Mouhammad Boun Dionne : «il faut qu’on arrête de dire que nous avons une mauvaise administration»

Le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne a présidé, hier, les rencontres de la transformation publique en Afrique sur la transformation de l’action publique au service de l’émergence du Sénégal. Il n’a pas apprécié la comparaison faite par un expert entre le Sénégal et l’Estonie sur la dynamique de l’administration mais aussi sur la digitalisation de plusieurs services publics de ce pays.

Les résultats de l’étude sur la transformation de l’action publique au service de l’émergence du Sénégal menée par le cabinet de conseil Grant Thornton et ses partenaires n’ont pas été du goût du Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne. Après la présentation des résultats, Mansour Gaye de Grant Thornton a fait une diapositive sur ce qu’il appelle un pèlerinage en Estonie.

Dans sa présentation, il a ressorti les réussites de ce pays scandinave dans le domaine de l’administration, notamment dans le secteur de l’économie et de la digitalisation de procédures administratives. Cela, en comparant certaines situations de ce pays à celles au Sénégal qui traine.

Une comparaison que le chef du gouvernement n’a pas du tout appréciéeFâché, le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne a demandé à ce que les uns et les autres arrêtent de dire que le pays a une mauvaise administration. A l’en croire, au contraire, le pays dispose d’une excellente administration.

«Il faut qu’on remette les choses dans leur contexte. Il faut se féliciter de la qualité de notre administration. Il faut qu’on arrête de dire que nous avons une mauvaise administration. Je ne le crois pas. On a une excellente administration. Mais, il nous faut collectivement repenser nos façons d’agir et notre rapport par rapport à l’Etat», clame-t-il.

Le rapport présenté par le cabinet Grant Thornton révèle les lacunes de l’administration sénégalaise dans son ensemble. Selon l’étude, au même titre que les aspects règlementaires, les infrastructures et moyens techniques en place freinent la dynamique de développement du numérique et ses usages et creusent les inégalités territoriales et sociales.

D’abord, elle souligne que l’accessibilité du réseau téléphonique et de l’internet n’est pas généralisée, et ensuite son coût est dissuasif pour la majorité des répondants. Et il relève les grands défis stratégiques de l’administration en termes de cohérence et de rationalisation de son cadre institutionnel et organisationnel.

Considérant les remarques comme une provocation ou un affront, le Premier ministre a fait remarquer aux enquêteurs que le numérique est un moyen, mais pas une finalité. «Un moyen, c’est de la logistique. Il faut qu’on distingue le phénomène de l’épiphénomène. Je pense que ce qui importe, c’est l’état d’esprit. Vous faites un e-tax, très bien.

Combien de personnes dans cette salle, à commencer par moi-même, paient l’impôt foncier au Sénégal ? Que ceux qui paient l’impôt foncier lèvent la main. Il n’y a pas beaucoup de mains. Alors, on développe une super plateforme de e-tax et personne ne paie ses impôts. Monsieur le Directeur du commerce extérieur, dites-moi, vous payez l’impôt foncier? Non. Voilà le problème qu’on a.

En informatique, nous quand on l’apprenait, l’on disait qu’un système d’information est un tuyau. Tout dépend de l’information que vous y mettez», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que le pays a une excellente administration. Pour le chef du gouvernement, il ne faut pas faire dans l’auto-flagellation pour dire voilà, c’est l’Estonie. «Comparaison n’est pas raison. Vous aurez pu citer le Premier ministre de l’Estonie où est-ce qu’on le place.

Cela ne me gêne pas. Pourquoi, cela ne me gêne pas ? Peut-on comparer l’Estonie au Nigéria. Il faut qu’on se pose aussi les bonnes questions pour trouver les bonnes réponses mon cher ami. Une économie continentale n’a rien à avoir avec une économie offshore souvent insulaire», fait-il remarquer.

Dans la même lancée, le Premier ministre soutient que la Lettonie et l’Estonie sont des pays qui ont tout ce qu’il faut. Par ailleurs, l’étude a indiqué qu’un effort de simplification, de systématisation et de vulgarisation du Plan Sénégal émergent (Pse) semble nécessaire.

Adama COULIBALY 

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