Matar Ba : un ministre qui gagne

Matar Ba : un ministre qui gagneDepuis la nomination du maire de Fatick à la tête du ministère des Sports, en juillet 2014, les sélections nationales empilent les succès. Le dernier en date : le premier titre de champions d’Afrique des Lions du football.

Il y a eu Joseph Ndong. Le nom de l’ancien ministre des Sports d’Abdoulaye Wade est, pour toujours, lié aux performances des «Lions de 2002». Sur une photo culte de cette épopée, marquée par une première finale de CAN et une place en quart de finale du Mondial pour une première participation, on le voit poser tout sourire aux côtés d’El Hadji Diouf et Cie.Il y a maintenant Matar Ba, un de ses successeurs. Le maire de Fatick est le patron du département au moment où le Sénégal remporte pour la première fois de son histoire la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Un trophée derrière lequel courait le pays depuis 57 ans et qui procure aujourd’hui à son peuple une joie immense.
Le sacre de SadioMané et Cie est une œuvre collective. Elle porte évidemment la signature des principaux artisans : les Lions et leur staff (technique, médical…). Mais il faut signaler la contribution d’autres ouvriers plus ou moins éloignés de l’atelier. Ce sont notamment les fédéraux, les supporters et, avec un rôle plus discret mais ô combien vital, le pouvoir politique.
La FIFA abhorre toute immixtion de celui-ci dans les affaires du football. Tant mieux. Mais au Sénégal comme dans la quasi-totalité des pays d’Afrique, le sport est financé par l’Etat. Infrastructures, déplacements des sélections, hébergement, primes… : sans le budget du gouvernement, qui supporte leurs «dépenses de souveraineté», les fédérations n’existeraient pas. Les pratiquants des disciplines dont ces délégataires de pouvoir étatiqueassurent la gestion ne brilleraient pas sur la scène internationale.C’est donc rendre justice à ce pouvoir politique que de souligner, sans verser dans la récupération politicienne, son rôle au moment de la célébration des victoires des sélections nationales. Alors, chapeau aux autorités sénégalaises, notamment le chef de la tutelle.
Huit ans aux Sports
Matar Ba est arrivé à la tête du ministère des Sports au début du mois de juillet 2014. Nommé dans le gouvernement de MahammedBoun Abdallah Dionne, il remplaçait MbagnickNdiaye. Il n’a plus quitté son poste depuis cette date. Son bilan sans précédent explique sans doute cette longévité. En effet avec le maire de Fatick, le sport sénégalais a atteint un niveau de rayonnement jamais égalé.
Pour s’en convaincre, il suffit de mesurer le chemin parcouru par les Lions du football depuis son arrivéeau ministère des Sports.La sélection nationale, qui polariseaujourd’hui les attentions, était à ce moment-là sur les rotules. Elle venait de vivre six ans de traversée du désert, alternant les éliminations précoces (2008 et 2012) et les absences (2010 et 2013) en CAN. Un an après l’installation du nouveau ministre des Sports, le Sénégal retourne aussitôt en phase finale de la compétition continentale. L’aventure s’arrête au premier tour en Guinée équatoriale, pays hôte de la 30e édition.Dans un élan de remobilisation des troupes, la Fédération sénégalaise de football se sépare d’Alain Giresse et nomme AliouCissé au poste de sélectionneur. Le ministère des Sports valide le choix. L’histoire était en marche.
En 2017, les Lions retournent à la CAN et accèdent en quart de finale pour la première fois depuis onze ans. L’année suivante, ils se qualifient au Mondial pour la deuxième fois, seize ans après leur première participation. En 2019, ils retrouvent une place en finale de CAN pour la deuxième fois, dix-sept ans après Mali 2002. Le Sénégal était tout près d’atteindre son objectif face à l’Algérie. Ce n’était que partie remise à 2022.
Héritier de François Bopp
Matar Ba avait fait du titre continental la condition du maintien d’AliouCissé sur le banc des Lions assorti d’une revalorisation de son salaire. Le ministre des Sports ne cessait de marteler que l’objectif fixé au sélectionneur national était de rentrer du Cameroun avec le trophée. Comprendre : la coupe ou la porte.
On ne saura peut-être jamais jusqu’à quel point cette mise en garde du patron de la tutelle, son employeur (la fédération étant l’utilisateur), a boosté le technicien sénégalais. Mais une chose est sure,elle n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd.
Matar Ba, pur produit du mouvement navétanes,est un fan du ballon rond. Mais il n’est pas que le ministre de cette discipline. Avec lui, le drapeau du Sénégal n’a pas flotté haut qu’au-dessus des terrains de foot. Il a été également célébré en karaté, en judo, en lutte, en basket, en beach soccer, en handisport… Avec le maire de Fatick, le sport sénégalais a en plus étrenné des infrastructures modernes (Dakar Arena, Arène nationale, Stade omnisports de Diamniadio…) et remporté l’organisation de compétitions majeures comme l’Afrobasket féminin, les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ)…
Certains témoin de l’histoire du Sénégal estiment que feu François Bopp est jusque-là, en terme de vision, le meilleur ministre des Sports que le pays a connu. En Joseph Ndong et, aujourd’hui, Matar Ba, le défunt collaborateur de Léopold Senghor trouve à coup sûr de dignes héritiers.

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