Le leader du Fsnd-Bj, Cheikh Bamba Dièye, sort ce lundi 3 avril Sénégal : Thérapie pour un pays blessé(Harmattan), un livre qui passe au crible la gestion du Président Macky Sall. L’ancien maire de Saint-Louis flétrit le PSE et estime que le chef de l’État n’a pas le sens des priorités. Seneweb vous propose les bonnes feuilles de cet ouvrage de 200 pages, qui arrive en plein anniversaire des 5 ans de la deuxième alternance politique au Sénégal.
Cherté du Centre Abdou Diouf
«Le Centre international de conférence Abdou Diouf (Cicad) a coûté plus de 55 milliards de nos francs deux fois plus chers que celui d’Annecy en France. Ce dernier du même ordre plus moderne et plus aux normes a été réalisé en plein centre-ville avec des contraintes plus grandes (fondation au milieu des immeubles, difficulté de construire en ville, parking souterrain, acquisition foncière, etc.). Le centre Abdou Diouf lui a été construit dans un espace ouvert sans contraintes. Son éloignement et le manque d’hôtels et de vie aux alentours font qu’il faudra plusieurs années avant de pouvoir y organiser plus de cinq conférences d’une envergure équivalente au standing de ce centre.
Si, pour prouver le contraire, l’Etat s’amuse à organiser des conférences sur ce site, le coût de chaque conférence sera 2 à 3 fois supérieur à une conférence faite à Dakar. Sans compter l’entretien et les frais généraux qui sont estimés à 350 millions en 2016 et 230 millions pour 2017 dans le budget national. L’alternative à cet investissement, qui est un fait du prince, aurait été de venir aménager en anneau autour du monument de la Renaissance un complexe (parking, deux salles de conférences grand standing, plus d’une vingtaine de salle de réunion, des salles de cinémas, des salles d’exposition, des boutiques etc.).
Un tel projet est plus en conformité avec le Pse qui veut faire de Dakar un Hub de services réceptacle de conférences internationales. Un tel projet aurait eu au moins le mérite de rattraper le coût de la première bourde qu’a été le monument de la Renaissance. L’investissement serait vite rentabilisé et, lorsque la nouvelle ville de Diamniadio aurait atteint sa plénitude dans une quinzaine d’année, peut être qu’un centre approprié pourrait y être construit avec toute la pertinence qui sied.
Coût exorbitant de l’autoroute «Ila Touba»
«Un autre souci à se faire est relatif au projet d’autoroute Ila-Touba : un tronçon de 133 km en deux fois deux voies sur un terrain plat sans contraintes majeures pour un coût global de 418 milliards de francs CFA soit un coût de 3,14 milliards le kilomètre. Le projet sénégalais comporte la construction de : 6 échangeurs, 6 passages inferieurs, 19 passages supérieurs, 20 passerelles pour piétons, 2 postes de péages pleine-voies – 4 postes de péages sur bretelles, 100 dalots. Par opposition au projet autoroutier marocain Agadir – Marrakech financé par la Bad et la Bid, un tronçon de 233,5 km en deux fois deux voies dans une zone désertique et montagneuse pour un coût de 471 milliards soit un coût au kilomètre de 2 milliards de francs Cfa.
Le projet marocain comporte la construction de 4 échangeurs, 13 viaducs, 70 passages supérieurs, 12 passages inferieurs, 22 passages véhicules, 16 passages piétons, 350 dalots et 4 gares de péages. Avec 100 km en plus le projet marocain beaucoup plus contraignant revient approximativement au même prix que le projet sénégalais plus court et plus facile à réaliser. Si on devait comparer les deux autoroutes sur 133 km, le prix du projet Ila-Touba serait de 418 milliards et 266 milliards pour le projet marocain soit une différence de 152 milliards. Je mets au défi le gouvernement du Sénégal de prouver l’efficience de ce projet phare du Pse.
Une alternative à cette dépense électoraliste aurait été de confier ce projet au khalife général des mourides et à sa communauté en lui demandant de mobiliser avec ses disciples l’épargne intérieure comme dans un passé récent où il a fallu avec Mame Cheikh Anta Mbacké réaliser le chemin de fer Diourbel-Touba pour les besoins de la construction de la grande mosquée. Il ne fait aucun doute que sur une période relativement courte, cette communauté dynamique mobilisera les fonds nécessaires à ce projet. On évitera de ce fait un endettement inutile.
«Si on avait confié Ila Touba au khalife des mourides…»
«Ce projet serait, du point vue de son financement, un patrimoine bien sénégalais qui appartiendrait au mouridisme. Le péage serait aussi plus qu’abordable et les recettes générées pourraient alimenter un fond d’investissement qui va financer de grands projets comme le canal du Cayor vers Touba, en conformité avec une prédiction de Khadimou Rassoul , des projets modernes d’agriculture et d’élevage intensifs avec d’autres investissements structurants au profit de Touba et des mourides trouveraient un financement par ce biais.
Malgré toutes les déclarations, il est établi à ce jour qu’au moins 30 milliards ont été décaissés pour réhabiliter le building administratif. Alors qu’au même moment un projet pour délocaliser des ministères à Diamniadio est lancé. Là où le siphonage de nos ressources est effarant, c’est au niveau du coût stratosphérique de l’investissement si l’on sait que le bâtiment neuf qui a servi à reloger les ministères qui sont sortis du building n’a couté à son propriétaire que 7 milliards.
Il faudrait que nous soyons tous, complètement hermétiques, pour voir un intérêt à agir de la sorte avec les deniers publics. Et une fois de plus je les mets au défi de prouver l’efficience dans cette manière de faire. Il s’agit là d’un investissement qui prouve que nulle part dans la démarche en cours, il existe un souci d’aider le Sénégal et ses citoyens à sortir de la spirale de la pauvreté et du sous-emploi. La seule logique qui a court est celle de tirer un profit de ses investissements pharaoniques en sommes dépensées et «tchernobylesques» en conséquence sur nos équilibres macro-économiques.
Ter : «Rentabilité douteuse et affairisme de bas étages»
«Concernant le Train Express Régional, tous les records sont battus. La démarche frise la démence, le manque de compassion pour le Sénégal et une incapacité à recentrer nos dépenses autour de nos priorités et en phase avec la faiblesse de nos ressources. Comme d’habitude, pas de calcul de rentabilité avec la prétention loufoque de transporter journalièrement 150 000 passagers. Nous savons que l’aéroport de Dakar a environ 5 millions de passagers l’année soit un maximum de 14 000 à 20 000 voyageurs par jour.
Il faudra alors combler un gap de 130 000 voyageurs par jour si l’on considère que tous les passagers à l’arrivée comme au départ prendront le Ter. Mission impossible, rentabilité douteuse et affairisme de bas étages tels sont les caractéristiques de ce projet démentiel. En comparaison, le TGV nigérian sur le tronçon Abuja – Kaduna long de 187,7 km coûte environ 533 milliards de francs CFA. Notre Ter entre Dakar- Aibd (Aéroport international Blaise Diagne) sur une distance de 55 km va coûter de 568 milliards de F Cfa. Nous ferons observer que les pointes des deux trains sont quasi similaires 150km/h pour le Tgv-Nigéria et 160 km/h pour le Ter-Sénégal.
«Le Sénégal, champion d’Afrique de la corruption»
«Au championnat d’Afrique de la corruption, le Nigeria qui faisait figure, à tort ou à raison, de champion vient de trouver son remplaçant. La démesure est partout présente et se sera certainement le cas dans le captage de fonds illicites. Voici un investissement de prestige absolument pas prioritaire au coût manifestement sur vitaminé et dont nous allons, malheureusement, subir les contre coups et conséquences fâcheux. Et une fois encore je mets au défi les acteurs de cette hérésie de nous prouver ce qui relève de la rupture et de la gestion sobre et vertueuse dans ce planning de la stratégie électoraliste qui excelle dans l’art d’investir à perte notre argent.»