Macky Sall justifie l’endettement inquiétant du Sénégal

 La dette s’est encore invitée lundi au Conseil présidentiel sur la revue annuelle conjointe 2017. A la suite de son ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, le président de la République a demandé aux gens d’arrêter de parler de la dette qui est utilisée, selon lui, pour des investissements et non pour juste du fonctionnement. Cela, le chef de l’Etat a redit son ambition de sortir le Sénégal de la dépendance de l’aide un jour. Quand les poules auront des dents ?

Baïdy Agne, dans son intervention, a soulevé plusieurs points qui concernent le secteur privé national. Parmi les doléances du président du Conseil national du Patronat (CNP), la tenue d’une rencontre mensuelle avec le président de la République en privilégiant un dialogue constructif. Toutefois, de toute l’intervention du représentant du secteur privé, le président de la République n’a semblé retenir que les propos tenus sur la dette contractée par le Sénégal. « La dette ne pourra jamais nous faire avancer », a dit Baidy Agne.

ans sa réponse, le chef de l’Etat, à la suite de son ministre de l’Economie, des Finances et du Plan lors de son passage en plénière à l’Assemblée nationale, a demandé d’arrêter de parler de la dette publique à tort ou à raison. Selon le président de la République, les critères d’endettement sont bien définis par les institutions financières qui prêtent de l’argent au Sénégal. Il cite la capacité pour notre pays à rembourser la dette tout en rappelant le ratio en matière de prêt qui est de 10,9%. « Les institutions financières ont classé le Sénégal comme un pays sans risque dans son endettement », a dit Macky Sall.

Il n’a pas manqué de justifier l’aide contractée par le Sénégal. Selon lui, notre pays ne s’endette pas pour du fonctionnement ou du folklore, mais pour investir dans des secteurs porteurs. Mieux, estime-t-il, la dette est saine et les autorités connaissent bien sa qualité. « Nous ne nous endettons pas juste pour payer des salaires », soutient-il avec force. Cela dit, Macky Sall ne veut pas que le Sénégal continue de se nourrir de l’aide. « Nous devons sortir de l’aide, pour cela, il faut que nous fassions des efforts sur les recettes budgétaires», a souhaité le chef de l’Etat en présence des représentants du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale. Il faut donc, martèle-t-il, que les gens connaissent cette volonté politique et se la mettent en tête.

Election présidentielle en 2019 
Répondant à une autre interpellation de M. Baidy Agne sur la dette, le président de la République a demandé que des efforts soient faits pour que les entreprises locales ne soient pas étouffées. Dans 14 mois, les sénégalais vont se rendre aux urnes pour élire un président de la République. A propos de cette échéance, le président Macky Sall n’a pas manqué de rassurer les bailleurs de fonds. « En 2019, nous seront sereins dans les politiques publiques avec une mobilisation exceptionnelle confirmant l’élan vers l’émergence », a-t-il dit. Selon lui, les élections ne sont pas un facteur qui peut pousser les gens à arrêter leurs activités respectives surtout dans la marche vers le développement. Cette perspective est d’autant plus improbable que le Sénégal est un grand pays de démocratie qui vote depuis plusieurs années. « Ce sera juste une fenêtre avant de passer à autre chose. La maturité démocratique du Sénégal n’est plus à démontrer », a assuré Macky Sall.

Lors des discussions, les représentantes de la Banque Mondiale et du FMI ont toutes les deux demandé au Sénégal de continuer à faire des réformes sur plusieurs plans comme l’énergie. Ce sera une occasion, selon la représentante de la Banque Mondiale, d’améliorer l’environnement des affaires afin d’attirer les investisseurs. Cela peut permettre aussi au Sénégal de maintenir la prudence budgétaire tout en continuant à gérer sa dette. Pour les réformes, le président de la République en a évoqué une qui, selon lui, semble être difficile à réaliser. Trouvant que le foncier prend beaucoup de temps, il estime qu’il faut partir de superficies acceptables allant de 500 à 1 000 ha. « Pour les grosses superficies, les populations peuvent être frustrées et je serai de leur côté en cas de litige », prévient-il. Avant les élections, peut-être, mais après ? Est-il sûr qu’il continuera d’être aux côtés des populations ?
Le Témoin

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