qui sont octroyés à des écoles confessionnelles qui bénéficient de subventions conséquentes que les autres écoles religieuses n’ont pas. Et que dire du statut de ministre du culte avec des lois qui l’immunisent et considèrent comme outrage toute critique à l’endroit de son homélie, même quand celle-ci traite de questions politiques ou économiques. Tout simplement parce qu’il fait référence à la bible. Mais la rébellion casamançaise n’a-t-elle pas été dirigée par un abbé logé et pris en charge par le diocèse de Ziguinchor. Une rébellion qui a causé des centaines de morts et des dégâts incommensurables aux Sénégalaises et aux Sénégalais.

Théodore Ndok Ndiaye n’a-t-il publié un livre intitulé : Quel Sénégal pour demain ? Une vision chrétienne et citoyenne, ouvrage préfacé par l’Abbé Alphone Seck et postfacé par Moustapha Niasse, qui prône une croisade au Sénégal pour arriver à instaurer le salut par la voix du Christ ? Croisade qui est en Islam l’équivalent du mot Jihad. A-t-il, pour autant, été interpellé ni même entendu ? Pendant ce temps, on arrête des imams comme Alioune Ndao et Ibrahima Cissé de Kolda à cause de leurs discours qui se réfèrent au Coran et à la Sounna. Une «khoutba» qui est l’équivalent de l’homélie faite par l’abbé. Mais, pour l’imam, on le qualifie d’apologie au Jihad.

On parle de la fête des mères, des pères, de la Saint-Valentin avec une médiatisation à outrance, qui ne laisse aucune place à leurs équivalents en Islam qui existent bel et bien. A la veille du Carême, l’espace public est le lieu par excellence où se fête le Mardi gras. Tout ceci, pour aliéner les Sénégalais qui ne doivent pas se référer à une culture autre que celle de la civilisation judéo-chrétienne. Le vendredi n’est pas férié, mais le samedi le Sabat et le dimanche le jour du seigneur le sont. Et on aurait pu dénombrer au niveau du droit le référencement à la bible et le rejet du Coran et de la Sunna comme source de droit et de législation. Si l’Etat sénégalais n’est pas catholique, je me demande ce que c’est le catéchisme.
Je demande par la même occasion à Moustapha Diakhaté où est-ce qu’il a vu la cohésion nationale dans ces faits et ces comportements. En même temps que lui, je demande à la société civile sénégalaise de réagir face ce comportement de l’Etat qui est anti islamique et anti national. Je ne vais pas chercher à exporter Daesh depuis le Moyen-Orient après avoir trouvé ici, au Sénégal, l’abbé Diamacoune Senghor. Si Moustapha Diakhaté est fan ou fidèle de l’Abbé qui a tué tant et tant de Sénégalaises et de Sénégalais, et contribué à mettre à genoux l’économie de la florissante Casamance, c’est son absolu droit, quant à moi, je resterai un combattant au service de la justice. Mon appel du 19 mars, à la place de l’indépendance, avait pour slogan : «Après l’indépendance, la justice pour tous». Ses patrons Moustapha Niasse et Macky Sall avaient tous deux adhéré à ce combat que je réitère aujourd’hui. Et je rappelle que, dans un pays sans loi ni foi, la demeure des honnêtes gens, c’est la prison.

Chers lecteurs, ceci n’est qu’un intermède. Vendredi prochain (inch’Allah) nous reprendrons notre Chronique hebdomadaire : Entre Destin et Destination. Ramadan Moubarak !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici