Libye: Seif al-Islam toujours recherché par la justice

Tripoli (AFP) – Le fils de l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, qu’un groupe armé libyen affirme avoir relâché vendredi, est toujours recherché par les autorités judiciaires de Tripoli où il avait été condamné en 2015, a indiqué lundi le parquet.

« Ayant été condamné par contumace le 28 juillet 2015 », Seif al-Islam est toujours activement recherché et « doit comparaître devant la cour (…) » pour qu’elle lui signifie formellement sa condamnation, a indiqué Ibrahim Massoud Ali, du bureau du procureur général de Tripoli, dans un communiqué transmis à l’AFP.

Il n’a pas précisé s’il disposait d’informations permettant de confirmer si Seif al-Islam avait été ou non libéré comme l’a annoncé le groupe armé qui le détenait et qui s’oppose aux autorités de Tripoli.

Le mystère demeure donc sur le sort exact du fils de l’ex-dictateur, son avocat Karim Khan, n’ayant pu donner aucune confirmation ni démenti à l’AFP.

« C’est la quatrième fois en un peu moins d’un an que des informations sur la libération de Seif (al-Islam) sont diffusées mais cette fois il n’y a pas eu de démenti des autorités de Zenten », explique à l’AFP Mattia Toaldo, expert au Conseil européen des relations internationales.

« Il n’y a cependant eu aucune preuve tangible de cette libération, terme à utiliser avec précaution puisqu’il était déjà libre de circuler dans les limites de la ville de Zenten », précise-t-il.

Selon lui, « même si la mère de Seif » (el-Islam), Safia Farkash, veuve de l’ex-dictateur libyen originaire d’une tribu influente de l’est, « se trouve à Bayda, rien ne laisse croire qu’il y trouverait une base solide ».

« Il serait plus en sécurité dans le sud ou dans des villes comme Bani Walid où il bénéficierait d’allégeances tribales et politiques », estime cet analyste.

En juillet 2016, les avocats de Seif al-Islam avaient affirmé que leur client avait été libéré à la faveur d’une amnistie mais cette information avait ensuite été démentie.

La situation est rendue confuse par la présence de milices rivales qui contrôlent chacune des portions de territoire depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.

En 2015, Seif al-Islam, avait été condamné à mort par un tribunal de Tripoli pour son rôle dans la répression du soulèvement contre son père.

Il n’avait pas assisté au procès –dénoncé comme expéditif par l’ONU et des ONG– puisqu’il était détenu par un groupe armé de Zenten, à 170 kilomètres au sud-ouest de Tripoli.

Or samedi, ce groupe armé, la « Brigade Abou Bakr al-Sadiq », a affirmé que Seif al-Islam avait été libéré en application d’une loi d’amnistie promulguée par les autorités non reconnues basées dans l’est libyen et opposées au gouvernement d’union nationale (GNA) installé à Tripoli.

Mais le bureau du procureur de Tripoli a estimé que la nature des crimes dont a été reconnu coupable Seif al-Islam faisait que ce dernier « ne pouvait pas bénéficier d’une amnistie ». Le GNA n’a lui fait aucun commentaire jusqu’à présent.

L’annonce de la brigade le détenant a suscité la réprobation des conseils militaire et municipal de Zenten.

En juin 2011, la Cour pénale internationale (CPI) avait lancé à son encontre un mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité, l’accusant d’avoir joué un « rôle clé dans la mise en oeuvre d’un plan » visant à « réprimer par tous les moyens nécessaires » le soulèvement.

Depuis sa capture en novembre 2011, les autorités libyennes et la CPI se sont disputé le droit de le juger.

« La libération supposée (…) de Seif al-Islam à la faveur d’une loi d’amnistie défectueuse ne change pas le fait qu’il soit recherché par la CPI pour crimes contre l’humanité », a souligné Human Rights Watch.

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