Quand Macron s’attaque au ventre des femmes africaines

Les femmes africaines seraient-elles responsables du sous-développement de l’Afrique ? C’est ce que semble penser Emmanuel Macron. Interrogé sur le développement de ce continent, lors du sommet du G20, le président de la République a pointé du doigt les “7 à 8 enfants”, qu’aurait chaque Africaine. Un problème “civilisationnel”, selon lui.

Pour Emmanuel Macron, le sous-développement de l’Afrique ne serait pas dû à la misère, à la pauvreté ou à des années sous l’emprise du colonialisme et de l’esclavagisme. Le président y voit une tout autre raison, “beaucoup plus profonde”, comme il l’a affirmé à l’occasion du sommet du G20, qui s’est clôturé samedi 8 juillet.

“La transition démographique est l’un des défis essentiel de l’Afrique”, a-t-il déclaré, comme on l’entend dans cette vidéo. Il ajoute : “Dans un pays qui compte encore 7 à 8 enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien.”

“C’est le sous-développement qui entraîne la surpopulation”

Une manière très réductrice d’expliquer le sous-développement du continent, comme le rappelle la politologue Françoise Vergès dans le Ventre des Femmes (Albin Michel), paru en mars dernier. Dans cet ouvrage, elle met en lumière un scandale des années 1970 survenu sur l’île de la Réunion, où les femmes étaient contraintes aux avortements forcés et aux stérilisations par des médecins blancs, sans consentement. “On rend les femmes du tiers-monde responsables du sous-développement. En réalité, on inverse la causalité : la plupart des études prouvent aujourd’hui que c’est le sous-développement qui entraîne la surpopulation”, explique-t-elle dans Libération, avant de poursuivre : “La théorie de la surpopulation évite aussi de questionner le rôle du colonialisme et de l’impérialisme dans la pauvreté. Et ces discours visent, bien sûr, avant tout les femmes.”

Pour rappel, en 2016, l’Afrique subsaharienne enregistrait son plus faible taux de croissance, selon la Banque mondiale. L’organisation pointait alors un tout autre facteur, qui n’a rien à avoir avec le “ventre” des Africaines : pour la Banque mondiale, l’effondrement du taux de croissance s’explique “par les difficultés rencontrées par les plus grandes économies de la région. Principaux exportateurs de matières premières, ces pays subissent toujours les conséquences de la chute des cours, doivent faire face à des conditions de financement moins favorables et réajuster leur cadre macroéconomique.”

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