Macky Sall : «Pourquoi j’ai parlé à Poutine»

Macky Sall : «Pourquoi j’ai parlé à Poutine»Le chef de l’Etat a révélé au journal français L’Humanité les raisons pour lesquelles il s’est entretenu au téléphone avec son homologue russe, Vladimir Poutine, au sujet de la guerre en Ukraine. Il a aussi justifié la position de Dakar lors du vote à l’ONU de la résolution condamnant l’offensive militaire de Moscou.  

Mercredi 9 mars, le Président Macky Sall s’est entretenu au téléphone avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Moscou avait lancé moins de quinze jours plus tôt l’invasion de l’Ukraine. L’initiative était chef de l’Etat, qui assume depuis le 1er février, la présidence de l’Union africaine. L’entretien a duré une demi-heure d’après le dirigeant sénégalais. «Il a pris le soin de m’écouter et m’a aussi expliqué sa version des facteurs explicatifs de la crise, en indiquant qu’il reste ouvert au dialogue», a confié Macky Sall dans un entretien avec le journal français L’Humanité.
Le président de la République ne s’est fait pas d’illusion : il sait que la guerre entre Russes et Ukrainiens ne s’arrêtera pas juste après un simple coup de fil au chef du Kremlin. «L’UA n’a pas la prétention de faire taire les armes, mais quand le sort de l’humanité est en jeu, nous avons tous l’obligation d’appeler à la paix, parce que nous avons une humanité commune. C’était ça le sens de mon initiative.»
«Crise majeure»
Justement, le sort de l’humanité se joue effectivement en ce moment en Ukraine. «Cette crise est majeure en ce sens qu’elle engage directement une grande puissance et fait réagir d’autres grandes puissances, les unes et les autres étant dotées des plus grandes capacités militaires du monde, y compris l’arme nucléaire, rappelle Macky Sall. On peut imaginer les conséquences catastrophiques qu’un affrontement entre ces puissances engendrerait sur le monde entier. Il est donc du devoir de tous de s’impliquer pour l’arrêt du conflit et la recherche d’une solution négociée.»
Le chef de l’Etat se sent d’autant tenu de s’investir que les conséquences de la crise ukrainienne risquent de se faire sentir en Afrique plus qu’ailleurs. «(Les) répercussions ne peuvent être que néfastes, avec la hausse vertigineuse des prix des hydrocarbures et des autres produits essentiels, y compris alimentaires, alors même que le monde continue encore de subir l’impact de la pandémie de Covid-19, signale le président en exercice de l’UA.  Naturellement, ce sont les économies les plus faibles, de surcroît dépourvues de mécanismes de résilience conséquents, qui subiront le plus durement les conséquences économiques et sociale de la guerre.»
«Que chaque pays respecte notre choix» 
Au cours de l’entretien avec L’Humanité, Macky Sall est revenu sur la position du Sénégal lors du vote à l’ONU de la résolution condamnant l’invasion russe en Ukraine. Le Président sénégalais assume la neutralité de son pays sur cette question. Ce choix «est dicté par nos propres impératifs nationaux», justifie le chef de l’Etat. Qui explique : «Quand une situation de cette nature éclate, notre pays se détermine suivant sa propre évaluation des faits, ses dynamiques internes et externes, et selon l’évolution de la situation.»
C’est suivant cette logique que Dakar, quelques jours après s’être abstenu de condamner ou pas l’invasion russe en Ukraine, a voté en faveur de la résolution du Conseil des droits de l’homme invitant au respect de ceux-ci. «Nous respectons le choix de chaque pays. De la même manière, nous nous attendons à ce que chaque pays respecte le nôtre», conclut Macky Sall.

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