Mode d’emploi des tyrans Par (Daouda Badji)

Il n’est  en ce monde que des hommes, et le diable (« le diable ne s’habille plus en Prada »: précédent article) n’existe pas. Tyrans, tortionnaires,  dictateurs et despotes parfois éclairés -mais à la bougie….-se partagent nombre de trônes, et il n’est pas besoin de longue cuillères pour dîner  avec eux.
 
 Dans le monde réel du Sénégal,  loin des rêves,  peints en rose démocratique,  qui encombrent les discours des sympathiques théoriciens et rhétoriqueurs,  de la gestion sobre et vertueuse, il faut aborder ces dirigeants – là avec l’intelligence en guise d’épée et la lucidité pour bouclier. Boris Nemtsov a été assassiné,  si ce n’est sur ordre de Vladimir Poutine , c’est sous son règne,  ce qui lui confère une responsabilité dans ce meurtre :celle d’avoir mis son pays en surchauffe politique, celle d’avoir amené la majorité des Russes à confondre le patriotisme à la Ousmane Sonko avec le nationalisme,  ce qui est un symptôme de recul démocratique,  celle de pousser son peuple au culte du chef ( pouvoir :nguur ) , ce qui est un symptôme d’aliénation identitaire. 
 
 
Sous le soleil  brûlant  (peuple fatigué,  misère sociale et suffocante, chômage endémique des jeunes, etc…)Sénégalais soit on réprime ceux qui pensent et font autrement la politique par la radiation, la destitution,  la mutation ou la traque avec une cour spéciale comme dans un régime d’exception. 
 
Aujourd’hui l’Europe a besoin du tyran russe et syrien pour lutter contre le fanatisme,  demain pour contenir l’expansionnisme chinois. Mais cette géopolitique réaliste, elle doit tracer deux lignes rouges. D’abord, sa propre stratégie doit exclure tout cynisme, et ne jamais soutenir en souriant un tyran parce que l’ordre en son pays, c’est l’omerta,  l’élimination des adversaires politiques. En rappelant sans cesse quels sont ses principes, sans tomber dans un stupide rêve d’ingérence ni dans une suicidaire logique de guerre, il faut raisonner ce pouvoir – ce qui ne veut pas dire l’approuver-, qui au lieu de répondre à la misère sociale crée de nouveaux chômeurs soutiens de plusieurs familles en cette période de fête du mouton et de soudure dans le monde rural. Bonne volonté et crédulité sont les deux mamelles démocratiques où viennent téter les tyrans pour gagner quelque sursis.
 
La realpolitik n’est pas la meilleure stratégie,  elle est la seule. Et aujourd’hui,  le réel,  c’est la crise sociale (chômage), le fanatisme,  péril protéiforme qui menace nos vies et, pire, notre vivre ensemble. Tout doit donc être subordonné à cette lutte, y compris nos scrupules et non de radier ou de traquer des citoyens qui pensent et réfléchissent autrement… l’ère de la pensée unique est révolue. ..
Dr. Daouda BADJI

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