En Mauritanie, le verdict est tombé dans le procès de 23 personnes interpellées suite à des violences le 29 juin entre la police et des manifestants. La Cour criminelle de Nouakchott a condamné la plupart des accusés à la prison ferme. Huit ont écopé de huit ans de détention. Deux autres à cinq ans et dix ont été condamnés à trois ans d’emprisonnement. Les juges ont acquitté trois personnes. Tous étaient poursuivis notamment pour « rébellion », « attroupement armé » et « agression envers la force publique ». Les affrontements avaient éclaté à l’occasion du déguerpissement de populations installées sur un terrain privé, entraînant des dégâts matériels et des blessés.
La quasi-totalité des accusés écope finalement de la prison ferme. Pourtant les peines sont moins lourdes que celles demandées ce mercredi 17 août par le procureur, qui réclamait 20 ans de détention. Un procès qui s’est terminé sans les avocats de la défense. Depuis mardi, ils boycottaient les audiences pour protester contre des violations de la procédure. L’un d’eux, Maître Brahim Ould Ebetty, se dit indigné et annonce déjà qu’il fera appel.
« Le verdict a été rendu dans des conditions qui n’assuraient pas de procès équitable, condamne-t-il au micro de RFI. Il s’agit plutôt d’une recherche à éliminer les gens d’IRA qui n’avaient rien à voir dans cette affaire. Donc c’est vraiment un recul regrettable de notre justice. »
Le ministère mauritanien de l’Intérieur et 19 agents de police s’étaient constitués parties civiles. Leurs avocats demandaient 70 millions d’Ouguiya de dommages et intérêts. La cour en a accordé 38. L’un des avocats, Me Bilal Ould Dick, est donc lui aussi mécontent. Il fera lui aussi appel.
« Nous ne sommes pas du tout satisfaits, réagit-il sur RFI. Le tribunal n’a pas pris en considération le dégât moral. D’autre part, notre demande globale qui était de 78 millions n’a pas été retenue. Il y a eu vingt policiers agressés, du matériel de la police qui a disparu. C’est le symbole de la République qui a été touché et le jugement doit en tenir compte. »
Les deux parties ont 15 jours pour faire appel. Si un nouveau procès a lieu, il se tiendra devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de Nouakchott.
Source : RFI