Lutte contre la corruption: « Le Sénégal toujours dans la zone rouge»

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A l’occasion de la journée internationale de lutte contre la corruption, le Forum civil a participé à la conférence organisée par le centre pour le renforcement de l’Etat de droit et des institutions judiciaires (Credij), sur le thème : «Corruption: quelles stratégies? Quelles difficultés? Me Moussa Félix Sow a passé en revue la lutte contre la corruption au Sénégal. Selon lui, l’Etat du Sénégal est en-dessous de la ligne rouge. Entretien.

Comment définiriez-vous la corruption?

La corruption est l’un des grands maux de la bonne gouvernance. C’est la raison pour laquelle le Forum civil ne cesse de mener le combat avec des citoyens. L’approche est citoyenne pas institutionnelle bien que nous travaillions avec des institutions. Parce que, ce sont eux la quintessence.

Quels sont les moyens de lutte contre la corruption?

C’est d’une part de travailler avec les institutions mais surtout avec les populations. Parce qu’en dernier ressort, c’est le peuple qui est important. Car, c’est lui qui génère des ressources que l’Etat gère et qui doit pouvoir contrôler l’Etat pour voir comment sont utilisées ces ressources. Nous travaillons au niveau local pour que de plus en plus les populations s’intéressent à la gouvernance locale ou qu’elles participent et contrôlent ceux qui sont chargés d’assurer cette gouvernance locale.

Pouvez-vous nous faire l’état des lieux de la lutte contre la corruption au Sénégal?

Depuis 2012, il faut dire que des efforts ont été faits. Il y a eu des procédures qui ont été lancées qu’on a appelé la traque des biens mal acquis. Certaines personnes ont été condamnées mais il reste beaucoup à faire. La plus grande difficulté que nous avons, c’est d’abord la question de la volonté politique.

Pourquoi dites-vous cela ?

Si l’Etat à cette volonté politique, il est évident que des dispositions sont prises pour que cette lutte contre la corruption puisse davantage prospérer. Mais, il y a également un autre handicap.

Quel est cet autre handicap?

C’est l’absence de plan stratégique. Quand vous menez un combat, vous ne concevez pas ce combat dès le début pour élaborer un plan stratégique, il est évident que vous donnerez l’impression de mener une lutte parcellaire voire même une lutte ciblée. Cette lutte ne serait pas d’une façon conséquente et ne permettrait pas d’avoir des avancées. C’est la raison pour laquelle au Forum civil nous pensons qu’il est important que l’on institue un système national d’intégrité.

Quelles sont les missions de ce système?

Ce système permet d’envisager des enquêtes dans tous les secteurs particulièrement les plus vulnérables pour voir comment se présente la corruption. Quelles sont les formes de la corruption. Et quelle est l’ampleur de la corruption dans ces différents secteurs.

Dans l’administration, il y a des gens qui sont vertueux. Détecter dans ces secteurs les personnes qui peuvent constituer le cercle des vertueux. Des résistances existent et ils en existeront toujours. Mais voir comment emmener ces gens-là à adhérer aux programmes de lutte contre la corruption. Il est évident sur le plan culturel, il faut beaucoup de formations. La corruption déstabilise les Etats avec toutes les infractions voisines, le blanchiment d’argent, l’enrichissement illicite, le trafic d’influence, la contusion, toutes ces infractions ont presque comme mère la corruption. Il faut que les gens soient mieux formés et qu’ils aient une éducation citoyenne dès le départ à l’école pour que les gens aient une conduite d’intégrité dans la gestion publique.

Et le privé ne pensez-vous pas qu’il doit être étudié aussi?

Il est également concerné. En réalité, la corruption active vient beaucoup plus du privé. De ce point de vue, il y a toute une éducation à faire pour que si le privé veut constituer des capitaines d’industries, qu’il crée la valeur. Ce sont les capitaines d’industries qui développent un pays, c’est-à-dire les paysans. Il faut que de plus en plus qu’à ce niveau qu’il y ait une éducation et d’une manière générale l’éducation des citoyens pour que tout le monde sache qu’une République appartient à tout le monde et que chacun là où il est responsabilisé il a une obligation de rendre compte de sa gestion.

Selon vous où en est le Sénégal dans cette lutte?

Lorsque des responsables administrent bien les biens qui leurs sont confiés qu’ils soient récompensés qu’on ait une culture de récompense comme aussi une culture de sanction. Qu’on n’essaye pas de protéger. C’est vrai que le chemin est long mais il y aura des acquis. L’Etat a fait des efforts, mais il est en dessous de la ligne rouge.

Aujourd’hui, pour la déclaration de patrimoine, l’Office nationale de la lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a sollicité les personnes désignées pour  cela. Son rapport, parle de 50% qui ont accepté et qu’en est-il des autres? Pourquoi refusent-ils ? Y a-t-il lieu de laisser la situation perdurer? Où faut-il justement appliquer les sanctions?

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